Au sein de l’Unité éducative en milieu ouvert de Vénissieux, éducateurs, psychologues ou encore assistants sociaux assurent le suivi des mineurs en danger ou ayant commis un acte de délinquance.
« On plante beaucoup de petites graines à la Protection judiciaire de la jeunesse, des fois elles prennent, et des fois non« , explique Murielle Hodierne. Quand elle parle de « graine« , cette éducatrice fait référence aux jeunes mineurs qu’elle suit au sein de l’Unité éducative en milieu ouvert.
Murielle Hodierne travaille à l’UEMO de Vénissieux. Cette structure, composée d’éducateurs, de psychologues et d’assistants sociaux, est rattachée à la Protection judiciaire de la jeunesse et propose un accompagnement de mineurs.
L’Unité regroupe les zones de Vénissieux, Lyon 8, Saint-Fons, Saint-Priest, Feyzin et Saint-Symphorien-d’Ozon. Au total, en 2019, environ 600 jeunes étaient suivis, dont quelque 200 Vénissians. L’UEMO intervient dans le domaine pénal, lorsque des mineurs sont accusés de délits, et dans le cadre du civil, lorsqu’un enfant est considéré en danger. Avant que le mineur ne soit jugé pour son délit, l’unité va l’accompagner.
C’est en effet une des spécificités de la prise en charge des mineurs en France. « On ne va pas les juger seulement sur leurs actes, explique la directrice, Carole Péan, on va étudier leur personnalité, on va tout faire pour savoir qui ils sont, observer dans quelles conditions ils vivent, leur scolarité, leur santé… » Il y a de nombreux entretiens avec le mineur, sa famille, des visites à domicile, sur son lieu de travail ou à l’endroit où il se sent le plus en confiance. « Mais il y a également beaucoup d’actions collectives où on regroupe plusieurs jeunes comme des voyages ou des discussions« , détaille Denis Lucet, lui aussi éducateur.
Créer du lien
Les équipes doivent tout savoir du mineur qu’elles prennent en charge. Et ce n’est pas toujours chose facile. « On travaille dans la contrainte, ils ne souhaitent généralement pas nous rencontrer, reprend Denis Lucet. C’est là tout l’enjeu, il faut créer du lien pour parvenir à les accompagner au mieux en fonction de leurs besoins. »
Une relation de confiance doit donc s’installer entre les différentes parties et cela peut parfois prendre des mois. « On doit leur faire comprendre que nous ne sommes pas là pour les enfoncer, mais pour essayer d’améliorer leur situation« , résume Murielle Hodierne. Une fois cet accompagnement réalisé, les différents acteurs de l’UEMO vont alors écrire un rapport sur la situation du jeune, ses difficultés et ses évolutions. Ce rapport sera ensuite présenté au tribunal et juge pourra alors s’appuyer sur les remarques et les conseils de l’Unité pour prendre sa décision.
« On a beaucoup de belles histoires »
En moyenne, un éducateur suit 25 jeunes en même temps. Autant d’histoires différentes et de situations parfois difficiles. Et toujours un attachement qui se crée entre les mineurs et les éducateurs, qui parfois se côtoient plusieurs années. Denis se souvient notamment d’un cas qui l’a particulièrement marqué. « Nous avons suivi un jeune pendant plus d’un an. Au tribunal, sa maman a pris la parole spontanément pour parler de son fils. Elle s’est alors tournée vers nous et a déclaré ‘je vous ai confié un enfant, vous m’avez rendu un homme’. Tout était réuni dans cette phrase, sa confiance, notre accompagnement, l’évolution de son fils… J’ai été très touché par ce moment. »
« On en a beaucoup de belles histoires, observe Murielle. De nombreux jeunes ont réussi à se remettre en question pour construire quelque chose de nouveau et de solide. Parfois certains repassent nous voir et ça nous fait très plaisir. »
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