Rassemblés devant le rectorat de Lyon, ils étaient une centaine de manifestants mobilisés pour demander une reconnaissance du statut des Accompagnants aux élèves en situation de handicap (AESH).
“Ce n’est pas compliqué, on demande seulement de pouvoir vivre de notre métier”, s’exclame Alexandra Mirrain, accompagnante d’élèves en situation de handicap à l’école du Moulin à Vent à Vénissieux. “Nous avons des contrats de 26 heures par semaine et nous ne sommes payés pas plus de 800 € par mois, nous n’avons pas de quoi être indépendants financièrement”, continue l’AESH. “J’ai été obligée de me trouver une colocation, je n’ai pas les moyens de vivre seule”, lance une de ses collègues.
Ils sont une centaine réunis devant le rectorat de Lyon pour dénoncer la précarité de leur métier. “Nous devons faire deux CDD de trois ans avant de pouvoir espérer signer un CDI, il faut donc attendre six ans”, détaille Yannick Chollat, lui aussi AESH au Moulin à Vent. Toute l’école participe à ce mouvement de grève national.
Au sein de l’établissement, les accompagnants sont nombreux à devoir cumuler les missions pour espérer percevoir un salaire décent. “Nous sommes obligés d’avoir plusieurs casquettes pour survivre, nous faisons du périscolaire, nous travaillons à la cantine, on fait du 8 h 30/18 h 30 non-stop, tout ça pour espérer avoir un peu plus de 1 000 € par mois”, affirme Alexandra.
Le PIAL mis en cause
Les AESH s’occupent quotidiennement d’enfants en situation de handicap, un suivi fondamental pour l’élève ainsi que pour l’enseignant en charge de la classe. “Ils offrent un accompagnement pédagogique et physique à l’enfant. Ils font partie intégrante de l’équipe pédagogique, comme n’importe quel professeur, ils sont essentiels au bon fonctionnement de la classe”, témoigne Xavier Seguin, directeur de l’école Moulin à Vent, présent au rassemblement.
Une aide indispensable qui, chaque jour, essaie d’apporter le meilleur accompagnement possible. Pourtant depuis l’introduction du Pôle inclusif d’accompagnement localisé, le Pial, cela devient de plus en plus compliqué de travailler convenablement pour les AESH. « Avec le PIAL, on se retrouve dans une maintenance locale« , décrit Xavier Seguin. Le nombre d’enfants qui bénéficient d’un AESH et le nombre d’heures dont ils ont besoin sont alors calculés et les accompagnants sont ensuite dispatchés dans les différentes écoles en fonction des besoins.
#AESH Accompagnants des Élèves en Situation de Handicap, 5ème journée de grève et de mobilisation pour l Académie de Lyon. 3 ème journée de mobilisation nationale, partout le ton monte !
À nos côtés le 3 juin @evelynedupuis @pcflyon9 @VilledeLyon_FI pic.twitter.com/ZqdMqnSerG— Anne (@anneAESH) June 4, 2021
Ils peuvent alors être mobilisés à tout moment. « Tout notre métier est de tisser un lien avec les professeurs et les enfants, atteste Alexandra. Et depuis le PIAL, du jour au lendemain, nous pouvons être déplacés dans d’autres écoles de notre secteur. Ça casse tout notre travail et c’est au détriment de l’enfant. »
Sur le secteur de Moulin à Vent, il y avait 34 AESH en début d’année. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 30. Aucun départ n’a été remplacé. « Il manque une quarantaine d’heures pour l’ensemble des accompagnements, se désole Alexandra. On baisse le nombre d’heures de certains élèves pour assurer le suivi d’autres enfants. » Une situation jugée inacceptable et éreintante pour la jeune femme. « Nous faisons notre métier par passion, par amour, et on est complètement laissés au dépourvu. »
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