C’était la question de la soirée : ce 12 juillet, allait-il pleuvoir ou pas pour le lancement des Fêtes escales ? Les météos, comme d’habitude, étaient contradictoires et la veille, aux Nuits de Fourvière, Cat Power avait été contrainte d’annuler son spectacle devant des spectateurs trempés jusqu’au slip — je peux en témoigner, j’y étais. Et bien, malgré de gros nuages et un coup de vent annonciateur d’orage, le ciel a tenu et tout a pu se dérouler au mieux. Avec d’heureuses surprises, en la personne de Cyrious, qui assurait la première partie, et de Da Break, le groupe qui lui succédait.
« Quelle énorme chance d’être ici », s’exclamait Cyrious tandis que Hawa, chanteuse de Da Break, ajoutait plus tard : « Et gratuitement… C’est merveilleux ! »
Autant l’un que les autres ont su faire danser le public et lui donner plusieurs moments de vrai grand plaisir. En abordant également des questions qui faisaient réfléchir : Cyrious sur la « génération burn out » et Da Break avec « un message de résistance pour ne pas se conformer et écrire notre propre chemin ».
Puis, aux alentours de 22h30, arriva Georgio, celui qui était le plus attendu. Et, justement, de la scène à la console du son, la foule était compacte, endiablée et visiblement heureuse d’être là. Georgio, c’est la cavalerie qui vient conclure tous les grands westerns. Avec ses fumigènes, ses lumières et un son choc à vous exploser la poitrine, il a fait se lever tous les bras comme un seul homme.
Le lendemain, pour cause de feu d’artifice final, la soirée débuta plus tôt. Un peu trop forte — sans doute parce qu’il n’y avait pas encore assez de monde pour étouffer les sons —, la musique colombienne de Pixvae et l’énergie du groupe surent charmer ceux qui dansaient devant la scène.
Puis sont arrivées les Mamans du Congo. Comment vous expliquer le coup de cœur ? Le fabuleux entrain créé par ce groupe ? Une chanteuse, trois danseuses et deux musiciens firent virevolter la scène et le public dans un spectacle empli de bonne humeur et de punch. Leurs chansons, expliquait Gladys Samba, la chanteuse, sont là « pour vous donner le sourire ». Ce qui n’allait pas, là encore, sans quelques éléments de revendication. L’une d’entre elles évoquait « l’émancipation de la femme qui va de pair avec l’amélioration de sa condition », une autre rendait « hommage aux femmes stériles ».
Les Mamans surent chauffer le public à un point tel que, lorsque l’Orchestre national de Barbès arriva sur scène, l’audience était incandescente. De leurs titres très prisés à la reprise génialement arrangée du Sympathy for the Devil des Stones, l’ONB a su tellement conquérir les 7 000 et quelques personnes devant la scène que Youcef Boukella et Mehdi Askeur, à la fin du concert, n’avaient même plus besoin d’encourager le public. « Merci pour vos sourires et d’être heureux », lâchèrent-ils avant de quitter la scène. Et que l’on puisse tranquillement aller, les oreilles encore bourdonnantes de tellement de bons sons, assister au feu d’artifice.
Une belle édition
C’est ce que constate Nicolas Gonthier, programmateur des Fêtes escales, qui poursuit : « Nous avons eu deux formidables soirées, avec 5 000 personnes présentes le premier soir et 7 000 pour l’Orchestre national de Barbès, qui fut une vraie réussite. Quant au 14 juillet, ce fut une belle après-midi avec un peu plus de monde que l’an dernier. »Sur le fait que les premières parties des deux soirs ont attiré davantage de spectateurs que pour les autres éditions, Nicolas réplique : « Les horaires étaient adaptés et nous avons commencé plus tard. C’est plus agréable, pour les premières parties, d’avoir du public. Cyrious, avec sa bonhommie très agréable, nous a offert un show humble et je lui espère une carrière très longue dans la musique. »Il en convient, non seulement il n’y a eu aucune déception mais les Mamans du Congo ont créé un véritable coup de cœur. « Pour le 14 juillet, l’Archéophone a été très suivi, avec des gens qui jouaient le jeu. »Fort d’une équipe qui a pu monter jusqu’à 75 personnes à certains moments, le festival a su prouver qu’on pouvait, une fois de plus, compter sur lui. « Avec un budget de 260 000 euros, poursuit Nicolas, c’est vrai qu’il fait partie des petits festivals. Mais cette manifestation, comme on dit dans la pub, a tout d’une grande ! »
Derniers commentaires