Près d’une soixantaine d’élèves ont assisté, jeudi, au lycée professionnel Hélène-Boucher, à une journée pédagogique entièrement consacrée à l’un des « tournants de l’histoire française », comme le décrit Yvan Gastaut, historien spécialiste des questions migratoire : la Marche pour l’égalité et contre le racisme, qui a eu lieu il y a quarante ans.
En 1983, Toumi Djaïdja, un Vénissian, est blessé par un policier. C’est le début de ce mouvement que les médias nommeront « la Marche des Beurs« , inspiré de Martin Luther King et de Ghandi. Ils sont seulement quelques jeunes au départ de Marseille le 15 octobre 1983 pour traverser la France. Au fur et à mesure, d’autres marcheurs les rejoignent, et le 3 décembre, lorsqu’ils arrivent à Paris, ils sont plus de 100 000.
Yvan Gastaut a longtemps étudié cet événement « repère dans l’Histoire, tout comme l’a été mai 1968 ou la victoire de la Coupe du monde en 1998 ». Pour cette journée pédagogique, il a d’abord proposé aux élèves une visite guidée et historique du quartier Monmousseau, berceau de la marche. Il a ensuite été rejoint par le père Christian Delorme, l’un des initiateurs, qui fut longtemps surnommé « le Père des Minguettes ».
Les deux hommes ont longuement échangé avec les élèves sur cet événement qui a marqué toute une génération. Ils ont notamment évoqué le contexte sociologique de l’époque, en particulier le climat très tendu qui régnait en raison d’une multiplication d’actes racistes. « La Marche portait deux revendications : ‘arrêtez de tuer et nous n’acceptons pas l’injustice, nous croyions à un monde fraternel’ », rappelle Christian Delorme.
Pour beaucoup de jeunes lycéens, la question principale est de savoir ce qui reste de cet événement aujourd’hui : « Il y a toujours une grande violence, on a récemment eu la mort de Nahel, a admis Christian Delorme. Mais je pense sincèrement que si on ne s’était pas levé à cette époque-là, la situation serait pire aujourd’hui. » La journée pédagogique s’est poursuivie par des ateliers de réflexion critique sur les préjugés et les stéréotypes.
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