On n’ira pas jusqu’à parler d’entreprises modèles. Mais citoyennes, certainement. Par ces temps où les patrons rivalisent en fermetures et délocalisations – même quand les carnets de commande restent garnis à l’image de Veninov – les sociétés présentes le 29 septembre à la table ronde sur “L’entreprise dans la cité” faisaient figure d’exemples à suivre. “Le contrat qui lie Vénissieux au monde économique, et réciproquement, n’est pas qu’un contrat de services, rappelait en préambule le maire, Michèle Picard, c’est aussi un engagement civique, une appartenance à une collectivité, à un territoire, à la population vénissiane et à son histoire.”
Cet engagement, l’usine Bosch, qui fêtera cet automne ses 125 ans, a pourtant bien failli le rompre. L’abandon annoncé en 2009 de la production de la pompe à injection haute pression a fait craindre le pire. “Le groupe n’avait pas de solution à nous proposer, a reconnu le directeur technique, Marc Baeumlin, mais il nous a laissé du temps pour trouver une solution. C’est ce qui a permis d’éviter la fermeture et de sauver les emplois. » Début 2012, l’usine Bosch, presque entièrement reconvertie, commencera à fabriquer des panneaux photovoltaïques.
Aux côtés de Marc Baeumlin, il y avait Guillaume De Goÿs, directeur de Carbone Savoie, qui a investi près de 20 millions d’euros pour réduire ses émissions polluantes ; Michel Dupin, directeur de l’établissement Renault Trucks de Lyon, qui emploie plus de 5 000 personnes à Vénissieux et Saint-Priest ; Guy Mathiolon, président de Serfim, très attaché à l’ancrage locale de sa société ; et Jean-Luc Logel, directeur général de Centralp, le leader européen en électronique et logiciels embarqués, qui a livré un témoignage édifiant sur les sirènes de la délocalisation. “On a eu de fortes pressions, on a voulu nous pousser à délocaliser pour gagner quelques points de rentabilité, mais nous avons résisté car en délocalisant on perd du savoir-faire, c’est un calcul à court terme. Aujourd’hui, nous exportons en Inde et en Chine. C’est la preuve que l’industrie a toute sa place en France. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’activité est plutôt bonne actuellement. Les choses seraient beaucoup plus faciles s’il n’y avait pas quelques irresponsables dans les mieux financiers. »
Présent dans la salle, le député André Gerin, n’a pas manqué de rebondir sur ce thème qui lui est cher : “Moi je pose une question : est-ce qu’on va avoir une véritable politique de reconquête industrielle ?”, a-t-il lancé en s’adressant plus particulièrement aux directeurs des sites Bosch et Renault Trucks. “Je ne critique pas le photovoltaïque, mais il se fait sur la disparition de la filière mécanique, c’est une perte de savoir-faire. Idem pour les camions, nous fabriquons de moins en moins d’éléments, nous les assemblons. »
Pierre-Alain Millet, adjoint au maire de Vénissieux, a lui aussi interpellé les patrons en pointant « la baisse continue de la part de l’investissement ». Une critique contestée par Jean-Luc Logel, le directeur général de Centralp : « Il ne faut pas confondre les financiers et les responsables de PME ».
Entrepreneurs et politiques ont conclu sur un constat partagé : l’urgente nécessité de revaloriser les métiers de l’industrie aux yeux des jeunes. Guy Mollard, le président de l’association des entreprises de Vénissieux (AEVE) et Bayrem Braïki, adjoint au maire chargé de l’emploi et de l’insertion, ont souligné toute la difficulté à faire passer le message malgré les nombreuses initiatives locales prises en ce sens.
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