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Confinement et précarité : les demandes d’aide alimentaire en forte hausse

Au Secours populaire, au Resto du cœur, dans toutes associations caritatives le même constat : le nombre de personnes en situation de grande précarité ne cesse d’augmenter.

Au Secours populaire, au Resto du cœur, dans toutes associations caritatives le même constat : le nombre de personnes en situation de grande précarité ne cesse d’augmenter.

Mardi dernier devant le local du SPF boulevard Joliot-Curie

Nora est vacataire dans les cantines de la Ville de Lyon. Deux heures et quart de travail quotidien pour 390 euros par mois. Mais depuis le 17 mars, début du confinement, plus rien. « C’est un statut précaire, le contrat est renouvelé chaque mois, pas d’indemnité, pas de chômage partiel », explique-t-elle, dépitée, dans la longue queue qui s’est formée devant les locaux de l’antenne vénissiane du Secours populaire français. « C’est ça ou mes deux enfants ne mangent pas, ajoute la jeune mère. Les allocations suffisent à peine à payer le loyer et les charges. »

Comme Nora, ils seront au moins une cinquantaine ce mardi 21 avril à venir retirer un panier alimentaire de première nécessité. Bernard et Didier, chargés de la préparation des colis en coulisse, s’efforcent de tenir le rythme. Au « guichet », Claudette ne prend que quelques secondes pour nous décrire l’ampleur des besoins : « Depuis le début de la crise on a déjà eu 120 familles, alors que sur toute l’année 2019 on en avait aidé un peu plus de 500… Les chiffres parlent. » À tel point que le SPF organise désormais une autre distribution hebdomadaire, le jeudi. Faut-il encore se procurer suffisamment de denrées, disposer de ressources financières à la hauteur. Le Secours populaire peut faire face pour l’instant, mais les bénévoles s’inquiètent de la durée de la crise sociale.

Du côté du Centre associatif Boris-Vian (CABV), engagé dans l’opération « Solidaires même confiné-es » avec plusieurs associations (YMMNE, Aide et Partage, Les Colibris solidaires), les moyens manquent déjà. « Nous avons été aidés par les pouvoirs publics au départ, on a mis tout ce qu’on pouvait, mais aujourd’hui ce n’est pas suffisant, on n’arrive plus à faire face », observe Corine Romeu, la directrice du CABV.
« Les demandes arrivent de tous côtés, précise Ahlem, trésorière de l’association YMMNE, en charge des inscriptions. Certaines familles nous sont adressées par les assistantes sociales, elles s’ajoutent à celles que l’on suivait déjà. Et puis il y a le bouche-à-oreille. Sans oublier les foyers de travailleurs où les résidents ont également des problèmes de ressources. Pour chaque distribution, il faudrait pouvoir venir en aide à 150 familles, mais mardi dernier on a dû limiter à 25, on ne pouvait pas faire plus. Et encore on a dû réduire le contenu des paniers. »
Sa collègue Sihem, responsable d’Aide et Partage, confie vivre très mal cette situation : « C’est difficile pour moi d’en arriver là. Jamais je n’aurai pensé être obligée de donner trois litres de lait au lieu de six à une famille ».

Un budget alimentaire en forte hausse

Avec le confinement, le ralentissement économique global, les mesures de chômage technique, la fermeture des commerces et des marchés, la baisse d’activité des artisans et des autoentrepreneurs, la fin des petits boulots d’appoint au noir, nombre de personnes ont vu leurs revenus baisser, tandis que leurs dépenses ont fortement augmenté, en particulier pour les courses alimentaires. Un effet ciseaux dévastateur. La fermeture des cantines scolaires qui garantissait un repas bon marché et équilibré est souvent citée comme un facteur aggravant. À l’image de Nadia, habitante des Minguettes et mère célibataire de cinq enfants : « Faire à manger deux fois par jour coûte très cher, je trouve que les prix sont plus élevés dans les magasins, plus qu’au marché en tout cas. En plus, j’ai pas mal de dettes. Sans ces distributions alimentaires, on crèverait de faim. »

Dans les files d’attente des associations caritatives, on croise aussi quelques profils « atypiques ». Comme Timsi, Espagnol originaire des Baléares, venu avec sa femme et ses deux petits-enfants rendre visite à un oncle malade qui habite Vénissieux. « Avec la fermeture des frontières, impossible de rentrer, raconte-t-il. Là, je suis à court d’argent. Et mon oncle a une petite pension. Nourrir quatre bouches c’est onéreux, je n’ai que cette solution pour l’aider un peu. »

« Situation critique »

De fait, les associations ne sont pas regardantes. Elles assurent des distributions bien au-delà de leur réseau habituel de bénéficiaires. Au Resto du cœur de Vénissieux, le confinement est survenu en pleine période de transition entre campagne d’hiver et campagne estivale. Du coup, les bénévoles distribuent des colis de dépannage le mardi sur présentation de la carte d’hiver, mais aussi à tous ceux qui en font la demande.
Le local de l’avenue de la République avait annoncé sa fermeture jusqu’à fin mars au début de la crise sanitaire, la fréquentation n’a donc pas enregistré un bond spectaculaire comme au SPF. Mais maintenant que l’information de sa réouverture circule en ville, le nombre de demandeurs augmente régulièrement. Le premier mardi 90 colis ont été distribués, 115 le suivant, et encore davantage ce mardi 21 avril. « Ce matin c’était vraiment particulier, témoigne Louis, un des piliers du Resto, bénévole depuis 14 ans. Les gens étaient nerveux, ils ne respectaient pas les règles de distance. J’ai même failli appeler la police un moment. La tension était palpable, on sent qu’on vit une situation critique. »

Mi-avril, le gouvernement a annoncé le versement d’une aide exceptionnelle de solidarité aux plus modestes. Les foyers allocataires du Revenu de solidarité active (RSA) ou de l’Allocation de solidarité spécifique (ASS) percevront une aide de 150 euros, à laquelle s’ajoutent 100 euros par enfant à charge. Par ailleurs, toutes les familles bénéficiaires des APL, qui ne perçoivent pas le RSA ou l’ASS, percevront une aide de 100 euros par enfants à charge. Le versement par les caisses d’allocations familiales est attendu le 15 mai. Dans trois semaines !


SPF : 99, boulevard Joliot-Curie. Tél. : 04 78 76 23 31. Distribution alimentaire mardi et jeudi après-midi.
Resto du cœur : 11, avenue de la République. Tél. : 04 78 67 56 00. Distribution de colis de dépannage mardi matin et après-midi.
Opération « Solidaires même confiné-es » : CABV, 13, avenue Marcel-Paul. Tél. : 06 31 92 96 59. Distribution mardi et jeudi. Les associations engagées dans cette opération lancent de nouveau un appel aux dons pour faire face à une demande sans cesse croissante. Mail : contactsolidaire@cabv.com

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