Même si elle était déjà présente au lancement de saison de juin dernier, ultime programmation mise en place par Françoise Pouzache avant son départ à la retraite, la nouvelle directrice de La Machinerie a pris officiellement les commandes à partir de ce 1er septembre. Aussi, Duniému Bourobou doit-elle se familiariser avec les deux entités de la structure qu’elle dirige, le Théâtre de Vénissieux et l’équipement de musiques actuelles « Bizarre ! ».
« J’étais directrice des études de l’école du centre dramatique La Comédie, à Saint-Étienne. Laquelle a été un établissement pionnier sur l’égalité des chances. J’ai beaucoup travaillé sur les questions de transmission et sur la manière de renouveler sur un plateau de théâtre tout à la fois les récits et les corps qui les portent. Il existe des histoires qui sont invisibilisées et qu’il est besoin de remettre au cœur des politiques publiques et culturelles. »
Pour La Machinerie, Duniému Bourobou a baptisé son projet « Porter la voix ». Elle l’explique par une série d’interrogations : « Comment trouver des forces émancipatrices et rendre nos lieux de culture accessibles ? Comment peut-on entendre la voix de chacun ? Il faut aller chercher d’autres récits, d’autres langues et raconter la diversité de ce territoire dans toute sa globalité. »
Une grande spectatrice de théâtre
Son attrait pour le théâtre remonte à une rencontre. « J’étais lycéenne et j’ai rencontré un auteur togolais, Kossi Efoui, qui m’a montré que, par la culture, on pouvait trouver un dénominateur commun. Il a été un déclencheur pour moi. J’ai commencé à faire du théâtre amateur puis j’ai travaillé dans des administrations culturelles, l’accompagnement d’artistes, des compagnies et des centres dramatiques, plutôt toujours dans l’administratif. Et je suis devenue une grande spectatrice de théâtre ! »
Originaire « de quelque part entre La Rochelle et Bordeaux, entre la BD et le vin », Duniému a été marquée, de son propre aveu, par son « aventure stéphanoise ». « La Comédie est un théâtre populaire, pour tous. Elle a un rapport à la classe ouvrière et aux immigrations, ce qui reste très présent dans mon projet. »
Des artistes associés
Elle est également satisfaite de « l’aspect pluridisciplinaire » des deux esthétiques (« Bizarre ! » et le théâtre) qu’elle a trouvées à La Machinerie. « Ces deux lieux sont liés par de nouveaux récits, de nouvelles esthétiques, avec beaucoup de passerelles entre les deux. »
Dans le projet qu’elle conçoit pour La Machinerie, Duniému a associé deux artistes, Diatty Diallo et Lisette Lombé. La première est romancière (Deux secondes d’air qui brûle) et compose également des chansons. La seconde est tout à la fois autrice, slameuse et artiste. Avec les deux seront possibles « des croisements autour des questions d’écriture ». Elle ajoute : « On pourrait saisir le pouls de la ville et rencontrer le public dans sa diversité . » Parmi les artistes associés, Duniému indique également l’artiste Sean Hart et la chorégraphe Marlène Gobber.
« Je voudrais passer des commandes à ces artistes en lien avec le territoire et impliquant les habitants. Ensuite, on continuera à accompagner ces derniers. Je voudrais créer un dispositif d’accompagnement, BazArt, à l’image du Plan B à « Bizarre ! », pour accompagner la pratique libre. »
Duniému et son équipe — augmentée d’un nouveau venu, Maxime Donot-Saby, au secrétariat général — vont également continuer le travail auprès des scolaires, « un travail exemplaire sur la fidélisation », qui non seulement familiarise les élèves au théâtre mais leur apprend à devenir spectateurs. « Nous aimerions aller vers de petites formes et continuer à pousser les portes des établissements scolaires. »
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