Complet est un euphémisme si l’on veut essayer de raconter la soirée du 12 décembre au Théâtre de Vénissieux, au cours de laquelle Kery James présenta À huis clos. Longtemps avant, le stock de places était épuisé et une liste d’attente s’avérait inutile. Le repos était donc mérité et le prochain spectacle de la scène conventionnée vénissiane est annoncé pour le 12 janvier prochain.
Ce sera Petites Mythologies de la compagnie en résidence Transports en commun. Sa directrice, Léa Menahem, nous avait parlé de ces trois histoires « accessibles à toutes et tous » et tirées de « mythes immortels ».
Voici donc Eden Blues de Philippe Delaigue qui revisite avec beaucoup d’humour les problèmes serpentifères et pommesques d’Adam et Ève. Puis Nuit d’été de Magali Mougel qui reprend tout à la fois l’histoire d’Iphis et Ianthé, que l’on trouve dans Les Métamorphoses d’Ovide et qui parle d’homosexualité féminine, et celle de Narcisse, qui s’aime trop pour aimer les autres. Enfin, Aïko de Lydie Tamisier reprend le mythe des amours malheureuses de ce même Narcisse avec Écho, laquelle ne peut s’adresser par la parole au garçon dont elle est devenue dingue.
Le lendemain (13 janvier, entre 14 et 17 heures), Léa Menahem et Jimmy Marais animeront un atelier sur « les réécritures de mythes et légendes ». Gratuit sur inscription, dès 15 ans.
« Quand on est dans le besoin, ou qu’on a des ennuis ou de la misère, c’est aux pauvres gens qu’il faut s’adresser. C’est eux qui vous viendront en aide, eux seuls. »
Changement total de registre avec Les Raisins de la colère, une adaptation du célèbre roman de John Steinbeck par la compagnie Demain dès l’aube, qui sera proposée le 19 janvier. Plongés dans la Grande Dépression, les États-Unis des années trente servent de décor à cette histoire profondément humaine de déracinés, expropriés de leur ferme de l’Oklahoma et contraints de se jeter sur les routes, en direction de la Californie, où ils espèrent trouver du travail. Steinbeck décrit la misère, les camps de travailleurs et les milices du patronat n’hésitant pas à user de violence. Il évoque aussi avec chaleur les liens qui unissent les personnages, ceux que l’on doit laisser en cours de route et ceux qui se fatiguent de la dureté de leur existence.
Le roman de Steinbeck, comme le magnifique film qu’en a tiré John Ford en 1940 avec Henry Fonda, se passe sur les routes américaines et les haltes trouvées en chemin. On est curieux de savoir comment Hugo Roux a adapté ce road novel — comme on parle des road movies — dans sa mise en scène pour le théâtre. Vu la qualité du texte initial, il y a fort à parier que ces Raisins de la colère ne nous laisseront pas insensibles. D’autant que beaucoup de phrases ne peuvent que trouver un écho dans notre époque de crise. Ne serait-ce que celle-ci : « Quand on est dans le besoin, ou qu’on a des ennuis ou de la misère, c’est aux pauvres gens qu’il faut s’adresser. C’est eux qui vous viendront en aide, eux seuls. »
Petites mythologies : 12 janvier à 20 heures. Tarifs : de 5 à 19 euros. Dès 13 ans.
Les Raisins de la colère : 19 janvier, 20 heures. Tarifs : de 5 à 19 euros. Dès 16 ans.
Réservations : 04 72 90 86 68 – theatre-venissieux.fr
De Steinbeck au rap
Le 19 janvier à 19 heures, avant la représentation des Raisins de la colère, dans la salle Albert-Rivat attenante au théâtre, Justin Follenfant parlera des « Voix opprimées, rappées, poétisées : de Steinbeck au rap, une lutte contre l’injustice sociale ». Ce rappeur, poète et anthropologue anime également le Labo rap de « Bizarre! ». C’est là qu’il proposera prochainement six séances, du 7 mars au 11 avril, sur l’écriture de textes, le rythme, le flow et la scène. Il a aussi mis son talent au service des résidants de l’Ehpad du Tulipier.
Dans le cadre de L’Échangeur, propositions de débats thématiques et rencontres en amont des spectacles, Justin Follenfant évoquera l’émergence des voix opprimées à travers la musique. Il sera certainement question de jazz et de blues, de Woody Guthrie, Pete Seeger, Bob Dylan et Joan Baez, de hip-hop et de rap. Cette « traversée historique et culturelle de la notion d’oppression » mettra en lumière « les voix étouffées qui parviennent à se manifester à travers des récits, des musiques, des valeurs et des discours ». En clair, « une plongée dans l’exploration des luttes contre l’injustice sociale, de Steinbeck au rap ».
Vendredi 19 janvier, 19 heures, salle Albert-Rivat (Maison du peuple). Gratuit sur inscription.
Derniers commentaires