L’émotion et l’incompréhension sont bien palpables devant la grille du collège Jules-Michelet. En ce début d’après-midi, Nadia Benachour affiche une pancarte colorée : « Mon fils, ma bataille ».
Son fils n’est autre que ce jeune adolescent de 15 ans sévèrement molesté et dépouillé à la sortie du tram T4, neuf jours auparavant. L’auteur présumé des faits, un ancien camarade de classe, reprochait à sa victime le vote de sa maman lors d’un conseil de discipline préalable à son exclusion de l’établissement en avril 2022. Le garçon avait été convoqué pour avoir menacé et insulté un professeur.
Sa bataille ? Le soutenir dans cette épreuve et éviter qu’un tel drame ne se reproduise. « Depuis son agression, mon fils fait des crises d’angoisse, déplore cette habitante des Minguettes, très investie au collège depuis quatre ans. Il a rendez-vous avec une psychologue demain. »
D’autres mamans lui témoignent leur affection. Des élus de la majorité et de deux groupes d’opposition sont également présents et cherchent des solutions. Tous expriment leur ras-le-bol. « Mon fils était scolarisé ici il y a encore deux ans, confie Malika. Dans l’enceinte du collège, ça se passait bien. Mais il y avait des règlements de compte à la sortie. Ils se battaient en haut des escaliers. Les élèves deviennent de plus en plus agressifs. Mettre un vigile ne servirait à rien. L’établissement organise une heure de vie scolaire par semaine pour faire remonter les problèmes. Il faudrait peut-être insister là-dessus. »
« Cet élève qui a été exclu, beaucoup étaient bien contents de le voir partir »
Fatima Loucif, conseillère municipale d’opposition (Union des Vénissians indépendants), est à l’initiative de ce mouvement de solidarité. L’élue s’interroge : « Il faudrait peut-être externaliser les conseils de discipline. Surtout quand on sait qu’il y a eu des menaces avant la réunion. C’est malheureux de constater que l’école est en déclin. Le niveau chute et la violence progresse. Les parents qui en ont les moyens envoient leurs enfants dans le privé. »
Pour Amel Khammassi, conseillère municipale PCF, c’est aussi le manque de dialogue qui envenime les situations : « S’il y avait eu une vraie concertation avec la famille, on n’en serait peut-être pas là. Il aurait fallu expliquer à l’enfant que la décision du conseil de discipline ne dépend pas que d’un membre. »
Une enseignante ne semble guère étonnée de la tournure qu’ont pris les événements : « On voit certains élèves avoir de l’emprise sur d’autres. Cet élève qui a été exclu, beaucoup étaient bien contents de le voir partir. » Selon plusieurs manifestants, l’agresseur présumé avait déjà été convoqué à trois conseils de discipline en trois ans.
Aujourd’hui, Nadia Benachour se dit bien entourée. Par d’autres parents d’élèves, des professeurs et des élus. « Madame Garnier, l’ancienne principale, me soutient, ajoute-t-elle. Elle avait mis en garde les élèves qui avaient fait pression sur mon fils avant le conseil de discipline et avait appelé les parents du garçon. En revanche, l’Académie ne m’a pas contactée. Je regrette aussi une chose : ne pas avoir déposé de main courante au commissariat, à l’époque. »
Rappel des faits
Mercredi 7 septembre, en fin d’après-midi, le fils de Nadia Benachour est reconnu par son ancien camarade de classe dans le tramway T4, à Vénissieux. L’agression a lieu à la sortie du tram, à l’arrêt Lycée Lumière, boulevard des États-Unis (Lyon 8e). Selon la version de la maman, il est alors frappé, mais aussi dépouillé de sa carte bancaire, de son argent et de ses baskets. « Il lui a dit : ça, c’est pour ta mère », affirme-t-elle. Il se voit prescrire deux jours d’ITT. Une plainte est déposée le lendemain.
Habitante
19 septembre 2022 à 5 h 31 min
La violence gratuite est partout, les jeunes reproduisent ce que la société transmet : la loi du plus fort même avec les coups. Autrefois l’école, le collège, le lycée étaient des lieux de respect, on y apprenait le vivre ensemble, le respect de chacun. La loi du plus fort est prôné par le système : on admire le plus riche, le plus connu, le plus musclé cela nourrit une violence exacerbée entre les jeunes. L’éducation familiale est primordiale, dans une ville populaire comme Vénissieux il est nécessaire que les familles éduquent leurs enfants contre la violence gratuite qui se développe. L’école ne peut pas tout c’est à la maison que les jeunes se forment, l’exemplarité est nécessaire en famille.
Yazid
17 septembre 2022 à 12 h 11 min
Votre présence et votre écrit relais très bien la raison de notre présence devant le collège afin de dénoncer cette agressivité gratuite.