La mort du cinéaste italien Ettore Scola, le 19 janvier 2016, sonnait le glas de la grande comédie à l’italienne. En égrenant le nom de ses principaux représentants — Vittorio De Sica et Pietro Germi morts en 1974, Ugo Tognazzi en 1990, Vittorio Gassman en 2000, Alberto Sordi en 2003, Nino Manfredi en 2004, Luigi Comencini en 2007, Dino Risi en 2008, Mario Monicelli en 2010 —, on se rend compte qu’une page est tournée.
Grand amateur de cinéma italien, le Vénissian Michel Sportisse consacre un livre à Scola, scénariste entre autres du Fanfaron (1962) de Risi et auteur de Nous nous sommes tant aimés (1974), Affreux, sales et méchants (1976), Une journée particulière (1977), Les Nouveaux Monstres (1978, coréalisé par Dino Risi et Mario Monicelli) et bien d’autres fleurons de la comédie sociale italienne, toujours à mi-chemin entre la farce et la tragédie.
Publié chez un nouvel éditeur lyonnais, Le Clos Jouve, La Rome d’Ettore Scola ne s’attarde pas seulement sur le décor de la majorité des films de Scola. En fin connaisseur, Michel Sportisse étudie avec beaucoup d’attention les films et leur contexte politique. Lui-même communiste — Michel est le fils de William Sportisse, membre du Parti communiste algérien dès les années quarante, et le neveu de Lucien Sportisse, assassiné à Lyon par les nazis en 1944 — il se penche sur l’appartenance de Scola au PCI et sur les destinées de ce parti.
« J’écris beaucoup sur le cinéma italien, confirme Michel Sportisse, sur mon site et au Grain de sel, un journal publié à la Croix-Rousse. » Et, immédiatement dans la conversation, Michel aborde le domaine politique : « Souvent, on se divise sur des questions idéologiques en oubliant qu’on a des idéaux communs. Scola estime que ces différends ne peuvent pas durer et qu’on se retrouve toujours. Il le montre dans Mario, Maria et Mario, un film peu connu de lui, où le couple se recolle. »
Preuve supplémentaire de la qualité du travail, la préface est signée par de Jean A. Gili, LE spécialiste du cinéma italien en France. Et déjà Michel Sportisse annonce ses projets : un livre sur Mauro Bolognini, « cinéaste méconnu, mal évalué » et un autre sur le cinéma italien sous le fascisme, « avec certains auteurs qui n’ont pas hésité à être critiques à l’égard du régime ».
La Rome d’Ettore Scola de Michel Sportisse, édition Le Clos Jouve, 24 euros.
http://www.editions-leclosjouve.org
Le Clos Jouve
À l’origine de cette nouvelle maison d’édition installée à la Croix-Rousse, au 4, rue Perrod, on retrouve Philippe Bouvier, qui travailla longtemps à la médiathèque Lucie-Aubrac, et le romancier et poète Frédérick Houdaer. Trois livres sont déjà au catalogue : outre La Rome d’Ettore Scola, citons Toutes mes pensées ne sont pas des flèches de Jindra Kratochvil et Profils perdus d’Antoine Vitez de Jean-Pierre Léonardini.
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