Dans quelques mois, les patients du docteur généraliste Moussa Mali trouveront porte close à son cabinet. « Le 30 octobre prochain, je pars à la retraite. J’avais trouvé quelqu’un pour me remplacer, mais finalement, la personne n’a pas souhaité s’installer à Vénissieux », témoigne-t-il.
Pour lui, les causes sont multiples. Être seul dans un cabinet n’attire pas les médecins de la nouvelle génération, qui préfèrent s’installer dans des locaux où ils sont plusieurs comme des Maisons de santé pluridisciplinaire. Ils ont aussi de nouvelles ambitions et ne souhaitent plus faire des journées à rallonge. « Je débute le matin à 9 heures et j’ai des consultations jusqu’à 20h30 ou 21 heures. Ensuite, je travaille le côté administratif jusqu’à 22 heures en général. Aujourd’hui, les jeunes médecins veulent travailler de 9 heures à 17 heures », estime-t-il.
Au cours de sa carrière, le médecin a été témoin de nombreux changements dans la pratique de son métier, dont une augmentation des tensions avec les patients. « C’est à l’image de notre société. Les médecins sont perçus comme des biens de consommation, comme un boulanger ou un boucher. Les patients viennent avec leur diagnostic et demandent des examens qu’ils ont vus sur Internet. Soit vous acceptez et vous avez la paix, soit vous refusez et c’est la guerre. »
Un millier de patients
Cela fait maintenant 33 ans que le docteur Mali exerce sur Vénissieux. « J’ai choisi de travailler dans un endroit où les gens avaient besoin de moi, je voulais créer un lien avec mes patients. Mon exercice a ressemblé à ce dont j’ai rêvé, des gens qui venaient pour moi, qui étaient respectueux. J’ai de la gratitude pour eux et pour mon métier. »
Situé dans le centre de Vénissieux, il va laisser derrière lui près de 1 000 patients, la plupart n’ayant toujours pas trouvé de médecin traitant remplaçant. « Ça me rend triste quand je vois des personnes âgées pleurer devant moi lorsqu’elles apprennent mon départ. Ce sont des patients attachants et beaucoup considèrent mon départ à la retraite comme un abandon, mais à 67 ans, j’ai besoin de me reposer. »
Pour Guy Créqui, habitant de Vénissieux et patient du docteur Mali, la quête va reprendre. « Avant, mon médecin était à la Rotonde et j’ai mis près de deux mois à trouver un nouveau généraliste, rappelle-t-il. On ne sait plus vers qui se tourner. On n’a plus de lien humain, maintenant les consultations durent dix minutes, avant on prenait plus de temps. »
La Ville de Vénissieux est consciente de ce problème, qui touche l’ensemble du territoire national, de façon encore plus marquée dans les zones rurales. La plupart des praticiens qui partent à la retraite ne trouvent pas de remplaçant. Avec le contrat local de santé, signé en juillet dernier, la Municipalité espère attirer de jeunes médecins, notamment grâce à l’ouverture de structures où ils pourront se partager les locaux en fonction de leur spécialité. Prochaine ouverture en date : une maison de santé sur l’avenue Ambroise-Croizat, prévue pour le mois de juin, avec des médecins généralistes, un psychologue pour personnes âgées, un psychomotricien, un ergothérapeute et deux infirmiers.
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