Il n’y a pas que les jeux vidéo dans la vie. Il y a les jeux de plateau, aussi. De l’indémodable Monopoly (1930) à la toute nouvelle version de 7 Wonders, en passant par le très rigolo Blanc-manger Coco, il y en a pour tous les âges et tous les goûts.
En France, l’engouement pour le jeu de société n’a jamais été aussi fort. Ces dernières années, ce marché affiche une croissance annuelle à deux chiffres (10 à 13 %) pour atteindre 640 millions d’euros en 2021. Ainsi, d’après l’Union des éditeurs de jeux de société (UEJ), 30 millions de boîtes de jeu se seraient vendues dans l’année, soit quasiment une par seconde.
Toutes ces boîtes ne restent pas entreposées éternellement au fond des placards, loin de là. Selon une étude OpinionWay de mai 2021, 91 % des Français jouent aux jeux de société. 52 % des sondés sortent cartes, pions et autres dés au moins une fois par mois. Un sur quatre joue même chaque semaine.
Une offre pléthorique et des prix raisonnables
À Vénissieux aussi, il existe un public friand de ce type d’articles ludiques. Installée au Grand Parilly depuis octobre, La Manufacture des Jeux accueille des clients aux profils hétérogènes. « On joue entre l’âge d’un an et demi à plus de 90 ans, résume Pierre-Henri Darmangeat. C’est multigénérationnel. On se réunit aussi entre adultes. Ça renforce l’amitié. Les gens jouent de plus en plus en soirée. On me demande des jeux à boire ! Les duels marchent bien, tout comme les jeux pour les couples tels que Osmooz. Les jeux de réflexion et de logique destinés aux jeunes enfants sont très appréciés dans les écoles. Il y a aussi des aficionados, en quête de la dernière nouveauté, et qui en parlent sur les réseaux sociaux. »
Le gérant de la boutique note un regain d’intérêt depuis une dizaine d’années. « Ça ne date pas seulement depuis le covid. L’offre s’est diversifiée et les prix sont abordables. Certains, comme les Exit, coûtent moins cher qu’une place de cinéma. Pour 40 euros, on trouve des produits durables, qu’on garde pendant des années. Ne pas trouver un jeu qui nous plaît, c’est impossible. Pour Noël, certains le privilégient au jeu vidéo ou au livre pour offrir des moments de convivialité. »
Au Certa, le « jeu de l’industrie » casse les idées reçues
Il existe un jeu, conçu aux Minguettes, qui n’est pas disponible dans le commerce. Imaginé sur le modèle du Trivial Pursuit, ce « remue-méninges » décline ses questions sur le thème de l’industrie. Attention, sa production n’a rien d’industrielle ! L’inventrice, Malika Zegheb, détient le seul et unique exemplaire. Cette salariée du Certa (Centre régional des techniques avancées) l’a mis à disposition du centre de formation continue.
« Je l’ai créé en septembre, précise-t-elle. On l’a sorti à l’occasion de forums et de nos portes ouvertes. Il n’a pas encore de nom. L’objectif est de déconstruire les idées reçues. Certaines questions, notamment sur les niveaux de salaires, étonnent. Le jeu plaît bien, les jeunes accrochent ! »
Les stagiaires se sont attelés à usiner les dés et les pions. La fabrication du plateau et la rédaction des défis sont l’œuvre de Malika Zegheb. « Je vais prendre le temps de renouveler les questions, » promet-elle.
« Tu te mets combien ? » : vendu à 350 000 exemplaires, ce jeu vénissian cartonne
Avec ses 350 000 boîtes vendues, Tu te mets combien ? (TTMC) est un vrai succès commercial. Six anciens élèves du collège de La Xavière, à Vénissieux, ont réussi leur aventure entrepreneuriale. Les règles de ce quizz de culture générale sont simples. Chaque carte permet de tester ses connaissances sur des thèmes parfois très loufoques.
« Fin août, on a sorti la suite, TTMC 2, s’enthousiasme Maurice Mura, l’un des six copains. Il inclut 540 nouvelles cartes et 4 028 questions. À l’époque, tout était parti d’une blague. On n’avait aucune prétention commerciale. Aujourd’hui, six personnes travaillent dans la société, dont trois à temps plein. Le jeu est disponible dans quatre pays et bientôt dans huit autres. C’est en bonne voie. »
Ce passionné se lance dans la création d’un jeu
Théo Dumonteil se considère comme un grand amateur de jeux. « Je joue depuis toujours, lâche le jeune homme de 28 ans. Aujourd’hui, je joue avec mes amis ou ma copine, en soirée, le week-end, ou après le travail. Ça remplace un film ou une série. »
Récemment, il s’est décidé à franchir le pas. Son projet de création est déjà bien avancé. « Ce jeu de plateau revêt une dimension environnementale, raconte Théo. On travaille avec l’association On the green road, qui promeut les voyages engagés. »
Pour concevoir et créer le produit, puis le lancer sur le marché, le financement est le nerf de la guerre. Des solutions existent : « Des volontaires en service civique et des bénévoles nous aident. Le financement participatif peut fonctionner. Pour obtenir des subventions, il faut être dans la phase bêta. »
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