Depuis le début de l’année, en France, 23 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire, d’après le décompte de l’association Féminicides par compagnons ou ex. Elles ont été poignardées, abattues par arme à feu, brûlées ou encore battues. Et en moyenne, 321 000 femmes de 18 à 74 ans sont victimes de violences physiques, sexuelles et/ou psychologiques au cours d’une année par leur conjoint ou ex-conjoint.
Ces chiffres ont trouvé une triste réalité samedi 17 février, dans une zone industrielle de Vénissieux. Une jeune femme de 24 ans, originaire des Minguettes, a été retrouvée morte dans sa voiture, tuée par arme à feu. Près d’elle, gisait son ex-petit ami, inconscient. Auteur présumé des faits, il est décédé des suites de ses blessures le 19 février. « À la suite des coups de feu mortels portés à la victime, l’homme se tirait trois coups de feu dont un à la tête », avait indiqué le parquet de Lyon, en même temps qu’il ouvrait une enquête pour assassinat.
Les acteurs locaux mobilisés
À Vénissieux, différentes structures luttent contre ces violences. Marion Georges, chargée de projet au centre associatif Boris-Vian (CABV) fait partie d’un collectif créé il y a sept ans, suite à la diffusion du film Jusqu’à la garde. « Près de 40 femmes ont répondu présentes ce soir-là, se rappelle Marion Georges. On s’est alors rendu compte, en échangeant avec elles, qu’il y avait de nombreuses victimes. »
Suite à cette rencontre, le CABV et les autres acteurs locaux présents lors de la projection, comme la Maison de quartier Darnaise ou les centres sociaux de Parilly et du Moulin-à-Vent, avaient décidé de se mobiliser. « Écouter et recueillir la parole, c’est le rôle des structures de proximité, rappelle Marion Georges. Avant, nous ne savions pas où orienter les victimes. Depuis, nous organisons régulièrement des ateliers, des cafés-discussion pour que dans les différentes structures, nous soyons formés à recueillir la parole et à expliquer les différents dispositifs existants pour aider ces femmes. » Le groupe s’est depuis agrandi et la Mission locale a rejoint le mouvement, tout comme les centres sociaux des Minguettes et les assistantes sociales de la Ville.
Des temps pour le public sont aussi proposés, avec des professionnels qui peuvent répondre aux questions. Les femmes qui le souhaitent peuvent venir dans les différentes structures, sans rendez-vous, pour demander de l’aide. « En moyenne, une femme fait sept allers-retours auprès de son partenaire violent avant de partir définitivement. L’objectif de ce collectif est de d’orienter ces femmes et de les informer, pour les aider le mieux possible. »
Accompagner et sensibiliser
À la maison de quartier Darnaise, un collectif, avec d’anciennes victimes de violences conjugales, s’est aussi créé il y a quelques années. Nommé Livi (Libres de vivre) il souhaite porter la voix des victimes des violences conjugales et faire de la sensibilisation auprès des habitants.
Les femmes victimes de violences peuvent par ailleurs contacter le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDIFF), le service Info-Droit-Victimes de l’association Le Mas, Filactions ou encore Viffil. Cette dernière travaille en partenariat avec les Villes de Vénissieux, Saint-Fons et Corbas, et a créé un système d’accompagnement et de suivi pour les femmes victimes de violences physiques ou psychologiques, avec des appartements mis à disposition. Notons, enfin, qu’une psychologue et une intervenante sociale sont aussi présentes au commissariat de Vénissieux pour expliquer les démarches et accompagner les femmes qui souhaitent déposer plainte.
Michèle Picard, maire de Vénissieux et vice-présidente de la Métropole de Lyon
« Les moyens financiers et humains sont insuffisants »
« Les violences conjugales sont un fléau en France, tout comme le nombre de féminicides qui ne baisse pas. Ces dernières années, il y a une libération de la parole et je suis persuadée qu’on peut réduire ces violences faites aux femmes. C’est un sujet pris au sérieux par les associations et les forces de l’ordre, mais les moyens financiers et humains sont insuffisants.
Il y a beaucoup de travail à faire en amont. Il faut sensibiliser pour lutter contre les violences conjugales et intrafamiliales. L’égalité et le respect entre les femmes et les hommes, ça s’apprend dès le plus jeune âge, à l’école. Dans les collèges et les lycées, il faut parler du respect dans le couple, expliquer ce qui est répréhensible. Pour certaines jeunes filles, la violence est banalisée. On doit leur expliquer que leur corps leur appartient. Du côté des jeunes garçons, il faut leur apprendre qu’une relation n’est pas basée sur la méfiance, le contrôle et surtout que ce n’est pas une question de virilité. »
Violences Femmes Info — 3919 :
Anonyme et gratuit, ce numéro d’écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage ou les professionnels concernés. Le 3919 n’est pas un numéro d’appel d’urgence.
Viffil (sans rendez-vous)
– Permanence à Saint-Fons le mardi de 9 heures à 12 heures. La Fabrique, 5 allée du merle rouge. Tél. : 04 78 85 76 47.
– Permanence en mairie du 8e arrondissement, jeudi de 9 h 30 à 12 heures. 12, avenue Mermoz.
www.viffil.com
CIDFF (sur rendez-vous)
– Permanence juridique lundi et jeudi de 9 heures à 12 h 30 et de 13 h 30 à 17 heures. 04 72 89 32 70. Maison des services publics, 21, rue Albert-Camus.
– Permanence vie personnelle et familiale, soutien à la parentalité, éducation et citoyenneté, emploi et création d’activité. Du lundi au jeudi de 9 heures à 13 heures et de 13 h 45 à 17 heures et le vendredi de 9 heures à 13 heures. 09 78 08 47 48. 66, boulevard Ambroise Croizat.
www.cidff69.fr
Service Info Droits Victimes à l’association Le Mas (sur rendez-vous)
– Permanence juridique à la Maison de justice et du droit, 18, rue Jules-Ferry. 04 72 90 18 20.
www.mas-asso.fr/service/info-droits-victimes
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