Les Portes du Sud ont joué un rôle très important face à l’épidémie. Le directeur, Cédric Ploton, salue l’exemplarité de son personnel pendant cette période difficile, qui a vu une trentaine de soignants contaminés dans l’exercice de leur fonction.
Quel a été le rôle des Portes du Sud depuis le début de la crise sanitaire ?
Cédric Ploton : Les Hospices civils de Lyon ont pris les choses en main en amont et nous avons travaillé ensemble sans nous poser de questions. Une véritable coopération s’est installée. Les HCL ont divisé Lyon et sa Métropole en quatre hubs : nous faisions partie du « hub centre » composé d’Édouard-Herriot, Saint-Luc/Saint Joseph, Desgenettes, l’hôpital de Bourgoin-Jallieu, les cliniques Mermoz, Natecia et du Parc, ainsi que le Centre Léon-Bérard.
Chez nous, 53 lits étaient dédiés aux malades. Si l’un de nos patients nécessitait une prise en charge en réanimation, il était transféré dans un hôpital du hub. Nous savions toujours où ils étaient admis, et quand ils sortaient de réa nous faisions tout le nécessaire pour qu’ils reviennent dans notre service.
Les autres activités ont été mises à l’arrêt ?
C.P. : Oui, comme partout ailleurs en France, nous avons été obligés de fermer la plupart des services (l’ambulatoire, l’addictologie…). Suite à un décret publié le 13 mars, les interventions non urgentes ont en effet été déprogrammées. Seules les urgences étaient maintenues, ainsi que la maternité. Notre personnel a été réaffecté dans l’unité Covid.
Je tiens à souligner la forte implication de nos médecins libéraux. Certains ont fait les prélèvements, d’autres étaient aux urgences pour réguler et prendre en charge les malades, ou encore travaillaient au sein de l’unité Covid.
Votre personnel a-t-il été touché par le virus ?
C.P. : Une trentaine de personnes ont été contaminées : des aides-soignants, infirmières, médecins. Certains ont du mal à s’en remettre. Heureusement, aucun d’entre eux n’a dû être hospitalisé. Mais tous ont été très fatigués. Psychologiquement aussi, ce fut très difficile. Mes équipes ont affronté un certain nombre de décès dont je n’ai pas encore le nombre en retour.
Quelle est la situation aujourd’hui ?
C.P. : On garde un petit nombre de lits réservés aux éventuels patients Covid : huit au total pour notre établissement, au cas où. La chirurgie a repris à 50 %. L’État a contingenté les produits anesthésiants par décret, les autorités sanitaires ayant redouté une pénurie au plus fort de l’épidémie, il nous faut donc les économiser. Aux urgences, on est revenu à 75 % de notre activité de passage habituelle. On voit revenir la traumatologie, les personnes victimes d’accident. Ce service avait beaucoup perdu pendant le confinement : de 130 patients par jour nous étions tombés à une soixantaine. Nous avons également assisté à une diminution des autres pathologies, notamment les AVC et les infarctus diminués. On assiste par ailleurs à un retour de patients chroniques, dont l’état s’est détérioré.
Les consultations ont-elles repris ?
C.P. : La télémédecine est toujours préconisée actuellement, mais il y a des spécialités pour lesquelles c’est plus difficile. Donc elles reprennent à petits pas, dans des conditions sanitaires strictes bien entendu. Une personne donne des masques à l’entrée du bâtiment de consultations et effectue des prises de température.
Les familles peuvent-elles visiter leurs familles ?
C.P. :Toujours pas. Exceptionnellement, une visite peut être accordée sur avis médical. À la maternité, seul le papa peut venir. Nous sommes également dans l’obligation d’accueillir un seul patient par chambre (même dans les doubles), ce qui nous fait perdre une quarantaine de lits sur les 235.
Quand voyez-vous un retour à la normale ?
C.P. : On retrouvera peut-être un semblant de normalité en septembre, mais certainement pas avant. Et si tout se passe bien !
Que dites-vous à vos équipes aujourd’hui ?
C.P. : Merci. Tout simplement.
Que pensez-vous du fait que votre personnel est pour l’instant exclu de la prime Covid de 1 500 euros ?
C.P. : Ce n’est pas normal. Dans le décret publié par le gouvernement précisant que tous les personnels qui ont participé aux services Covid percevraient une prime de 1 500 euros, eh bien nous n’y sommes pas. Ni les établissements privés, ni ceux participant au service public hospitalier. Franchement, le personnel mérite cette prime. Nous allons tout faire pour qu’elle leur soit allouée.
« Ségur de la santé » : la CGT attend des actes
Gisèle Putoud, déléguée CGT des Portes du Sud, souligne que la période Covid a été bien organisée. « Ce fut épuisant pour les soignants, mais à Lyon et dans notre établissement tout a plutôt bien fonctionné. Nous devons le dire. »
Mais la représentante syndicale est perplexe quant aux résultats de la concertation générale (le « Ségur de la santé ») lancée par le gouvernement sur l’avenir de l’hôpital. « Nous ne voulons ni médailles ni discussions à n’en plus finir, nous voulons des actes, une hausse de nos salaires de 300 euros, et une revalorisation du budget de l’hôpital. Nous avons été dédaignés pendant des décennies, on a manifesté, alerté. Nous n’avons jamais été entendus ! Il faut que ça change vraiment. Aujourd’hui, le personnel a besoin de souffler, on a fini épuisé, on veut simplement pouvoir faire notre boulot dans de bonnes conditions. Et que la prime Covid de 1 500 euros soit bien versée à toutes celles et ceux qui ont travaillé dans les unités Covid. »
yves chanel
6 décembre 2021 à 13 h 53 min
standart injoignable toute la journee messages deux fois d annulation a gastro enterologie pas lus DEPLORABLE
baya mesbahi
9 juin 2020 à 20 h 35 min
J’approuve.