60 ans jour pour jour après la tragique journée du 17 octobre 1961 où de nombreux Algériens ont été tués à Paris, élus et associations se sont réunis à Vénissieux pour rendre hommage aux disparus.
C’est un devoir de mémoire qui a un double écho. Comme chaque année, une cérémonie a été organisée au parc Louis-Dupic, à Vénissieux, afin de rendre hommage aux nombreux Algériens tués pendant des manifestations pacifiques à Paris le 17 octobre 1961. Ce jour-là, ils étaient descendus dans la rue pour demander l’indépendance de l’Algérie et contester l’instauration d’un couvre-feu.
En ce 17 octobre 2021, la Ville, avec l’association « Devoir de mémoire et réconciliation », a commémoré les événements de cette terrible journée, ainsi que les dix ans de l’installation de la stèle, en hommage aux victimes.
Michèle Picard, maire de Vénissieux, a rappelé le contexte de cette manifestation pacifique. « Aucun manifestant n’est armé, et les organisateurs demandent même à chacun d’entre eux de marcher sur les trottoirs pour ne pas gêner la circulation (…) Brutalement tout dégénère (…). Au cinéma du Rex, des rafales de mitraillettes sont entendues. Un car de police fonce sur la foule Boulevard Bonne-Nouvelle. Dans tous les lieux d’arrivée des manifestants, des rafles s’organisent, elles se transforment très vite en ratonnade. (…) Paris vient de vivre une nuit d’horreur, une nuit de cauchemar au cours de laquelle une violence sans borne et une haine de l’autre se sont déchaînées. »
Ils seraient des centaines d’Algériens morts pendant ce rassemblement : jetés dans la Seine, fusillés en pleine rue ou roués de coups, sous les ordres du préfet de police de l’époque, Maurice Papon. On estime entre 140 et 200 le nombre de victimes, même si le FLN parle aussi de 400 personnes disparues.
Trois personnes mises à l’honneur
Parmi ces manifestants, se trouvait alors Mahmoud Hamdiken. Ouvrier chez Berliet, il a longtemps vécu à Vénissieux. Son militantisme pour le FLN lui vaudra un passage en prison, et il sera ensuite interdit de séjour dans le département du Rhône. Il décidera alors de se rendre à Paris et de participer à l’organisation de la manifestation du 17 octobre.
Aujourd’hui âgé de plus de 90 ans, l’association « Devoir de mémoire et de réconciliation » ainsi que la Ville de Vénissieux ont tenu à lui rendre hommage.
Ces atrocités ont longtemps été passées sous silence par la police, mais aussi par les familles algériennes, de peur de représailles. Mais c’était sans compter sur les travaux de nombreux historiens dont Jean-Luc Einaudi, auteur du livre La bataille de Paris. « Grâce à son travail et à sa pugnacité, il a traversé la France pour une reconnaissance de cette journée du 17 octobre 1961 », témoigne Farouk Ababsa, président de l’association. Cette année, un hommage particulier lui a été rendu afin de le remercier pour son travail.
Enfin, la cérémonie a permis de rendre hommage à Évelyne Ebersviller, élue vénissiane décédée en 2015. C’est notamment grâce à elle que la stèle en hommage aux Algériens disparus pendant cette manifestation a été installée, il y a exactement dix ans.
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