En juin dernier, la Ville s’est associée à la fondation Mozaïk RH pour aider des jeunes diplômés des quartiers populaires à trouver un emploi. Neuf d’entre eux ont trouvé une solution.
C’est, selon les mots de Djil Ben Mabrouk, adjoint en charge des Affaires économiques, un chantier « expérimental ». Mais le travail est déjà plus qu’avancé. Afin d’aider quatorze jeunes diplômés résidant dans des Quartiers politique de la ville (QPV) à décrocher un emploi, la Ville s’est associée en juin dernier à la fondation Mozaïk RH, spécialisée dans l’inclusion économique.
Tous les jeunes (Bac + 2 minimum, moins de trente ans), ont participé en juin dernier à un atelier collectif intensif de deux jours, avant d’être suivis dans leurs recherches par la fondation. Finalement, neuf d’entre eux ont trouvé une opportunité en lien avec leur projet : un CDI, quatre CDD longs, trois emplois en alternance et un stage de fin d’études.
« À Vénissieux, nous subissons un taux de chômage important, deux fois supérieur à la moyenne nationale, avec 8900 demandeurs d’emploi dont 40% résident en QPV, détaille Djil Ben Mabrouk. Nous avions déjà beaucoup travaillé sur l’inclusion de personnes plus ou moins qualifiées, dans différents domaines d’activité, mais nous n’avions pas encore abordé la question des jeunes diplômés. Il faut dire qu’un jeune diplômé des QPV a cinq fois moins de chances qu’un autre de trouver un travail [en relation avec son niveau d’études]. Ils ont du mal à subir des échecs et à demander de l’aide. Ils subissent en quelque sorte une double peine, alors que ce sont de véritables locomotives pour les quartiers populaires. »
Chahime, l’un des participants, a déniché un stage d’acheteur à Vénissieux, dans une entreprise nationale de transport et de logistique. « La formation a permis de booster certains profils, pas toujours mis en valeur, de trouver les points sur lesquels travailler et de booster notre réseau. Tout cela, ce n’est que du positif et de la valeur ajoutée », assure-t-il. Les obstacles à la suite de la formation ? « On postule, on postule, mais on a rarement des retours… » Fériel se dirige vers le journalisme, s’est installée à Vénissieux pour s’ancrer sur le territoire et en connaitre les acteurs, en découvrant notamment les médias locaux et régionaux, afin de développer son réseau et de postuler plus efficacement. Depuis, la jeune femme travaille en tant que pigiste pour un magazine de communication lyonnais.
Dans un autre registre, Chakib recherche un poste de chargé de recrutement, après notamment une expérience en insertion dans une mission locale lyonnaise. Il est titulaire d’un master 2 en Langues étrangères appliquées. Mais sa recherche d’emploi s’est vite transformée en parcours du combattant. « J’ai par exemple subi un entretien où la personne m’a posé toutes sortes de questions, peut-être pas vraiment racistes, mais totalement discriminantes sur ma religion, mon âge et mon parcours, relate-t-il. Quand je lui ai dit que ces questions n’étaient pas acceptables, elle s’est énervée (…). Le pire, c’est qu’il s’agissait d’une entreprise d’insertion ».
Pour les entreprises, « un choix pertinent »
D’autre ont eu plus de chance, comme Louise qui a pu trouver un poste dans la formation à distance à en région parisienne. Son CDD de six mois s’est ensuite transformé en CDI. Le 14 décembre, lors de la réunion-bilan organisée avec les services municipaux concernés et les responsables de la formation, elle fait suivre un « message d’espoir » enregistré à ses camarades. « Je vous souhaite à tous beaucoup de courage, gardez espoir », leur indique-t-elle. Walid, qui a déménagé lui aussi dans la capitale pour devenir ingénieur informatique — en CDD — reconnaît être passé par « des moments de doute » mais remercie Mozaïk RH pour « les échanges et l’aide apportée, par exemple sur la conception du CV et des lettres de motivation ». La clef de la réussite, selon lui ? « Faire preuve de patience, de détermination et croire en soi ».
Mais pourquoi tant de difficultés ? « Il y a des discriminations à l’embauche qui perdurent, un manque de réseau chez les postulants, avec parfois un petit manque de technique en parallèle. Mais le problème est vraiment systémique », constate Marie-Lou Ferrand, responsable de la fondation pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les candidats issus des QPV ne manquent pourtant pas d’atouts : « Ils ont des parcours riches et diversifiés et ce qu’on peut appeler la « niaque ». Et une fois qu’ils sont en poste, ils sont capables de faire preuve d’adaptation, de résilience et de détermination. Pour la boite qui les embauche, c’est toujours un choix pertinent ».
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