Le trio de harpe-rock, ainsi que l’a désigné François Gorin, un journaliste de Télérama, a participé à la dernière édition en ligne des Musicianes, le festival musical organisé par l’école de musique Jean-Wiener. Retour sur Maël Salètes, guitariste du groupe et prof à cette même école.
Si Maël Salètes a démarré son enseignement de la guitare à l’école Jean-Wiener en 2011, il est depuis plus longtemps membre du groupe L’Étrangleuse. Un nom qui intrigue et qu’il a tôt fait d’expliquer. « C’est vrai qu’il surprend, voire inquiète. Il est simplement un peu provocateur. Un groupe avec une harpe qui porte un nom comme ça, qu’est-ce que ça va être ? C’est pour trancher avec l’aspect poétique de l’instrument. Et L’Étrangleuse évoque aussi le polar. Après tout, la harpe a des cordes et la guitare aussi. Et nos musiques jouent sur les enchevêtrements. »
Maël le reconnaît lui-même, la formation du duo de départ s’est fait « un peu par hasard ». Il connaissait Mélanie Virot, artiste et enseignante à l’ENM de Villeurbanne. Quand elle lui a proposé de s’associer, il s’est demandé « quel genre de musique inventer avec une guitare électrique et une harpe d’orchestre à pédales, la forme la plus grande de l’instrument ». La réponse fut vite trouvée : « Amener la harpe en dehors des territoires où on la connaît : classique, romantique et celtique. Aller vers des musiques plus actuelles, plus expérimentales, plus rock. »
L’Étrangleuse a déjà trois albums et un quatrième en travail, plus 260 concerts à son actif. Il y a moins de deux ans, le duo est devenu trio, avec l’arrivée du batteur Léo Dumont, impliqué dans les scènes jazz et rock lyonnaises — il joue ainsi dans Chromb et Pixvae. Le groupe a, début février, participé aux Musicianes, festival organisé par l’école de musique Jean-Wiener à Vénissieux.
« Vu que tous les concerts proposés étaient en mode numérique, reprend Maël, et qu’il fallait mobiliser pour cela une équipe vidéo, on s’est dit que L’Étrangleuse avait déjà tourné plusieurs clips et qu’on pouvait en utiliser un. » Ce qui fut fait avec Coïncidence.
« On avait prévu de faire participer les élèves, regrette le guitariste. Malheureusement, on n’a pas pu le faire. J’ai un élève adulte qui a composé un morceau, suite à un travail sur les musiques africaines. Il est d’origine rwandaise et sait qu’il existe différentes manières de jouer de la guitare dans ces musiques. Le concert prévu devait être ponctué par trois élèves, dont lui. Ce n’est que partie remise. Il est vrai que les élèves les plus pénalisés sont les adultes parce que, pour eux, les cours en présentiel ne sont plus possibles. »
Une drôle d’épreuve
Le sujet nous amène à la pandémie. Comment est-elle vécu par les musiciens ? « Catastrophique » est le premier adjectif qui vient à l’esprit de Maël. Il faut expliquer qu’outre ses cours, il compose et joue dans deux groupes, L’Étrangleuse et l’Orchestre Tout Puissant Marcel-Duchamp (OTPMD), et accompagne aussi la chanteuse Sahra Halgan. « Le dernier concert avec elle s’est produit il y a pile un an. Nous avions ensuite une énorme tournée de mars à juillet dans différents pays. Tout a été annulé. Avec, à chaque fois, des reports eux-mêmes annulés. Trois fois, ça s’est produit. Le sketch est de moins en moins drôle. Aujourd’hui, j’en suis à près de 70 concerts annulés. C’est une drôle d’épreuve. Mais, curieusement, on n’est pas complètement inactifs. Les salles de concerts ont réorienté leur budget vers les répétitions et les résidences. Ainsi, L’Étrangleuse sort d’une résidence d’une semaine à l’Opéra de Lyon Underground. Avec l’OTPMD, nous avons pu enregistrer pendant le dernier confinement et travailler dans un théâtre de Genève. »
Les musiciens travaillent donc mais… « Mais, répond Maël, le cœur de l’intérêt de la musique, c’est un musicien qui joue et un public qui écoute. C’est la réalité ! On prend notre mal en patience. »
https://www.la-curieuse.com/artiste/letrangleuse/
https://www.otpmd.ch/news.html
https://www.soyouzmusic.com/sahra-halgan
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