Dans cette tour de 16 étages, ils sont une trentaine à faire front. Depuis deux ans, ces locataires dénoncent une “dégradation des conditions de vie”. À ce jour, les diverses démarches entreprises auprès d’Alliade — pétitions, courriers et appels téléphoniques — n’ont guère amélioré leur quotidien.
Le bailleur social assure pourtant dépenser à fonds perdu dans l’entretien et la sécurisation de ce quartier de 341 logements. « En 2022, on a encore investi 3,5 millions d’euros, principalement pour les parties communes ».
Des investissements qui ne sautent pas aux yeux. Dès l’entrée de l’immeuble, de nombreuses boîtes aux lettres fracturées annoncent la couleur. La porte d’entrée, “sécurisée”, est ouverte au tout-venant. “On nous donne des badges qui ne servent à rien”, fait remarquer une dame. Les parties communes sont sales, détériorées et encombrées. Les ascenseurs tombent en panne. Les poubelles débordent. La nuit, le bruit perturbe le sommeil.
Tensions avec les squatteurs
Dans les appartements, le tableau n’est pas plus réjouissant : tous ont une anecdote au sujet de cafards, punaises de lit, infiltrations d’eau, inondations d’eaux usées.
Certains maux actuels auraient pour origine le comportement de résidents installés illégalement. En effet, à certains étages, des logements sont squattés par des familles ou de jeunes hommes. Leur présence dérange. “Sur certains paliers, sur cinq appartements, deux sont squattés”, observe un locataire. Un autre, excédé, assure “s’être bagarré” avec six ou sept voisins gênants “pendant des mois”. Des branchements électriques anarchiques témoignent de la présence d’occupants. “Regardez, ils cassent l’armoire pour se brancher sur les compteurs Linky, c’est du vol”, montre un père de famille.
“Certains utilisent des bouteilles de gaz, assure un autre papa. C’est dangereux. Je n’ai pas envie que Darmanin vienne me présenter ses condoléances comme il l’a fait après l’incendie de Vaulx-en-Velin !”
Entre squatteurs et locataires, la cohabitation semble impossible. “Ils jettent tout par les fenêtres, se plaint une maman. On vit avec le risque de se faire cambrioler. Certains sécurisent leur appartement et même leur boîte aux lettres avec une alarme. Ils peuvent casser une serrure en deux minutes.” Par peur d’une agression, les voisins s’organisent pour ne pas laisser femmes et enfants circuler seuls.
Alliade Habitat admet que les squats « sont souvent la source des problèmes ». En 2022, le bailleur a recensé 14 logements vacants dans son ensemble immobilier. Cependant, il ne possède pas la solution miracle pour déloger les squatteurs : « Nous ne faisons intervenir la police que lorsque l’entrée est sécurisée. Sinon, c’est sans fin. Les occupants quittent le logement et reviennent s’y installer aussitôt. »
Aujourd’hui, le groupe de voisins ne sait plus à quel saint se vouer. “On pense saisir un huissier de justice et partager les frais”, confie un père de famille. “Qu’on nous laisse partir d’ici, lâche un homme, lassé. Réparer tout ça, c’est impossible. On ne va quand même pas attendre la démolition de la tour pour être relogés !”
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