Au collège Elsa-Triolet, depuis la rentrée, la guerre entre l’Ukraine et la Russie fait parler autant les professeurs que les élèves. « Il y a une vraie inquiétude des deux côtés, on en parle beaucoup entre nous », observe une professeure d’histoire-géographie de l’établissement.
Pratiquement toutes les classes ont évoqué le sujet. Dans certaines, les élèves ont eux-mêmes parlé du conflit avec leur professeur, dans d’autres c’est l’enseignant qui a pris l’initiative d’éclaircir la situation. « Tous les professeurs se sont sentis légitimes pour aborder le sujet : en SVT, en SEGPA ou alors en sport, ce n’est pas uniquement en histoire-géographie. »
Dans l’ensemble, la préoccupation des jeunes est la même : la crainte d’une attaque nucléaire. Ce conflit, qui fait rage depuis presque un mois, a débuté le 24 février dernier quelques jours à peine avant la fin des vacances d’hiver. « Juste avant les vacances, continue-t-elle, j’enseignais à mes élèves les bombardements atomiques de Nagasaki et Hiroshima. Ils reviennent en classe, et il y a ce conflit avec une menace nucléaire… »
De quoi inquiéter les jeunes qui, à l’heure des réseaux sociaux, sont informés en temps réels des tenants et aboutissants de cette guerre, avec des informations non filtrées et qui peuvent être violentes. « J’ai certains élèves de 3e qui sont arrivés en classe et qui savaient ce qu’était ‘Satan 2’ (le plus gros missile nucléaire intercontinental jamais conçu, ndlr), c’est normal d’avoir peur. »
Un contexte compliqué depuis deux ans
Alors les enseignants se sont adaptés afin de rassurer les élèves en les aidant à appréhender ce conflit, tout en les alertant contre les fausses informations. « Certains professeurs ont choisi de faire un cours sur les fake news. On a aussi fait quelques modifications dans l’ordre de notre programme afin d’aborder le sujet de la guerre froide plus tôt. »
Et les élèves font aussi très bien le lien avec d’autres périodes de l’histoire et des guerres passées. « Par exemple, quand on parle des exodes de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, ils font le rapprochement. Certains nous disent, ‘c’est pour ça qu’on voit beaucoup de femmes et d’enfants partir de l’Ukraine, parce que les hommes sont au combat’. Il y a une résonance entre ce qu’il se passe et l’histoire en général. Ils nous parlent de la dictature, de la liberté d’expression, ils se rendent compte de la situation », témoigne la professeure.
Une inquiétude de plus pour ces jeunes qui, ces deux dernières années, ont vécu des périodes pour le moins éprouvantes psychologiquement. « C’est un contexte compliqué, entre les élections présidentielles, la crise sanitaire, la baisse du pouvoir d’achat et maintenant la guerre en Ukraine, il y a un climat tendu autant dans leur foyer que dans l’établissement, ça devient difficile pour eux … », s’inquiète la professeure.
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