La ZFE passe à la vitesse supérieure. Ce lundi, les élus de la Métropole de Lyon ont débattu d’un nouveau renforcement de la Zone à faibles émissions (ZFE), basé cette fois sur la création d’un périmètre « central » et d’un périmètre « étendu ».
Le premier correspond à ce qu’était, jusqu’à présent, la ZFE : tous les arrondissements de Lyon, la ville de Caluire et les secteurs de Villeurbanne, Bron et Vénissieux situés à l’intérieur du boulevard périphérique Laurent-Bonnevay. Le second inclura les secteurs de Vénissieux, Villeurbanne et Bron se trouvant à l’extérieur du périphérique. S’y ajouteront Pierre-Bénite, Saint-Genis-Laval, Oullins, La Mulatière, Sainte-Foy-lès-Lyon, Sathonay-Camp, Fontaines-sur-Saône, Rillieux-la-Pape, Vaulx-en-Velin, Saint-Fons, Chassieu, Saint-Priest, Décines-Charpieu, Mions et Corbas. Les axes rapides métropolitains (M6/M7, périphérique Laurent-Bonnevay) feront, pour leur part, partie de la ZFE « centrale ».
Ces deux périmètres correspondent à deux calendriers d’exclusion progressive des véhicules les plus polluants. Ainsi, le projet prévoit de bannir du périmètre central (pour la circulation comme pour le stationnement) les véhicules légers et deux-roues motorisés classés Crit’Air 4 au plus tard le 1er janvier 2024, les Crit’Air 3 le 1er janvier 2025, et les Crit’Air 2 — dont font partie les diesels les plus récents — au plus tard au début de l’année 2026. S’agissant du périmètre élargi, dont font partie, pour Vénissieux, les quartiers des Minguettes, du Centre ou encore du Charréard, le calendrier d’exclusion est décalé d’un an : les Crit’Air 5 et non classés (particuliers, utilitaires légers et poids lourds) sortiront de la ZFE le 1er janvier 2024, les Crit’Air 4 un an plus tard, le 1er janvier 2025, et les Crit’Air 3, le 1er janvier 2026. Les Crit’Air 2 ne sont, pour le moment, pas concernés par une exclusion de ce périmètre élargi.
En parallèle, des aides seront mises en place par la Métropole. Cumulables avec celles de l’État, elles seront variables, en fonction du revenu fiscal de référence. Et la Métropole s’attachera à développer les offres alternatives, comme les transports en commun, le covoiturage ou le vélo — d’ici 2026, par exemple, la collectivité ambitionne d’avoir achevé une large partie de ses Voies Lyonnaises, un réseau cyclable sécurisé de 250 kilomètres.
Notons, enfin, que la Métropole a prévu dans son projet d’extension de la ZFE certaines dérogations, permanentes ou temporaires. Une exception «petits rouleurs», ponctuelle, devrait ainsi permettre de circuler de manière occasionnelle au sein du périmètre de la ZFE (central et étendu). Elle serait délivrée pour un nombre de jours limité par an, qui reste à définir.
« Une pénalisation injuste »
Cette évolution de la ZFE a été approuvée à la majorité (71 voix pour, 31 contre, 37 abstentions). Au sein même de la majorité, ce projet de renforcement de la ZFE a provoqué quelques débats. « La réaction sur les marchés de l’Est lyonnais a été vive à la découverte de [la nouvelle carte de la ZFE], a relevé, en séance, Pierre-Alain Millet, conseiller métropolitain vénissian, qui s’est abstenu sur le vote comme l’ensemble des élus du groupe Communiste et Républicain. Nous comprenons bien que l’Ouest lyonnais ayant déjà des taux élevés de véhicules électriques ou hybrides, son intégration dans la ZFE n’apporterait pas grand-chose de plus. Mais cela révèle en creux que la contrainte ZFE est d’abord tournée vers les milieux populaires, dont le parc évolue lentement. »
« Il faut aussi interroger l’impact environnemental du remplacement d’un grand nombre de véhicules. La ZFE contraindra 326 000 véhicules légers concernés, sur 670 000, dont la moitié conduisant à un changement de véhicule, soit plus de 150 000 véhicules à la casse… Pourtant, des études environnementales montrent qu’au total, il vaut mieux prolonger un diesel Crit’Air 2 bien entretenu que le changer pour un Crit’Air 1. (…) Une juste contrainte, c’est une contrainte que les citoyens peuvent s’approprier comme un choix personnel. Nous ne soutenons pas une mise en œuvre qui reposerait d’abord sur un outil de sanction, qui, de plus, met sur le même plan la sanction légitime de comportements illégaux et la pénalisation injuste de situations sociales contraintes. »
Le vote des élus de Vénissieux
Pour : Nathalie Dehan (Les Écologistes)
Contre : Christophe Girard (Rassemblement de la droite, du centre et de la société civile)
Abstention : Idir Boumertit (Métropole insoumise, résiliente et solidaire), Marie-Christine Burricand (Communiste et Républicain), Pierre-Alain Millet (Communiste et Républicain), Michèle Picard (Communiste et Républicain)
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