“On a fait ce qu’on pouvait, mais on ne peut plus”, assure Claire Ravier, directrice du Groupe hospitalier mutualiste Les Portes du Sud. Le service des urgences de l’établissement, qui se trouve à Vénissieux, va fermer ses portes la nuit, à partir du 6 mars prochain. “Nous fermons temporairement les urgences de 22 heures à 8 heures du matin. Je veux continuer à assurer des soins de qualité et en sécurité pour les Vénissians, et c’est actuellement ce qu’on risquait de ne plus faire. On a choisi cette tranche horaire, car c’est là qu’on a le moins de patients”, explique Claire Ravier.
Depuis des mois, le service des urgences des Portes du Sud tente de maintenir la tête hors de l’eau. Face à un cruel manque de personnel, l’établissement a tenté de combler tant bien que mal avec des heures supplémentaires. Une situation inacceptable pour la directrice qui s’est résolue à préserver ses équipes : “Nous avons besoin de 13 médecins à temps plein pour faire tourner le service, et actuellement nous en avons 6,5 en CDI. Concernant les 6,5 qui nous manquent, nous les trouvons en remplacement, mais nous n’arrivons pas à couvrir l’ensemble de nos besoins. Nous avons aussi une pénurie d’infirmiers. Il manque actuellement 30 % de l’effectif.”
“Le mois de décembre aux urgences a été très difficile, témoigne le docteur Didier Brodsky, chef du service des urgences. Nous avons été un des rares établissements à ne pas fermer cet été. On était là 24 heures/24 heures, on s’est donné les moyens de maintenir une permanence de soins. Aujourd’hui, on n’a plus les moyens de le faire correctement.”
“Nous ne fermons pas de gaieté de cœur, continue-t-il. De se dire que nous n’avons pas réussi a maintenir notre activité complète, cela a un peu le goût de l’échec. On s’est retrouvé dans une situation extrêmement difficile et on a préféré réunir nos forces sur des moments plus profitables aux patients.”
Des changements de vocation
Claire Ravier et Didier Brodsky le rappellent, ce manque de personnel n’est pas limité au service des urgences. L’absence de médecins se fait ressentir partout en France, autant chez les généralistes que les spécialistes. Dans les autres services de l’hôpital, ce manque de praticiens et d’infirmiers est également présent, mais moins criant.
Comme dans tous les corps de métiers, depuis le Covid, les jeunes n’ont plus les mêmes ambitions et les mêmes attentes qu’avant. “Ils font des choix de vie différents, analyse le docteur Brodsky. Ils veulent voyager, n’ont pas déterminé leur mode d’exercice, ils viennent de terminer leurs études. Un certain nombre vient pour six mois ou un an et sur des tiers ou quarts de temps.”
Le chef des urgences observe qu’il est de plus en plus difficile d’attirer de jeunes médecins. “On rame pour avoir des gens. Les jeunes urgentistes sont hyperformés. Je ne peux les garder dans l’établissement qu’à la condition de leur apporter un intérêt professionnel.”
Si le service accueille principalement des traumatismes ou des urgences bénignes, notamment la nuit, il utilise cette fermeture contrainte pour se restructurer. “Nous avons réorganisé la prise en charge des patients de façon qu’elle soit plus intéressante pour les médecins, reprend Claire Ravier. Les urgentistes n’ont plus envie de soigner des fièvres, il faut qu’on commence à se faire connaître comme un service des urgences qui peut assumer des pathologies plus graves. J’ai l’espoir d’une réouverture. Notre vocation, notre métier, c’est de soigner les gens.”
La maternité reste pour sa part ouverte. Toutes les structures mobiles d’urgence et qui régulent l’arrivée des patients sont au courant de cette fermeture. Les patients seront donc réorientés dans les différents hôpitaux de l’agglomération. Les urgences de Lyon Sud, le Médipôle Lyon-Villeurbanne et l’hôpital Saint-Joseph-Saint-Luc restent ouvertes la nuit.
En cas d’urgence, contacter le 15 qui pourra vous indiquer la démarche à suivre.
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