Par tous les temps, Rodrigue Yao Ogoubi se déplace sur son VTC. Cette passion sans bornes pour le vélo, il en a fait son métier : Janus France, association qu’il dirige depuis 7 ans, accompagne les publics éloignés du deux-roues vers une pratique autonome et sécurisée.
Le flirt poussé entre la petite reine et Rodrigue remonte à une trentaine d’années, quand le jeune homme, vivant alors au Togo, devait se rendre au collège à vélo. « J’ai poursuivi mes études à Lyon, à l’université Lyon 3, et la bicyclette était toujours mon compagnon indispensable, même quand je me démultipliais pour mener à bien mes actions à la Croix-Rouge, puis à la Licra. »
Alors qu’il est chargé de projet au sein de cette dernière association, Rodrigue organise en 2011, avec trois autres personnes, un voyage entre Lyon et Amsterdam. Quelque 1 300 kilomètres parcourus en une quinzaine de jours. Un tournant pour ce fringant quadra. « Outre le fait de rencontrer des gens parfois étonnants, j’ai eu le temps durant cette quinzaine de voir jusqu’où pouvait me mener cette passion. »
« En fait, reprend Rodrigue, intarissable dès que l’on aborde le sujet, j’ai au moins une triple approche sur le développement du vélo. Il y a bien sûr l’aspect ludique, comme lors de ce voyage en Hollande. La dimension éducative afin d’être un cycliste urbain averti. Et enfin l’approche technique pour savoir utiliser et réparer un vélo. C’est ce qui m’a conduit tout naturellement à créer en 2013 l’association Janus, où l’on retrouve ces trois orientations. »
Encore trop de freins
Dès lors, tout est prétexte à promouvoir l’utilisation du vélo. Singulièrement à Vénissieux, où l’association est domiciliée. « Notre commune ne manque pas d’atouts pour devenir une ville où le vélo a toute sa place, est convaincu Rodrigue. Si l’on a une volonté forte de cyclabilité, si on lève progressivement tous les freins à la mobilité, les habitants seront incités à faire évoluer leurs habitudes de déplacement. »
En dépit des progrès réalisés dans l’agglomération ces dernières années, notamment sur le nombre de kilomètres de pistes cyclables, Rodrigue considère que les freins au développement du vélo restent trop nombreux. Il pointe en particulier le manque de locaux sécurisés au bas des immeubles pour stationner son deux-roues. « Aujourd’hui, on a le choix entre attacher son vélo à un poteau – au risque de se le faire dérober ou vandaliser – et le monter dans son appartement pour l’entreposer sur le balcon – ce qui n’est pas toujours évident. »
Provélo, pas anti-voiture
À trop se focaliser sur le cycle, on pourrait penser que Rodrigue est un anti-voiture « Faire du vélo, ce n’est surtout pas interdire l’auto, corrige-t-il. Mais on peut repenser les usages, rééquilibrer les espaces publics, sensibiliser les citoyens au mode doux et offrir un cadre de vie plus respectueux. »
Passionné de vélo et de la vie qui va avec, Rodrigue l’est assurément. Sauf quand il s’agit d’entrer dans l’univers du sport. « Je n’y connais pas grand-chose, confirme-t-il, amusé. On va dire que je m’intéresse sans excès aux résultats sportifs. Je n’ai même pas assisté à l’arrivée de la 18e étape du Tour de France, le 18 septembre, à la Croix-Rousse. »
Le fondateur de l’association Janus préfère de loin se focaliser sur les thèmes qui lui sont chers : la démocratisation du vélo, l’apprentissage dès l’école, la compatibilité avec l’usage des transports en commun, le développement de stationnements sécurisés…
D’autant que la crise sanitaire – s’ajoutant à la prise de conscience climatique et écologique, ainsi qu’aux aides à l’achat proposées par les collectivités et le gouvernement – est venue booster l’intérêt des Français pour la petite reine. Le contexte n’a sans doute jamais été aussi favorable à une progression forte et durable de l’usage du vélo. Ce n’est pas Rodrigue qui va s’en plaindre.
Cessieux
2 octobre 2020 à 18 h 52 min
Tuas raison Rodrigue à vélo, c’est la meilleur façon de voir le monde où nous vivons