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« Bâtir », passeport pour l’insertion

Intégrer professionnellement et socialement des réfugiés, tel est le but du projet Bâtir, initié et porté par l’organisme de formation les Clés de l’atelier, en partenariat notamment avec le bailleur Alliade habitat. À terme, ce dispositif pourrait même entrer dans le droit commun.

Intégrer professionnellement et socialement des réfugiés, tel est le but du projet Bâtir, initié et porté par l’organisme de formation les Clés de l’atelier, en partenariat notamment avec le bailleur Alliade Habitat. À terme, ce dispositif pourrait même entrer dans le droit commun.
Chiffres clés
– Budget global d’un million d’euros
– 120 réfugiés formés sur 3 ans jusqu’à juin 2023
– 6 sessions de formation de 3 mois par groupe de 20
– 150 000 € versés par Alliade Habitat et Action Logement
– 60 accompagnements sociaux
– 60% à 75% des stagiaires entrent en formation qualifiante ou diplômante
– 25% à 40% des stagiaire trouvent un emploi (contrat aidé, contrat d’insertion…)

C’est un programme de formation destiné spécifiquement aux réfugiés, dont l’objectif est de lever tous les freins qu’ils peuvent rencontrer dans leurs processus d’insertion. Financé à 60 % par le ministère du travail, il est porté par l’organisme de formation Les clés de l’atelier, spécialisé dans les métiers du bâtiment. Il est aussi soutenu par le bailleur Alliade Habitat, qui met notamment des logements à disposition des stagiaires en situation d’urgence. Budget pour trois ans : un million d’euros.

120 réfugiés en tout, sélectionnés principalement par l’association Forum réfugiés et Pôle emploi, seront concernés à terme. Âgés de 20 à 51 ans, ils viennent pour l’heure en majorité du Soudan ou d’Afghanistan, mais aussi d’Érythrée, d’Afrique ou d’Albanie. D’ici un peu moins de trois ans, tous auront bénéficié d’une session de trois mois de formation, par petits groupes de 20 personnes. « L’objectif, c’est que 60 à 75 % d’entre eux intègrent des formations qualifiantes, souligne Vladimir Monavon, chef de projet chez Les clés de l’atelier et initiateur du dispositif. Les mettre à l’emploi ne serait pas une solution pérenne, même si c’est parfois une nécessité pour certains (…) Il leur faut avant tout un diplôme pour trouver un emploi stable ».

Apprentissage du français

Mais l’apport de connaissances n’est pas le seul levier du programme. Durant toute la durée de leur formation, les réfugiés sont soutenus personnellement dans la réalisation de leur projet professionnel. Ils bénéficient également d’un accompagnement social qui perdure neuf mois après leur sortie, avec une préparation optionnelle au permis de conduire.

Durant le premier mois de formation, les stagiaires sont « mobilisés » autour de la réalisation d’un sac à dos qu’ils pourront conserver. « Comme ce sont des publics qui n’ont pas travaillé depuis de nombreuses années, l’idée consiste à leur redonner un cadre avec un travail manuel », explique Vladimir Monavon. Durant la seconde, ils s’attellent à la fabrication de meubles en mois. « Les secteurs de la couture et du bois sont proches de leurs cultures d’origine, ce sont des métiers qui leur parlent, et qui leur permettent de réaliser des choses dont ils soient fiers et leur redonnent confiance. »

Durant ces trois mois, les stagiaires suivent aussi des cours de Français langue étrangère (FLE)*, à raison de 250 heures par personne. « L’apprentissage du français, à l’écrit et à l’oral, doit permettre aux stagiaires de devenir petit à petit plus autonomes au quotidien et de mieux s’insérer dans la vie professionnelle », explique Andréa, la formatrice. Toujours dans l’idée d’aller vers plus d’autonomie, ils s’initient à l’usage des outils numériques : rédaction d’un CV, réponse à des petites annonces, actes administratifs dématérialisés, etc.

Premiers résultats rassurants

Reste l’indispensable « brique » du logement. C’est là qu’interviennent le groupe Action logement et sa filiale Alliade Habitant, en participant à hauteur de 150 000 euros au projet. « De par notre métier, on sait que le logement est souvent un préalable à beaucoup de choses, comme une situation stable ou une possibilité d’avoir un travail », rappelle Marianne Pupier, responsable innovation, marketing et relation clients chez le bailleur. Ce 19 mai, elle joignait le geste à la paroles en remettant, aux côtés de plusieurs acteurs du projet, les clés de leurs logements vénissians à Rasoul et Mohammadi. Âgés respectivement de 27 et 28 ans, ces derniers étaient arrivés d’Afghanistan en 2018.

Trois mois après la fin de la première formation, les chiffres sont plutôt rassurants. Trois stagiaires sont entrés en formation qualifiante, trois autres en contrat d’insertion, un autre a trouvé un emploi. Deux autres devraient signer un contrat professionnel dans la plomberie, et un autre encore doit démarrer dans les jours qui viennent un contrat d’insertion.

« Ce que je trouve intéressant dans ce projet, c’est que « Bâtir » va chercher des compétences expertes là où elles existent. Ce partage d’expérience est une garantie. Ce projet va rayonner », assure Sabine Rovello, du collectif d’associations Entre2toits, partenaire du projet. Et c’est bien l’un des objectifs de l’organisme de formation. « Le dispositif est pour l’heure expérimental, mais l’objectif de l’État est de le faire rentrer dans le droit commun. Charge à nous de faire la preuve de son efficacité », conclut Vladimir Monavon.

(*) Le FLE est un label de qualité accordé par l’État aux organismes de formation qui dispensent des cours de français aux personnes étrangères.

 

 

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