« Comment travailler ensemble pour mieux repérer les personnes cibles et réduire le non-recours aux droits sociaux ? » C’était la question de la table ronde qui ouvrait la seconde journée du Grand Rendez-vous, ce jeudi 28 septembre. Une question lourde d’enjeux puisque l’on estime — ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres — que 50 % des personnes pouvant prétendre au Revenu de solidarité active (RSA) n’en font pas la demande. C’est aussi une question à laquelle Vénissieux est bien placée pour répondre.
Depuis l’automne 2021, le Moulin-à-Vent est en effet le théâtre d’une expérimentation sur le sujet. Le quartier a été labellisé Territoire zéro non-recours. En partenariat avec le laboratoire d’innovation sociale Centsept, l’association Passerelle et le Pimm’s Lyon-Métropole, le CCAS de la Ville de Vénissieux s’est engagé dans une opération pilote. Son objectif ? « Proposer des solutions opérationnelles pour aller vers les personnes en précarité, leur faire connaître leurs droits et mieux les orienter ».
Synergie d’énergies
Tous ces partenaires étaient réunis autour de la table ce jeudi 28 septembre pour dresser un bilan et tirer des perspectives. Il y avait également le directeur du centre social Moulin-à-Vent. Et l’on aurait pu ajouter des chaises pour accueillir la pharmacienne du quartier, le gardien d’une résidence de logements sociaux, le responsable de la bibliothèque de quartier Robert-Desnos… Car cette opération est avant tout une affaire collective qui engage près de 40 acteurs. Inciter les gens à faire valoir leurs droits demande une synergie d’énergies .
« Pour toucher les seniors, les familles monoparentales et les jeunes, qui sont les publics les plus concernés par le non-recours, nous nous sommes appuyés sur le réseau le plus large possible, rappelle Michèle Poulenard, de l’association Passerelle. Nous avons sollicité les commerçants, nous sommes allés distribuer des flyers à la sortie de l’école… C’est ce qu’on appelle dans notre jargon ‘aller vers’. On proposait aux personnes de venir consulter notre ambassadeur des droits au centre social pour faire un diagnostic complet de leur situation. Elles repartaient ensuite avec une feuille de route précise pour faire valoir leurs droits. »
400 personnes touchées en un an
Sur l’année 2022, près de 400 personnes ont été rencontrées. Parmi elles, 90 habitants ont réalisé un bilan complet de leurs droits. Il en ressort que 45 % vivent sous le seuil de pauvreté et qu’ils sont 65 % à être dans une situation de non-recours de droit commun. Des résultats qui peuvent paraître modestes. « Les résultats c’est important, mais nous n’étions pas focalisés dessus, précise Marion Thivollet du Pimm’s Lyon-Métropole. Il s’agissait aussi de tirer des enseignements pour améliorer nos pratiques et les partager. »
« Il s’agissait de faire bouger les lignes, ajoute Saliha Prudhomme-Latour, adjointe au maire en charge des politiques sociales. Les méthodes traditionnelles de travail ont leurs limites, et les comportements de nos concitoyens changent avec une tendance à l’isolement de toutes les couches de la société. »
Au Mas du Taureau et à Lyon 7e aussi
Mission accomplie puisque l’expérimentation TZNR menée au Moulin-à-Vent ne va pas rester lettre morte. Début 2024, cette fois sous l’égide de la Métropole de Lyon, le dispositif sera non seulement prolongé pour trois ans à Vénissieux, mais étendu à deux autres secteurs de l’agglomération : le Mas du Taureau à Vaulx-en-Velin et une partie du 7e arrondissement de Lyon.
En conclusion de cette table ronde, le maire de Vénissieux, Michèle Picard, s’est félicité du développement de ces nouveaux dispositifs d’accès aux droits sociaux. Mais en mettant toutefois un bémol : « Est-ce qu’on ne remplace pas ce qui existait auparavant ? Est-ce que la société n’a pas accompagné cette progression inquiétante du non-recours en supprimant des postes d’accueil physique dans les services publics, et en misant tout sur le numérique ? »
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