Il a joué « à la baballe » comme tout le monde, comme on disait à l’époque quand un petit jeune tapait le ballon en bas de son immeuble. Mais de là à imaginer qu’il ferait corps avec lui, au point de ne jamais le quitter…
Le flirt poussé entre Joseph Inzirillo et le ballon rond a toujours rimé avec passion. Sans forcément que cela tourne à l’obsession. Ce n’est d’ailleurs qu’à l’âge de 14 ans qu’il prend sa première licence à l’US Vénissieux. Sa famille avait quitté Villeurbanne quelques années auparavant pour s’installer dans le quartier Max-Barel, à une centaine de mètres du stade Laurent-Gérin. À 14 ans, n’est-il déjà pas trop tard pour rêver d’une carrière de footballeur de haut niveau ? Assurément, mais Joseph n’en avait cure. Une carrière pro ne faisait pas partie de ses préoccupations. « Que m’importait de jouer en équipe première, en réserve, voire dans les catégories les plus basses s’il le fallait. Je ne voulais qu’entrer sur un terrain et m’amuser avec un ballon… pourvu qu’il soit rond. »
Un plaisir fou en FSGT
Et l’école dans tout ça ? « J’ai fait mes classes au groupe scolaire Max-Barel, puis au collège Aragon, sans grand enthousiasme. J’ai reçu des bases de comptabilité au lycée Hélène-Boucher. Mais je ne pensais qu’au foot… »
Son incorporation sous les drapeaux ne freine pas davantage sa passion. « J’ai été appelé du côté de la frontière belge. Et là, je suis tombé sur un gradé fana de foot, qui m’a donné l’occasion de rechausser les crampons, et de participer à des compétitions interarmées pendant trois mois, de quoi garder une bonne condition physique, avant de rejoindre mon unité à Chalon-sur-Marne. »
Là encore, le bidasse Joseph Inzirillo va profiter de ses permissions pour rejoindre ses amis footballeurs du CMO-V, une équipe évoluant en FSGT composée de joueurs ayant évolué à de bons niveaux à l’AS Minguettes et l’US Vénissieux. « J’ai pris un plaisir fou, on s’est déplacé un peu partout en France, on a gagné des championnats et des coupes nationales… » Son retour au quotidien, et le lancement de sa vie professionnelle n’auront rien d’excitant. « J’ai rejoint l’entreprise familiale spécialisée dans les cadeaux aux entreprises tenue par mon père, mon frère et ma sœur, à Villeurbanne. J’avais heureusement ma licence au club des Minguettes, l’équilibre était trouvé. »
« Le CRESS, mes plus belles années »
À l’aube des années 2000, l’épouse de Joseph, Béatrice Clavel, maître de conférences en psychologie du développement, crée avec Nadi Derran le Centre de recherche et d’éducation par le sport (CRESS). Une étape décisive. « Il fallait trouver un club support au CRESS pour mettre en application des principes de psychologie autour d’un sport collectif. Un travail visant à développer l’esprit d’équipe et le respect de l’autre chez des jeunes pratiquant le football en zone urbaine sensible. » Georges Clavel, le père de Béatrice, qui était responsable du CMO-V foot FSGT, conseille de prendre appui sur les jeunes footballeurs de l’AS Minguettes. « Une aventure qui a duré une dizaine d’années jalonnées de moments forts, se souvient Joseph : des partenariats avec Orange, puis les magasins But, le soutien de la Fédération française de foot (FFF) et du ministère des Sports chapeauté alors par Jean-François Lamour, la venue de Zidane puis de Petit à Vénissieux, un trophée national dans la catégorie arbitrage-esprit sportif remis à Paris, une médaille d’or Jeunesse et Sports reçue à Bordeaux… Grâce aux partenaires, le CRESS disposait d’un budget de plus de 350 000 euros, et il avait pu embaucher des salariés. »
Ces belles années ont duré jusqu’en 2010-12. Par la suite, les sponsors se sont moins impliqués. Mais le CRESS a poursuivi ses missions premières, proposant des activités sportives et de loisirs adaptées pour les enfants en situation de handicap. En partenariat avec la Ville de Vénissieux et l’Office municipal du sport (OMS), cette démarche novatrice a abouti en 2017 à la création de l’Observatoire du sport et du handicap.
Bénévole administratif à la Ligue Auvergne Rhône-Alpes de football, mais surtout au District de Lyon et du Rhône, Joseph propose des sessions de foot adapté pour répondre à une demande croissante. Il devient responsable de la section Foot ensemble au District, mais également à la Ligue avec Foot pour tous.
La médaille d’argent de la jeunesse, des sports et de l’engagement associatif, qu’il a reçue, mardi 17 janvier à Gerland, au siège de la Ligue, n’est que la juste récompense de sa quinzaine d’années de bons et loyaux services. Cette distinction correspond au salaire du bénévole, a-t-on coutume de dire lors de ces cérémonies. Bien que quasiment retraité, José n’en a pas fini avec ce diable de ballon rond.
1960 : naissance de Joseph Inzirillo
1974 : première licence au club de foot de l’US Vénissieux
1982 : intègre la société familiale de cadeaux aux entreprises jusqu’en 1996
1997 : création du CRESS et licence de vétéran au club de foot de l’AS Minguettes
2005 : Intègre comme bénévole le District de football du Rhône, puis la Ligue Auvergne Rhône-Alpes de football
2023 : reçoit la médaille d’argent de la jeunesse, des sports et de l’engagement associatif.
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