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Famille Ahamada, une solution d’hébergement trouvée en urgence mais contestée

Jetés à la rue par un marchand de sommeil, une maman et ses quatre enfants avaient trouvé refuge à l’école Henri-Wallon depuis le 12 novembre, soutenus par un élan de solidarité spontané des parents d’élèves. Après un travail mené par la Ville auprès des services de la Métropole et de l’État, un logement d’urgence a été proposé à la famille, qui l’a accepté.

Jetés à la rue par un marchand de sommeil, Échata Ahamada et ses enfants avaient été recueillis par les enseignants dans les locaux du groupe scolaire Henri-Wallon les 12 et 13 novembre, soutenus par un élan de solidarité spontané des parents d’élèves. Un logement en hébergement d’urgence leur a été proposé le 14 novembre par les services sociaux de la Métropole, mais il se situe dans le nord du département.

Sur un côté du bureau de Carole Gobled, la directrice de l’école élémentaire Henri-Wallon, des sacs de courses emplis de provisions voisinent avec le matériel scolaire. Depuis le 12 novembre, des lits de camps étaient montés chaque soir, pour faire dormir dans le groupe scolaire Échata Ahamada, ses quatre enfants et Mme Gobled. Plus pour longtemps : une solution de logement d’urgence a été proposée à la famille, dans le cadre du Plan de renfort hivernal déclenché le 1er novembre. Précision importante, la famille pourra y rester jusqu’à l’obtention d’un logement social « classique », puisque Mme Ahamada avait déposé une demande de logement HLM il y a un an.

Le hic, c’est que le logement est situé dans le village de Monsols, une commune du Haut-Beaujolais, près de Mâcon. Ce qui compliquerait les démarches de Mme Ahamada (qui n’a pas le permis de conduire) pour trouver un emploi et scolariser ses enfants. Du coup, les parents d’élèves restent mobilisés pour obtenir un hébergement plus proche.

Petit retour en arrière. Le 5 novembre, le lundi de la rentrée des vacances de la Toussaint, la directrice de l’école élémentaire remarque l’état de fatigue de la mère d’une des élèves de CE1. Madame Ahamada lui confie alors, gênée, qu’elle vient de passer sa 3e nuit dehors. Avec ses quatre enfants, dont un nourrisson, elle trouve « refuge » chaque nuit depuis le vendredi dans un recoin devant la station Laennec. Quittant cet abri à l’ouverture du métro au petit matin, la petite famille a passé le week-end à errer dans Lyon ou dans les rayons de Carrefour.

Arrivée de Mayotte pendant l’été 2017, originaire des Comores, Echata Ahamada est d’abord hébergée par une tante, à Vénissieux, pendant six mois. En situation régulière, c’est là qu’elle scolarise sa fille de 3 ans et son fils de 7 ans, tandis que le grand (16 ans) est élève en lycée professionnel à Gerland. Elle garde avec elle son bébé d’un an, dont le père est resté à Mayotte. Après le déménagement de sa tante, elle ne trouve à se loger que chez un « marchand de sommeil », dans Lyon 8e. Le 2 novembre, ce propriétaire sans scrupule ayant trouvé un nouveau locataire prêt à payer plus cher, il jette la famille à la rue.

Dès qu’elles sont informées de la situation, les directrices des écoles maternelles et élémentaires d’Henri-Wallon orientent Mme Ahamada vers les assistantes sociales de la Maison de la Métropole. « Mais comme elle est bénéficiaire du RSA et des allocations familiales, elle n’a droit à aucun dispositif d’urgence, on lui dit juste d’aller à l’hôtel en attendant un logement social, explique Carole Gobled. Sauf que personne ne lui avait dit qu’il fallait réactualiser sa situation tous les trimestres pour toucher le RSA : elle n’a rien touché en octobre et novembre. Elle a pu régler la cantine des enfants mais n’a pas assez pour payer l’hôtel ».

Alertée par les enseignants, la mairie de Vénissieux, via son CCAS (Centre communal d’action sociale), débloque immédiatement le financement d’une première nuit au B&B, le lundi au soir. Dès le lendemain matin, les représentants des parents d’élèves organisent une collecte devant l’école. La générosité de parents, d’enseignants et d’agents municipaux permet de réunir des denrées alimentaires, des produits d’hygiène et quelque 1.000 €. « Je connaissais l’esprit de partage des familles du quartier, mais j’ai tout de même été frappée par cet élan de générosité, souligne une enseignante. Personne ici ne roule sur l’or, pourtant certains donnaient 20, 30, 50 euros, on sait que ça représente un effort très important ».

Madame Hernandez est la présidente de l’association des parents d’élèves du groupe scolaire. Elle explique les raisons de cette mobilisation immédiate. « On ne connaissait pas bien Madame Ahamada, mais on vit ça difficilement en tant que parents. Bien que ça semble impensable de le vivre dans notre pays en 2018, chacun sait que ça peut arriver très vite et à n’importe qui, de se retrouver dans cette situation. Dans le quartier, il y a beaucoup de mères au foyer. Un accident de la vie, un mari qui part, pas de famille pour soutenir, et l’engrenage fatal peut aller vite. Il n’y a pas besoin de beaucoup d’imagination pour comprendre ce que doit endurer une maman seule avec un bébé, deux petits et un ado, dans la rue ».

L’ennui, c’est qu’à raison de plus de 90 euros la nuit d’hôtel, le pécule recueilli fond rapidement. Le 13 novembre, la Ville a proposé de financer une autre nuitée au B&B, mais le collectif de parents et d’enseignants a préféré une autre solution : permettre à la famille de dormir dans l’école. « Notre objectif n’est pas d’occuper des locaux pour mettre la pression sur la mairie, qui fait ce qu’elle peut, ou sur l’Éducation nationale, qui ne peut rien du tout, précise Carole Gobled. Nous nous opposons d’ailleurs à toute exploitation politicienne de cette situation. Notre geste n’est pas revendicatif, il est juste humain. On ne se voyait pas rentrer dans notre petit confort douillet en les laissant dans l’angoisse du lendemain », raconte l’enseignante.

Une situation néanmoins intenable sur le moyen terme. La nuit, la présence de personnes dans une école est interdite, et même illégale si elles ne font pas partie du personnel communal ou éducatif. Propriétaire et responsable des locaux, la mairie l’a rappelé aux deux directrices du groupe scolaire. « Avec nos différents partenaires de la Métropole et de la Préfecture, nous travaillons afin que cette famille puisse entrer dans un dispositif au plus vite, déclarait Michèle Picard à nos confrères du Progrès, le 13 novembre. Mais il n’est pas aisé de trouver une solution ».

La situation s’est donc débloqué le lendemain, ce mercredi. « Le maire de Vénissieux et ses adjoints qui suivaient le dossier, Mme Prudhomme-Latour et M. Millet sont intervenus auprès des services de la Ville, bien sûr, mais aussi de la Métropole et de l’État pour qu’une proposition soit faite rapidement à Madame Ahamada, explique ce soir Jean-Dominique Poncet, directeur général de la mairie de Vénissieux. Ce qui a grandement facilité les choses, c’est que Madame Ahamada ait précédemment accompli les démarches nécessaires auprès des services sociaux, notamment une demande de logement social, il y a un an. Cela démontre que connaître ses droits aide à trouver des solutions ».

1 Commentaire

1 Commentaire

  1. DB

    15 novembre 2018 à 7 h 37 min

    Cette famille est provisoirement hébergée dans un logement d’urgence en attendant un logement social, cela a été grandement favorisé par la solidarité des enseignants et des parents d’élèves qui ont mené une action exemplaire en logeant cette mère et ses enfants dans l’école. Les pouvoirs publics ont vite pris le relais pour trouver une solution provisoire.
    Les marchands de sommeil, exploiteurs de la misère, devraient être punis beaucoup plus sévèrement et un permis de louer systématiquement mis en place. Les logements sociaux manquent : cette mère de famille a fait sa demande depuis un an… sa situation sera sans doute prise en compte pour une attribution rapide.

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