2020 est la quatrième année consécutive de sécheresse dans le département. Face à cette pénurie en eau, une politique d’économie de la ressource se met en place. Des services municipaux aux particuliers en passant les agriculteurs, l’heure est à l’adaptation.
Le 12 août, le préfet prenait un arrêté plaçant le Rhône et la Métropole en situation d’alerte renforcée sécheresse et imposant des restrictions de consommation. Pas besoin d’être un expert pour constater les effets du réchauffement climatique : pelouses grillées, champs de maïs desséchés… Fin août, il était tombé dans le département seulement 352 millimètres de précipitations depuis le début de l’année, contre 856 mm en 2019, 862 en 2018, 652 en 2017… Des années déjà très pauvres. Conséquence : le niveau des nappes phréatiques et des cours d’eau ne cesse de baisser. La situation a atteint un point véritablement critique.
La Ville de Vénissieux, qui a reçu son label 4e Fleur en 2018, tente de s’adapter pour l’entretien de ses zones vertes et fleuries. Cet été, les services municipaux ont cessé d’arroser les espaces verts, à l’exception des serres, des stades et de certains massifs devant des lieux emblématiques. Le travail d’économie de la ressource se fait également en amont. Des arbres moins gros, plus jeunes, avec moins de feuillage sont plantés, en remplacement des vieux spécimens très feuillus qui peuvent consommer jusqu’à 150 litres par jour. Des espèces résistant mieux à la chaleur sont privilégiées, comme les cèdres. Dans le choix des plantes et des fleurs aussi, les jardiniers optent pour des végétaux moins gourmands, des annuelles et vivaces, à l’image des jonquilles qui fleurissent sans arrosage au printemps. La chasse au gaspi se traduit par une approche de plus en plus rationnelle de l’arrosage, avec l’usage de programmateurs, le recours plus fréquent au goutte-à-goutte. Enfin, une cuve de plus de 90 m3 a été enfouie près des serres municipales pour récupérer l’eau de pluie, même si elle se fait rare.
Mutation agricole
Sur les 340 hectares qu’il gère sur le Plateau des Grandes terres, Gilles Barioz, agriculteur vénissian, opère lui aussi une mutation de ses pratiques. « Cette sécheresse, conjuguée à des vents violents, a battu des records cette année, déplore-t-il. Il faut se rendre à l’évidence, nous devons changer de système. Ce constat n’est pas nouveau : l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) le préconise depuis longtemps déjà. Sur les Grandes terres, nous avons commencé à le faire. Personnellement, j’ai progressivement remplacé le maïs par le soja, moins rentable certes, mais plus sûr. Le sorgho peut représenter une solution intéressante. Résistant à la sécheresse, il a besoin de 30 % d’eau de moins que le maïs. Il faut cultiver des variétés de céréales arrivant à maturité plus rapidement. Pour faire face à cette période difficile, je vais repousser les investissements qui étaient programmés pour 2021, essentiellement du matériel agricole. »
Au Jardin de l’Envol, cet espace collectif d’insertion sociale installé entre l’école Charles-Perrault et le lycée Jacques-Brel, les approches alternatives ne datent pas d’aujourd’hui. « On a toujours cherché à ne pas gâcher, à nous adapter, à privilégier des cultures respectueuses de l’environnement », rappelle l’animatrice, Silvie Minot. Mais l’intensité de la sécheresse 2020 a conduit l’équipe à prendre de nouvelles mesures. « Actuellement, on favorise l’arrosage profond, le paillage épais pour son effet barrière anti-évaporation des sols. On a aussi le projet d’investir dans une ombrière pour serre afin de réduire la chaleur. Il nous faut continuellement renforcer nos capacités de résistance au changement climatique. »
Résister pour s’adapter, un slogan plus que jamais d’actualité.
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