“C’est précieux, ce que vous faites !” La dame, emmitouflée, regarde avec admiration la liste des noms qui courent tout au long du monument aux morts de l’île aux Cygnes (ou île au Souvenir), sur le lac du parc de la Tête-d’Or. Le Vénissian David Penalva a obtenu le marché de la Ville de Lyon : réinscrire les 10600 noms de ceux qui sont morts pour la France pendant la guerre de 14-18, afin de les rendre à nouveau lisibles. On s’aperçoit d’ailleurs très bien de la différence entre l’avant et l’après. Sur le calcaire tendre d’origine, la pluie et l’acidité des arbres plantés sur l’île ont attaqué la pierre, effacé le souvenir.
Au fur et à mesure de l’avancée du travail de David, la Marbrerie générale du Rhône remplace les vieux blocs par des plaques en pierre de Hauteville, beaucoup plus dure : “On peut dire que c’est une roche marbrière, témoigne David, parce qu’on peut la polir et la rendre brillante.” Meilleur ouvrier de France en 1997, dans la catégorie graveur-ornemaniste, David avait été remarqué pour sa sculpture de la chaîne du Mont-Blanc dans le marbre. L’année suivante, il sculpte un soleil au cimetière de Vénissieux et y inscrit cette phrase de Victor Hugo : “L’humanité se lève, elle chancelle encore et le front baigné d’ombre, elle va vers l’aurore”. En 2004, il crée sa propre entreprise, qu’il baptise “Du minéral au mental”. “C’est toujours bon d’avoir des idées, remarque-t-il. Le monde s’est fait sur elles et si elles restent dans les cartons… Des fois, on plane un peu, on est utopiste.”
En 2004, David réalise la première tranche de ce qui va devenir son “gros chantier” ; il montre ainsi son savoir-faire. Puis, en 2007, la Ville de Lyon lance un appel d’offres et Du minéral au mental est retenu, avec la Marbrerie générale du Rhône. Depuis, étés comme hivers, le sculpteur est attelé à la tâche. La gravure d’un panneau de deux plaques jointes lui demande deux mois, parfois plus. Il y en a 76 en tout et David prévoit la livraison du monument fin 2014 voire courant 2015. “Je grave en profondeur. Je me suis fait fabriquer des outils sur mesure, j’ai augmenté la densité du diamant et j’ai créé un chantier en fonction de l’opération, avec échafaudage, bâche et chauffage. Je n’ai ainsi aucune contrainte, ni le froid ni la pluie. J’ai travaillé par -4° en hiver et 37° l’été. On ne refait pas le monde avec une pelle et une pioche.”
Réalisé entre 1922 et 1930 par l’architecte lyonnais Tony Garnier et deux frères sculpteurs, Jean et Auguste Larrivé, le monument d’origine s’inspire d’un tableau d’Arnold Böcklin, “L’île aux morts”. David ne se contente pas de recopier les noms, dont beaucoup sont aujourd’hui illisibles. Il s’est procuré le registre du ministère de la Défense, republié en 1962 : “Je pointe tous les noms. S’il y a des oublis, je les ajoute en fin de liste. Le ministère m’a rappelé pour me dire qu’il manquait encore un nom. J’ai pu l’inscrire.”
Chronologiquement, la Marbrerie générale du Rhône dépose la pierre existante et met à la place la nouvelle plaque, que David grave à même le mur. Il pourrait sembler plus simple de graver d’abord la pierre puis de la poser mais David craint que les joints ne fassent glisser les lignes de noms ou qu’une fausse manœuvre ne brise une plaque déjà inscrite. Il préfère donc travailler sur place, gravant patiemment la dizaine de milliers de patronymes.
“J’ai l’impression de faire œuvre utile, commente-t-il. On peut dire que tous ces hommes ne sont pas morts pour rien, qu’on ne les a pas laissé tomber. J’aime ce que je fais. Le matin, j’ai la banane. Mais je n’ai jamais de certitude. Tous les jours, je me remets en question.”
Quand on remarque que la précédente gravure n’a pas tenu un siècle et qu’on demande à David l’espérance de lecture de son travail, il répond : “Si le site est bien entretenu, la gravure peut durer 200 ans. Mais il y a des si : si on prend la décision de couper quelques arbres et donc de réduire l’acidité, un choix qui déplaît aux écolos ; si notre société se met à moins polluer… Il faut savoir traiter la pierre et la protéger. Pour restaurer les sculptures, il faut pratiquer l’hydrogommage, en projetant un mélange composé de noyaux d’abricots, d’air et d’eau.”
Vénissieux dans cinquante ans
Bien qu’il travaille seul, David ne désespère pas de pouvoir embaucher un apprenti. “En former un sera primordial. On ne peut pas laisser le savoir disparaître. Il faut qu’il ait la même démarche que moi. Ceux qui débutent en questionnant “Combien ça gagne ?” ont tout faux. S’ils courent après l’argent, ils oublient l’essentiel.”
Ce passionné d’histoire depuis qu’il est tout petit s’intéresse également à la calligraphie. Ainsi, pour une exposition, il a gravé un texte de Prévert en arabe et un haiku, court poème japonais, en français, en japonais et en phonétique afin qu’on puisse le prononcer dans son idiome d’origine. “Le texte est important”, assure-t-il et il rêve de proposer aux élus de Vénissieux un projet d’habillage des alentours de la médiathèque, avec des phrases de Jean Ferrat.
“Je vois Vénissieux dans cinquante ans. Ce sera une très très grande ville. C’est inéluctable que toute la communauté urbaine devienne une mégalopole. Mutualiser nos moyens ne peut que nous permettre d’avancer !”
David déborde de projets. Il adore voyager, aller en Afrique. “Au Sénégal, on crée des écoles de brousse mais, pour l’instant, elles sont sans cantine. Je voudrais que ces enfants puissent manger. Les grandes civilisations ont toutes laissé quelque chose dans la pierre. Qu’est-ce que nous, on veut bien laisser ?”
Mortier Jacques
24 juillet 2012 à 7 h 50 min
Merci de communiquer à David ce message avec mon blog http://jackdesendets.blogspot.com et mon courriel. J’évoque notre belle rencontre du 7 juillet 2012 au matin sur son lieu de travail, sur l’île que j’ai beaucoup fréquenté il y a 50 ans, pensionnaire « taupin » au Lycée du Parc. Bravo pour l’article. Jacques.
Mortier Jacques
24 juillet 2012 à 7 h 50 min
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Mortier Jacques
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Mortier Jacques
24 juillet 2012 à 7 h 50 min
Merci de communiquer à David ce message avec mon blog http://jackdesendets.blogspot.com et mon courriel. J’évoque notre belle rencontre du 7 juillet 2012 au matin sur son lieu de travail, sur l’île que j’ai beaucoup fréquenté il y a 50 ans, pensionnaire « taupin » au Lycée du Parc. Bravo pour l’article. Jacques.
Emmanuel
4 janvier 2012 à 15 h 40 min
David est effectivement un homme d’une grande gentillesse, d’une grande exigence envers lui-même, d’une grande humilité, et d’une grande patience. Toutes ces qualités le portent sur son parcours initiatique et spirituel et dans son « en quête de gravure »…Tous mes voeux 2012, David…pour la reprise de votre chantier. Qu’il soit le cygne des belles lettres !
Emmanuel
4 janvier 2012 à 15 h 40 min
David est effectivement un homme d’une grande gentillesse, d’une grande exigence envers lui-même, d’une grande humilité, et d’une grande patience. Toutes ces qualités le portent sur son parcours initiatique et spirituel et dans son « en quête de gravure »…Tous mes voeux 2012, David…pour la reprise de votre chantier. Qu’il soit le cygne des belles lettres !
Emmanuel
4 janvier 2012 à 15 h 40 min
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Emmanuel
4 janvier 2012 à 15 h 40 min
David est effectivement un homme d’une grande gentillesse, d’une grande exigence envers lui-même, d’une grande humilité, et d’une grande patience. Toutes ces qualités le portent sur son parcours initiatique et spirituel et dans son « en quête de gravure »…Tous mes voeux 2012, David…pour la reprise de votre chantier. Qu’il soit le cygne des belles lettres !
Gwendoline
13 décembre 2011 à 18 h 00 min
Voici un article qui illustre très bien le travail de mon père, vraiment très bel article qui met en avant toute la beauté de son travail!
Gwendoline
13 décembre 2011 à 18 h 00 min
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Gwendoline
13 décembre 2011 à 18 h 00 min
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Gwendoline
13 décembre 2011 à 18 h 00 min
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Patricia et Philippe
10 décembre 2011 à 9 h 34 min
Oui, pour le connaitre, il est vraiment un homme qui aime son metier. De plus, il le fait merveilleusement bien. La gentillesse, le savoir, le calme sont des qualités qui lui reviennent aussi.
Qu’il continue encore lontemps.
Patricia et Philippe
10 décembre 2011 à 9 h 34 min
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Qu’il continue encore lontemps.
Patricia et Philippe
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Patricia et Philippe
10 décembre 2011 à 9 h 34 min
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