Les résultats des évaluations nationales des CP, CE1 et sixième sont tombés, et ils démontrent que les élèves ont souffert, à des degrés divers, du confinement du printemps. Ainsi, certains écarts se sont notamment creusés entre les élèves scolarisés en zone d’éducation prioritaire et les autres.
Le confinement a accru les inégalités scolaires. Certes, on pouvait s’en douter, mais les résultats des évaluations nationales, réalisées en septembre par l’ensemble des élèves de CP, CE1 et sixième, sont très clairs. Une baisse qui démontre que malgré les efforts de tous, les apprentissages des élèves, et plus particulièrement des plus fragiles, ont été affectés par la situation difficile qui touche notre pays depuis mars dernier. Ainsi, les élèves ont souffert, mais à des degrés différents.
En classe de CP, les résultats sont ainsi, en français comme en mathématiques, en légère baisse, particulièrement sur les domaines travaillés en fin de grande section de maternelle. Par exemple, le pourcentage d’élèves ayant une maîtrise satisfaisante de la « connaissance du nom des lettres et du son qu’elles produisent » passe de 80,1 % à 77,8 %. Celui de ceux ayant une maîtrise satisfaisante de la compétence « manipuler des syllabes » (discrimination des sons), passe de 81,3% à 79,3%. Par ailleurs, le pourcentage des élèves ayant acquis la compétence « comprendre des mots lus par l’enseignant », passe de 70,3% à 69,1%. En mathématiques, la part d’écoliers sachant « résoudre des problèmes » baisse de 66,1% à 64,4%.
Inquiétude en CE1 pour les élèves en REP +
En classe de CE1, les résultats sont davantage inquiétants. En français, on assiste à une baisse “de 4,8 points pour la lecture de textes, de 4,3 points pour la lecture de mots et pour l’écriture de mots de 4,5 points. En mathématiques, en revanche, les performances sont comparables en moyenne entre 2019 et 2020″. À l’exception d’un domaine, « représenter des nombres entiers », qui connaît une baisse supérieure à 1 point (-1,2 point). Plusieurs explications peuvent être avancées : une partie de ces compétences était-elle déjà installée avant la période de confinement ? Les parents ont-ils pu davantage accompagner leurs enfants en mathématiques et en compréhension qu’en lecture et en écriture, domaines exigeant davantage de précision et de compétences ?
Mais c’est en classe de CE1 que les écarts entre le secteur hors éducation prioritaire et celui de l’éducation prioritaire s’accentuent, notamment en français : alors que les écarts étaient stables entre 2018 et 2019 entre les élèves, on observe entre 2019 et 2020 une hausse des écarts de performance sur les items « Connaître le nom des lettres et le son qu’elle produisent » (+2,9 points) et « Reconnaître des lettres » (+2,8 points). Des données qui montrent que les élèves issus des milieux les plus défavorisés ont été les plus été touchés par les conséquences du confinement.
En classe de sixième
Les bonnes nouvelles viennent du coté des collèges. Les résultats sont en effet très largement en hausse : en français de 6 points, en mathématiques, de 4 points. C’est même le cas dans tous les secteurs : en français, +6 points en public hors éducation prioritaire, +5 points en REP, +5 points en REP+, +8 dans l’enseignement privé ; en mathématiques, +4 points en public hors éducation prioritaire, +2 points en REP, 0 point en REP+ et +7 dans l’enseignement privé.
Enfin, pour la première fois, un test de lecture à voix haute individuelle a été organisé pour les élèves entrant en sixième. Le score moyen est de 124 mots lus en une minute, supérieur donc au seuil fixé à 120 mots qui correspond aux attendus de fin de CM2. 53% des scores sont au-dessus de ce seuil. Quelques chiffres sont cependant inquiétants : 31% sont en dessous du seuil des 120 mots. Et 15% des élèves se situent en dessous du seuil des 90 mots, qui correspond aux attendus de fin de CE2.
Ce qu’ils en pensent
À Vénissieux, les discours des enseignants varient face à ces évaluations. Si certains les défendent ardemment, d’autres sont beaucoup plus réservés, et affirment même ne pas tenir compte des résultats.
« Certains de mes collègues y jettent peut-être un œil, mais nous ne nous en servons absolument pas comme outils d’école, commente Bernard Bagaggia (SNUipp) directeur groupe scolaire Ernest –Renan. On avait des craintes, bien sûr, sur le niveau de certains de nos élèves mais nous avons des classes à 12 et pour l’instant ça se passe plutôt bien. Pendant le confinement, les enseignants téléphonaient aux familles. Celles-ci venaient récupérer le travail à l’école. On a vraiment gardé le lien. Nous avons d’autres manières d’évaluer nos élèves. Ainsi nos élèves ne sont pas stressés ni leurs parents. »
« Ces évaluations après un confinement de plus de deux mois constituent une totale aberration, assure Christophe (syndicat SUD), professeur au collège. On voit bien au quotidien la difficulté de nos élèves. Nous n’en apprenons rien. »
« Personnellement je suis très attachée à ces résultats, indique pour sa part Caroline, prof en CE1. Seul bémol : il aurait fallu les faire plus tard cette année. En septembre, c’était un peu tôt. Ces données me sont utiles dans ma pratique d’enseignantes. Je ne suis pas surprise par les résultats de mes élèves. J’ai la chance d’être dans une classe à 12, donc ils vont progresser rapidement. Je ne suis pas inquiète. »
« Je suis assez mitigée face à ces évaluations, constate Sarah, professeur de CM2. En REP+, on ne travaille pas comme dans un établissement de centre-ville. On adapte notre manière d’enseigner auprès des plus fragiles. Que ces élèves aient vécu le confinement de manière plus agressive, c’est quelque chose que l’on savait. Ce n’est franchement pas une découverte. »
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