Plusieurs dizaines de salariés ont entamé un mouvement de grève ce matin devant l’entrée du site Carso-LSEHL. Au-delà des revendications salariales, ils pointent un climat social pesant et tendu, marqué par un important turn-over.
Ils ont pris place dès 8 heures ce matin, devant l’entrée du site, avenue Jean-Moulin. Soutenus par l’Union locale CGT, et à l’appel des trois syndicats représentées dans l’entreprise (CGT, UNSA et FO), quelques dizaines de salariés de Carso-LESHL (Laboratoire santé environnement hygiène de Lyon) ont entamé ce jeudi une grève reconductible.
Implanté depuis 2015 à Vénissieux – où quelque 800 personnes sont basées – Carso est le leader français des analyses de l’eau et de l’environnement. L’entreprise emploie essentiellement des techniciens de laboratoire. En décembre dernier, dans le cadre des NAO (Négociations annuelles obligatoires), les représentants du personnel ont tenté de porter des revendications salariales : augmentation de 3 %, octroi d’une prime pour les préleveurs d’échantillons, attribution de tickets-restaurants… « Mais les discussions n’ont même pas eu lieu, déplore Carole Normand, déléguée CGT. La direction a refusé net nos demandes. C’est toujours comme ça, il n’y a aucun dialogue. Pour nous faire entendre, nous sommes obligés d’engager un rapport de force. »
La dernière grève en date – c’était aussi la première dans l’histoire de la société depuis son implantation à Vénissieux – remonte à janvier 2019. Les Carso avaient alors arraché une hausse de 2 % des rémunérations. Mais le mouvement engagé ce 17 juin va bien au-delà d’une simple demande de revalorisation salariale. Il dénonce également un climat social « pesant, tendu, anxiogène ».
Ramzi Benkouissem, délégué syndical UNSA, en veut pour preuve le rapport d’expertise établi par le cabinet Diagoris, dans le cadre de la consultation du CSE (Comité social et économique) sur la politique de l’entreprise, les conditions de travail et l’emploi. Un rapport qui indique notamment que 392 personnes ont quitté la société au cours de l’année 2019, dont 46 % suite à une démission. Leur ancienneté moyenne était de deux ans. « Et en 2018, le turn-over avait déjà concerné 400 salariés, précise le représentant de l’UNSA. Ces données montrent bien le mal-être qui règne dans l’entreprise. » Et Farid Mezrai, délégué FO, d’ajouter : « Dans chaque service il y a des personnes en souffrance. Il y a un ras-le-bol général face aux méthodes de management ».
Après la restructuration d’un service, les représentants du personnel ont du reste commandé une autre expertise indépendante sur l’exposition aux risques psycho-sociaux. « La direction ne l’a pas supporté, relate Ramzi Benkouissem. Elle a attaqué le CSE en justice, a perdu et a été condamnée à payer 1500 euros d’amende. Mais elle a décidé d’aller en cassation. C’est une autre illustration du manque total de dialogue dont nous souffrons. »
Sollicitée pour réagir au mouvement qui touche l’entreprise, la direction de Carso, par la voix de sa DRH, Rachida Trabelsi-Raison, se dit « extrêmement surprise des demandes d’augmentations portées par les grévistes, après une année 2020 marquée par une augmentation de plus de 2 % de la masse salariale, malgré la crise sanitaire ». Quant à la dénonciation d’un climat social dégradé, la directrice de personnel invite à « relativiser, dans la mesure où le rapport établi par le cabinet Diagoris porte sur des éléments de l’année 2019. »
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