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Écrire pour sauvegarder la culture comorienne

Dans son dernier ouvrage, publié chez KomEdit le 2 avril, Mahamoud M’Saidie répertorie plus de 600 noms comoriens et donne leurs significations.

« Ça m’a pris beaucoup de temps ! » Quand on parcourt Les Noms comoriens, que l’auteur vénissian Mahamoud M’Saidie a publié le mois dernier chez KomEdit, on comprend cette phrase lâchée avec un sourire. En effet, plus de 600 noms sont répertoriés, avec leurs significations et leurs origines : ceux qui sont en rapport avec des métiers, avec la guerre ou la paix, avec la gentillesse, la famille, le mariage, la loi, les lieux ou la beauté.

Mahamoud n’est pas le premier à se lancer dans cette aventure qui semble sans limite : « Beaucoup ont voulu le faire avant moi mais se sont arrêtés en chemin. Ce projet est arrivé par hasard. Anibwé, l’éditeur avec lequel je travaillais et qui est Ivoirien, remarque un jour que les Comoriens ne portent que des noms arabes. ‘Vous n’avez pas de noms comoriens ?’, demande-t-il. ‘Tu peux faire un livre sur ce sujet ?’, ajoute-t-il. »

Mahamoud commence à réunir des noms dès 2015. « Un jour, mon voisin à Paris, Mohamed Ahmed-Chamanga, qui est linguiste et enseignant à l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales), voit mon manuscrit, s’y intéresse et me propose de le publier. Mon premier éditeur, qui n’est pas rancunier, a retravaillé avec moi depuis. Chamanga était en mesure de m’aider et de traduire les noms. Il m’a même communiqué l’article sur ce même sujet d’une linguiste comorienne, Moinaécha Cheikh Yahaya. »

Aujourd’hui, Mahamoud est satisfait d’avoir achevé ce travail de Titan. « Son but est d’aider à sauvegarder ce que nous possédons. C’est pour cela que j’écris des livres sur les Comores. » Mahamoud explique que le pays étant musulman, beaucoup de Comoriens pensent qu’ils doivent choisir pour leurs enfants des noms d’origine arabe. Or, rien n’est obligatoire, les noms comoriens existent et son livre en est la preuve.

Comme les contes, les superstitions, les devinettes et les proverbes

« Ces noms étaient déjà là depuis longtemps et beaucoup m’ont dit qu’ils n’en connaissaient pas l’existence. Il ne s’agit pas d’abandonner les noms arabes mais de montrer ce qui existe. La culture comorienne doit être sauvegardée, sinon elle disparaîtra. C’est sans doute plus important pour la diaspora comorienne qui vit en Europe et en Amérique que pour ceux qui vivent aux Comores. C’est comme les contes, les superstitions, les devinettes et les proverbes sur lesquels j’ai déjà publié des livres. Le pays s’européanise et l’on oublie tout ce qui faisait le lien culturel. Aujourd’hui, les gens s’enferment chez eux devant leur télé, pour regarder des séries américaines ou françaises. »

Le social et la solidarité, déplore-t-il encore, ont disparu. D’où l’importance de ses ouvrages.

« Les Noms comoriens » de Mahamoud M’Saidie, KomEdit, 12 euros.

1 Commentaire

1 Commentaire

  1. Ali Nouhou Ailani

    20 août 2024 à 6 h 31 min

    J’ai lu un seul ouvrage de Mahamoud Msaidie et je suis fasciné par le talent littéraire de l’homme. Un Homme de lettres d’une simplicité remarquable, facile à lire par dessus tout, encyclopédique. Prolixe et prolifique écrivain comorien il a désormais depuis le début du mois d’août battu tous les records de publication aux Comores. Il vient de se faire une place de choix sans doute pionnière dans le panthéon de la littérature comorienne. Merci Mahamoud les Comores vous seront éternellement gré.

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