Ils sont 247 jeunes de 12 à 21 ans à s’être tournés vers les éducateurs des Bataillons de la prévention et de médiation sociale, sur les quartiers des Minguettes à Vénissieux et des Clochettes à Saint-Fons. Instauré par le gouvernement, ce dispositif a été lancé il y a maintenant un an sur les deux communes et dans d’autres villes en France afin « de prévenir la bascule tout en apaisant les quartiers les plus exposés à la délinquance juvénile, dans un contexte marqué par la recrudescence des rixes entre jeunes ».
Cette convention locale a été mise en place dans le cadre de la politique de la ville et signée par la Préfecture, le maire de Vénissieux, le maire de Saint-Fons, la Métropole de Lyon et l’association Sauvegarde 69. L’Agence Lyon tranquillité et médiation (ALTM) devait s’occuper de la partie médiation, mais s’est finalement retirée du dispositif il y a quelques mois, et c’est l’association Sauvegarde 69 qui a repris l’ensemble du projet.
« Pour ce dispositif, nous avons plusieurs axes de travail, détaille Abdelkrim Bakli, directeur du service de prévention spécialisée à l’association Sauvegarde 69. Chez les 12/15 ans, nous essayons de lutter contre le décrochage scolaire. » Un objectif qui tient à cœur à l’association qui est en relation avec les établissements des Minguettes afin d’aider les jeunes à se maintenir leur scolarité. « Nous travaillons aussi la question de la parentalité et de la prévention des conduites à risque, des addictions, de la citoyenneté et de l’insertion sociale et professionnelle. De nombreux dispositifs existent et les jeunes ont besoin d’accompagnement pour s’en saisir. Nous les aidons aussi à mettre en place des projets. »
Un travail avant tout partenarial
« Il y a un réel besoin sur le plateau, affirme Fatima Abed, coordinatrice du dispositif sur Vénissieux et Saint-Fons. Depuis un an, ce dispositif fonctionne bien et nous sommes satisfaits des résultats que nous avons obtenus. Les jeunes sont réceptifs, nous en avons aidé beaucoup. »
Les éducateurs ont un rôle essentiel auprès des jeunes qui souvent n’osent pas franchir le pas et aller à leur rencontre. Ces professionnels peuvent être interpellés par les collèges, la famille ou bien par le bouche-à-oreille. « Souvent, les jeunes ont une demande précise en tête, on les aide puis en fait, on soulève une pierre et on se rend compte qu’il y a plein d’autres problèmes derrière », souligne Clémentine Duchemin, éducatrice spécialisée pour les Bataillons de la prévention. C’est à ce moment-là que les éducateurs profitent de leurs liens avec les différents partenaires sur le territoire. Ils peuvent travailler avec les centres sociaux, les EPJ, les Missions locales, le CCAS, mais aussi avec le pôle économique de la Ville et le Grand projet de ville ou même les bailleurs. « Il faut prendre en compte l’ensemble de l’environnement du jeune et le connaître pour être en mesure de l’aiguiller dans la meilleure direction », ajoute Fatima Abed.
Avec les Bataillons de la prévention, tous les jeunes des Minguettes, entre 12 et 21 ans, peuvent demander une aide aux éducateurs, et cela, de façon totalement anonyme. Le but étant avant tout d’accompagner « les jeunes marginalisés ou en voie de marginalisation. Le dispositif n’est pas du tout obligatoire, on est sur une libre adhésion », précise Abdelkrim Bakli.
Permanence des Bataillons de la prévention le lundi dans les locaux de la Sauvegarde 69 au 5, rue Maxime-Gorki. Les éducateurs sont présents dans les différents quartiers du plateau des Minguettes deux soirs par semaine et un week-end par mois.
3 QUESTIONS À : Clémentine Duchemin et Malik Khemar, éducateurs spécialisés
Quelles sont les principales demandes des jeunes sur Vénissieux ?
Malik Khemar : Cela dépend de leur âge, les jeunes sont à la recherche de loisirs dans leur quartier, ils veulent bouger. Les plus grands demandent plus de l’aide pour leurs démarches professionnelles ou pour les démarches administratives. Beaucoup sont perdus et ne savent pas vers qui aller, il y a une vraie fracture numérique. Même s’ils ont grandi avec des portables et Internet, ils peuvent être perdus dans les démarches à réaliser pour accéder à leurs droits.
Comment faites-vous pour créer un lien de confiance avec les jeunes ?
Clémentine Duchemin : Tout commence par la période d’implantation. On prend connaissance du quartier, on rencontre les jeunes, les partenaires. On essaie de comprendre les dynamiques du territoire, ses ressources, les barrières. Ensuite, on réalise un diagnostic social et on définit des objectifs de travail. Le travail de nos partenaires dans le domaine de l’insertion, des loisirs, nous permet d’avoir un levier pour créer un lien particulier avec eux. On essaie d’apporter des réponses à leurs questions.
Où peuvent-ils vous trouver ?
Malik Khemar : On fonctionne beaucoup en allant directement voir les jeunes. Nous travaillons en binôme et on occupe différents espaces pour entrer en lien avec eux. On peut être présent dans les collèges ou à l’extérieur, dans les centres sociaux, dans les espaces de socialisation. Nous sommes repérés par les jeunes. Nous avons aussi une permanence où ils peuvent venir à notre rencontre.
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