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Grande patronne

À la tête d’une entreprise de 2 250 collaborateurs, Alexandra Mathiolon a réussi à s’imposer dans le monde plutôt masculin des dirigeants de grandes entreprises. Portrait d’une dirigeante d’entreprise aguerrie.

Copyright Barbara Tournaire

Alexandra Mathiolon – copyright Barbara Tournaire

À la tête d’une entreprise de 2 250 collaborateurs, Alexandra Mathiolon a réussi à s’imposer dans le monde plutôt masculin des dirigeants de grandes entreprises. Portrait.

Son avenir était bien tracé, mais c’est elle qui a creusé le sillon. La trentaine à peine entamée, Alexandra Mathiolon a pris les reines du groupe Serfim le 1er janvier 2020, succédant ainsi à son père, Guy Mathiolon. L’entreprise fait vivre à ce jour 2 250 collaborateurs, dont 900 travaillent à Vénissieux. Chiffre d’affaires : 400 millions. « Mon père a toujours insisté pour que l’on déconnecte bien notre vie personnelle, nos études et notre vie professionnelle, se souvient la cheffe d’entreprise. Mais quand nous avons commencé à parler sérieusement de la succession, il y a eu ce moment où je me suis dit ‘oui, il me fait confiance pour cela’. Ce fut un sentiment de grande fierté. »

L’ombre du père
Le processus de transition — prévu pour durer cinq ans — a débuté en mai 2018. Alexandra est alors nommée directrice adjointe de la branche Énergie de Serfim, avant de s’asseoir dix-huit mois plus tard dans le siège de directrice générale du groupe. « Guy Mathiolon est toujours présent, nous confiait-elle alors, quelques jours après cette nomination. Il le sera de moins en moins dans les deux prochaines années. Mais j’ai vraiment besoin de lui car il est très impliqué dans la vie locale et dans de nombreuses institutions. Il fournit un travail exceptionnel, ce qui me permet de me concentrer sur l’interne et l’international, même si la ligne n’est pas figée. »
Est-il pour autant difficile de marcher dans les pas de Guy Mathiolon ? « Évidemment, c’est quelqu’un qui a construit énormément de choses et sa réussite est exceptionnelle, explique-t-elle. Alors j’essaie de ne surtout pas me comparer à lui, de capitaliser sur nos complémentarités et nos différences, sans oublier que nous n’avons pas le même âge, le même réseau ou le même parcours. Et les choses deviennent plus simples, d’autant que nous partageons les mêmes valeurs. »
La question d’être une femme dans un milieu plutôt viril – celui des chefs d’entreprise – ne l’effraie pas non plus. « Aujourd’hui, cela devient de plus en plus naturel, la question se pose de moins en moins. Ceci étant, il reste encore un certain nombre de biais en termes d’égalité professionnelle au sens large. […] Si, dans les conseils d’administration, la loi impose désormais la présence de 40 % de femmes, il y a encore du travail dans les comités de direction. J’ai pour ma part été très bien accueillie. » Et de rappeler que Serfim TIC a reçu en 2019 de l’Afnor le label Égalité, qui récompense la manière dont les femmes sont intégrées au quotidien dans l’entreprise.

Parcours sans faille
La jeune femme n’a rien à envier à ses collègues masculins. Diplômée de l’école des Mines de Saint-Étienne et de la prestigieuse université Imperial College London (master spécialité Énergies Renouvelables), l’ingénieure a cumulé plusieurs stages à l’étranger. Avant de commencer véritablement sa carrière au Royaume-Uni, en intégrant le célèbre cabinet américain de conseil en stratégie McKinsey & Company. « Dans le cadre de mes missions j’ai été amenée à voyager beaucoup en Europe, mais aussi au-delà avec un stage de six mois à Singapour. Ces immersions dans la culture anglo-saxonne m’ont permis de découvrir le management collaboratif, qui se nourrit de nombreux échanges. Il permet une communication plus libérée, mais aussi plus positive. L’idée, c’est que ce qui fait la différence chez quelqu’un le rend plus fort. C’est aussi un environnement qui cultive la diversité sous toutes ses formes, provenance, genre, cultures ou autres. Chacun amène un bout de la solution globale pour faire avancer le projet. »

Depuis qu’elle a pris la tête du groupe Serfim, Alexandra Mathiolon s’est fixé l’objectif prioritaire de conserver le cap, sans faiblir. Pour se ressourcer dans ce quotidien souvent stressant, la dirigeante ne croit pas aux recettes miracles. « Je m’appuie sur mes proches, en déconnectant au maximum ma vie professionnelle de ma vie personnelle. Mais comme Serfim est une entreprise familiale, c’est parfois difficile ! Alors j’aime me mettre au vert, sortir de la ville, prendre du recul à la campagne. » Outre cette faculté à décrocher quand il le faut, la jeune femme mise avant tout les vertus d’une organisation sans faille. « C’est ce qui me permet de garder du temps pour mes proches, et qui laisse sa place à chacun dans le couple et dans la famille ». Une famille qui, par ailleurs, s’agrandit. Alexandra, déjà maman d’une petite fille de huit mois est, à l’heure où nous écrivons ces lignes, sur le point de donner naissance à son petit frère. « On ne va pas se le cacher, mon prochain défi sera de passer le cap des deux enfants, sourit-elle. Beaucoup de gens me disent qu’un enfant c’est une chose, mais que deux c’est plus compliqué. Nous verrons bien ! » Et de conclure, philosophe : « Si dans vingt ans tout va bien je pourrai donner des leçons. Mais pour l’instant je ne suis qu’au début de ce challenge ! ».

1 Commentaire

1 Commentaire

  1. CURT Philippe

    25 mars 2021 à 11 h 23 min

    Bonjour Madame,

    Votre parcours et votre vision sont exemplaires.
    Félicitations! professionnelles et personnelles.

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