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Culture

Delo, du stand-up au théâtre

Installé aujourd’hui à Paris, ce stand-upper, comédien et vidéaste vénissian revient fin mai dans sa ville pour tourner un documentaire sur les années quatre-vingt-dix.

Que retiendra-t-on des années quatre-vingt-dix à Vénissieux ? Le tramway ne traverse pas encore la ville mais la ligne D du métro arrive à la gare fin 1992. Les uns se souviendront des transports, d’autres des boutiques qui ont disparu, d’autres encore des grands festivals d’été, de la Nuit métisse au démarrage des Fêtes escales. Et, sans doute aussi, des balbutiements des téléphones portables et de l’Internet.

Connu aujourd’hui sous le pseudo de Delo, Hamed Delo était ado à l’époque. « C’était une période assez spéciale, avec l’an 2000 à l’horizon. J’étais alors influencé par Traction Avant, la Nuit métisse, le terrain d’aventures… Il y avait le cinéma en plein air, qui était fantastique pour nous, et Gérard-Philipe, bien sûr. J’ai vu là-bas Terminator 2 et j’en garde un souvenir de malade ! »

Stand-upper, comédien et vidéaste, Delo a voulu revenir dans sa ville — il vit à présent à Paris — pour interroger les Vénissians sur leurs souvenirs des années quatre-vingt-dix. Le tournage se déroulera du 23 au 28 mai.

« J’ai grandi à Vénissieux, d’abord rue Parmentier, près du Charréard, où j’ai fait ma scolarité à l’école Pasteur puis au collège Aragon. Nous avons ensuite déménagé à Armstrong et j’ai été au lycée Jacques-Brel. »

Ses souvenirs sont beaucoup liés à la télé : « Je regardais les stand-uppers américains : Eddie Murphy, Bill Cosby, Richard Pryor, Lenny Bruce… Eddie Murphy m’a marqué et donné envie, inconsciemment, de faire du stand-up. Côté Français, il y avait Louis de Funès et les Inconnus. À l’école, on ressortait leurs vannes cultes. J’étais un trublion, pas très sérieux je l’avoue, mais j’avais le talent de fédérer. »

Quais de scène

Delo se retrouve à Paris en 1997. « Je voulais aller à New York mais mon anglais, qui n’était pas terrible, m’a freiné. Je me suis inscrit en fac de lettres, puis de droit des affaires et des familles. J’étais à Créteil mais j’ai vite lâché l’affaire. »

Pour se faire un peu d’argent — le public était alors payé —, Délo est dans l’assistance des émissions de Jean-Luc Delarue ou de Kad et O (sur Comédie). Le métier le tente et il se décide pour présenter de petits sketches sur les scènes ouvertes. « J’ai pris le virus. Dans l’élan, j’ai monté un groupe, les Sans-Amis, avec Booder. Nous étions énergiques, inconscients aussi. Je faisais aussi des sketches tout seul. On m’a conseillé alors de faire du théâtre et je suis resté six mois au cours Florent. Le prof, Patrick Mille, était un acolyte d’Édouard Baer qui venait souvent nous voir et qui m’a invité dans ses émissions. »

Delo lâche les cours parce qu’il n’était « pas dans le dur », préférant le stand-up : « Dans la classe, si on n’est pas trop voyant, on vous oublie. C’est plus jouissif d’être confronté au public avec ses propres textes. » Mais ce qu’il a en tête, c’est de monter un plateau de stand-up comme il en existe aux États-Unis, pour « un nouveau courant d’air frais, un autre style d’humour ». Pour son premier spectacle, On dit quoi ?, « de l’humour urbain pas facile », Delo tape à la porte du théâtre de La Main d’or, chez Dieudonné. « Il m’a accueilli et j’ai rencontré Thomas Nginjol, Fabrice Éboué… Nos spectacles se succédaient et nous voulions lancer en France le phénomène stand-up. Puis Dieudonné a fait un sketch chez Fogiel et ça a été pour lui le début de la fin. Nous-mêmes, on a compris qu’il fallait prendre de la distance. »

En 2004, Delo crée les Jokes Sessions à la Scène Bastille. « J’avais Claudia Tagbo, Yassine Belattar, Fabrice Éboué… Les salles étaient pleines sans vraiment de pub. Kader Aoun vient voir une session et il se passe quelque chose. À mon avis, il a appelé Jamel Debbouze et on connaît la suite. Jamel, c’était Canal et les humoristes nous ont filé entre les mains, c’est normal. Quelques mois après, il lançait le Jamel Comedy Club. »

Le rêve d’un festival théâtral à Vénissieux

Delo crée Standupologie qui passe sur Télésud, une chaîne panafricaine. Avec une autre émission, il s’implique alors dans le montage, la réalisation. « Le stand-up continuait et, un jour, je croise un monsieur qui me dit que le statut d’humoriste n’est pas bon pour moi et que je serais meilleur comme comédien. En vrai Minguettien, je l’ai mal pris. Il dirige un théâtre parisien et me tend sa carte. Je la mets dans la poche et… ciao ! Plus tard, alors que je vide les poches de mon pantalon pour le mettre à la machine, je vois la carte qui tombe comme au ralenti. C’était un message. Je me rends dans son théâtre, l’Espace Saint-Honoré dans le 1er arrondissement, et j’assiste à deux pièces : Goldoni et Feydeau. Le coup de foudre ! La claque ! »

Si le stand-up développe le charisme et le talent d’improvisateur, Delo se rend compte que le théâtre permet de s’insérer dans un personnage. « Pascal de Pindray, le type de la carte de visite, m’a proposé une formation pour moi tout seul, ce qui était très différent des cours de théâtre habituels. Pendant six mois, il m’a appris la discipline, à parler autrement, à être à l’écoute de mes partenaires. Puis il m’a lancé sur scène dans des pièces de Molière, Brecht, Feydeau, Courteline… J’avais un pied dans le théâtre. Pascal nous a quittés aujourd’hui et je ne le remercierai jamais assez. Suite à la demande de sa femme, j’ai repris sa troupe, composée d’une dizaine de comédiens. J’ai même pu écrire des pièces, six à mon compteur. »

Du 1er au 3 juin, à Écouché-les-Vallées, dans l’Orne, Delo relève un nouveau défi : créer son festival de théâtre. « J’ai deux rêves : monter un festival de théâtre à Vénissieux et aussi y tourner un film. Une façon de rendre hommage à la commune qui m’a formé. »

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