Dès la saison chaude, comme dans une soixantaine de départements français, certains quartiers de Vénissieux sont envahis par des colonies de moustiques-tigres. Il est toutefois encore possible de limiter leur prolifération et les nuisances.
Ils sont petits, silencieux, malins et voraces, piquent principalement la journée et se cachent la nuit. Une fois qu’ils ont colonisé un nouveau territoire, on les reconnaît autant aux boutons qu’ils laissent sur votre peau qu’à leur robe noire et tigrée. Ils transportent et transmettent parfois la dengue, le chikungunya ou le virus Zika (mais pas le Covid-19). La femelle peut pondre jusqu’à cinq fois dans sa vie, jusqu’à 150 œufs à chaque fois et se nourrit de votre sang pour les porter à maturité. Des œufs qui sont capables de stopper leur développement pour survivre aux grands froids et à la sécheresse, avant de reprendre leur croissance et vivre près d’un mois. Si vous les suivez de près, vous les verrez papillonner jusqu’à 100 mètres de leurs lieux de naissance et franchir allègrement clôtures, bosquets et vitres ouvertes. Ces hôtes peu désirables savent donc voyager en voiture, en train ou en avion, ce qui explique leur prolifération le long des grands axes routiers. Eux, ce sont les moustiques-tigres, qui envahissent chaque été un peu plus notre espace vital.
Vénissieux fortement impactée
« C’est simple : depuis deux ans, à partir du mois de juin, on ne peut plus manger dehors, surtout en journée, sinon on se fait littéralement dévorer, soupire Clarisse, qui habite un pavillon au Moulin-à-Vent. Pourtant, cette année, j’ai fait extrêmement attention à ne pas laisser d’eau stagnante dans le jardin. Ces bestioles se sont installées, on doit vivre avec elles. » En 2020, le site vigilance-moustiques.com, qui recense le nombre de déclarations de cas en France, a d’ailleurs placé le Rhône en vigilance rouge, ce qui signifie que l’animal s’est implanté dans le département, et qu’il y est actif. 58 autres sont dans ce cas, ce qui porte à 67 le nombre de départements colonisés ou en passe de l’être. La ville de Vénissieux est quant à elle « fortement impactée » selon Christophe Bellet, responsable opérationnel de l’agence décinoise de l’Entente interdépartementale de démoustication Rhône-Alpes (EID). Ce que confirme Sébastien Arnaud, directeur général adjoint en charge de la sécurité, de la prévention et de la citoyenneté de la Ville. « Il y a des villes plus impactées que nous dans l’agglomération, et tous les quartiers ne sont pas touchés avec la même intensité, nuance-t-il. Par exemple, le secteur du Moulin-à-Vent est bien plus touché que celui du Centre, mais les moustiques-tigres progressent actuellement vers le plateau des Minguettes. »
Un sujet collectif
Le combat n’est pas perdu pour autant. « Même lorsque les gens sont envahis, il est toujours possible de limiter les nuisances et d’éviter une croissance exponentielle des populations. Mais c’est vraiment un sujet collectif », insiste Coline, agent préventeur à l’EID. « Tous les types d’habitat sont concernés, les maisons individuelles bien sûr, mais aussi les immeubles, notamment ceux avec des terrasses ou des jardins partagés », ajoute sa collègue Marie. Comment se défendre alors ? « Le principe de base, c’est de faire la chasse aux eaux stagnantes dans son jardin, sur sa terrasse ou dans sa cour, répond Christophe Bellet. Il faut surveiller les avaleurs d’eaux pluviales, les soucoupes, les vases, les bidons, les pneus, les coupelles sous les pots de fleurs, les bâches… Le moustique-tigre ne colonise pas les mares, les étangs, les flaques ou les fossés. C’est bien l’habitat humain qui l’attire. » En tout dernier ressort, des interventions sont possibles pour éradiquer chimiquement l’intrus, rappelle-t-on à l’EID. « Mais ce sont des interventions lourdes qui nécessitent une logistique particulière et que nous réservons à des cas très particuliers. » En revanche, l’EID peut fournir des moustiquaires aux personnes qui en feraient la demande.
De la prévention… à la répression
À Vénissieux, on met par ailleurs en avant une politique volontariste de lutte contre l’envahisseur ailé. « Le service communal d’hygiène et de santé de la Ville est un partenaire précieux, avec qui nous travaillons efficacement », souligne Christophe Bellet. « En partenariat avec l’EID, des campagnes d’information sont organisées auprès des jardins familiaux situés sur la commune, qui ont un risque élevé de gîtes larvaires, précise Sébastien Arnaud. En accord avec les gestionnaires, des mises en demeure sont ensuite adressées aux occupants qui ne les supprimeraient pas. Et si la mise en demeure ne suffit pas, nous pouvons aller jusqu’au procès-verbal ou à l’expulsion. » D’octobre 2018 à septembre 2019, les 126 parcelles des jardins familiaux TCL ont ainsi été contrôlés et débarrassés de leurs gîtes larvaires, tout comme, entre autres, le jardin de l’Espéranto début juin. La balle est maintenant dans le camp des particuliers. Ce n’est qu’un début, continuons le combat !
> Plus d’infos sur eid-rhonealpes.com ou sur le site de la Ville
Samia Ben Rejeb
29 juin 2020 à 15 h 53 min
Ha oui, ma fille de à peine un an en a subit les conséquences, elle s est réveillé ce matin avec l œil totalement fermé et gonflé, et hier on en a tué un, cette bestiole ne l a pas loupé