Nous l’appellerons Carmen. Membre du Conseil citoyen de développement humain durable, cette dame faisait partie, jeudi 31 octobre, de la grosse vingtaine de participants à l’assemblée générale du quartier. Un quartier que Carmen connaît bien, puisqu’elle y réside depuis 32 ans.
Nouvelle formule oblige, deux tables avaient été disposées pour permettre aux résidants de débattre en petit groupe des trois sujets imposés : « l’espace public et ses usages », « la sécurité au quotidien » et « l’avenir de la jeunesse ».
« Autour de chez moi, les appartements sont vides ou squattés car la majorité de mes voisins sont partis, témoigne Carmen. Est-ce qu’il existe un projet de démolition ? Si c’est le cas, qu’on nous le dise ! » Et d’enchaîner : « Les squatteurs, on ne sait pas ce qu’ils font, la lumière est parfois éteinte dans les couloirs […]. Depuis le premier confinement, j’ai constaté une vraie dégradation de mes conditions de vie, sans parler des pannes d’ascenseur. C’est une vraie souffrance : quand vous voyez l’entrée de l’immeuble, ça donne envie de partir. » Une éventualité qu’elle se refuse pourtant à envisager. « À Vénissieux, on est quand même plutôt bien placé. On a l’autoroute, le tram, des appartements assez grands. »
La gestion des encombrants reste toutefois un vrai casse-tête. « Il y a des dépôts sauvages, ce ne sont pas les habitants qui les alimentent, mais des professionnels qui viennent vider leurs déchets de chantiers. Même s’il y a, parfois, des gens qui amènent des frigos alors que la déchèterie est à moins de cent mètres. »
Drogue et rodéos
Concernant la « sécurité au quotidien » – second thème de discussion – Carmen observe qu’il « n’y a plus de toxicos dans l’immeuble ; maintenant les clients viennent de l’extérieur, en tram, pour se servir dans les points de deal. »
On évoque aussi le problème des rodéos. « Dès que les jours s’allongent, les mamans qui vont dans le parc des Minguettes doivent faire attention aux deux roues, c’est un comble, s’agace Said Hamidou Allaoui, président du conseil de quartier. On nous parle de poser de grosses pierres pour les empêcher de rentrer dans le parc. Mais ce serait fermer l’accès aux poussettes. »
Quid de « l’avenir de la jeunesse » ? « On n’est pas là pour éduquer mais pour accompagner, expose l’un des trois éducateurs en charge du quartier. On sème des graines, certaines poussent, d’autres pas […] On s’intègre dans un paysage pour se faire accepter des commerçants, des habitants, des jeunes, de tout le monde… »
Récemment, un collectif de jeunes a participé à l’organisation de la fête du quartier. « Cette prise de responsabilités les valorise et c’est un premier pas vers l’autonomie », se réjouit l’éducateur. Mais la tâche est ardue : « On va passer du temps à aider un jeune à faire son CV, sa lettre de motivation, discuter avec lui, puis du jour au lendemain, plus de nouvelles », tempère sa collègue.
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