Depuis 2010, l’Afev propose les kaps, une formule de colocation originale qui mêle logement et engagement solidaire. Rencontre avec deux kapseurs vénissians.
Des chaussures qui s’entassent dans l’entrée, des BD empilées dans un coin du salon, les vestiges de la soirée de la veille qui trônent sur la table basse… À première vue, l’appartement 216 de la résidence Nairobi ressemble à n’importe quelle colocation étudiante. Sauf que… Anna, Clémence, Christelle et les autres sont en réalité des kapseurs. Des kapseurs ? Les habitants des kaps, « kolocations à projets solidaires », implantées dans les quartiers populaires par l’Afev, pour renforcer le lien et la mixité sociale. À eux dix, les colocs se partagent les deux vastes T6 de 130m2 que compte la résidence de Parilly.
Ce sont Robin, 25 ans, et Léo, 19 ans, qui nous reçoivent. Le premier, en fin de master Inégalités et discriminations, a intégré les lieux dès leur inauguration en septembre 2016. Le second, étudiant en droit et sciences politiques, a d’abord vécu dans une kaps du 8e avant de rejoindre Parilly l’année dernière. Si, pour Léo, engagé depuis toujours dans des associations, intégrer une kaps était une évidence, pour Robin, cela coïncidait avec une urgence, problématique récurrente chez de nombreux étudiants, trouver un logement. En signant un bail d’un an renouvelable, les kapseurs de Parilly bénéficient des loyers modérés du bailleur Est Métropole Habitat et déboursent environ 250 euros par mois, APL déduite, pour se loger.
Repas partagés et ateliers ciné
Mais se loger à moindre coût est loin d’être une finalité pour ces dix jeunes qui, en s’engageant auprès de l’Afev, acceptent de donner de leur temps pour mener des actions de solidarité et favoriser le vivre ensemble avec leurs voisins et dans leur quartier. Une bibliothèque partagée a ainsi été mise en place au rez-de-chaussée de la résidence. « On récupère des livres auprès de nos familles, nos proches, explique Robin, et on les laisse en libre accès. Ça fonctionne très bien. Et comme de plus en plus d’habitants laissent aussi des objets, on réfléchit à la mise en place d’un système de troc dans les mois à venir. » Pour lutter contre l’isolement des résidents, les kapseurs avaient également instauré des repas partagés un dimanche par mois. « Chacun apportait quelque chose à manger, poursuit Robin, mais ça n’a pas fonctionné sur le long terme. C’était toujours les mêmes personnes qui venaient et ce n’était pas l’objectif. On réfléchit à une autre formule. »
Et pendant que Léo garde un pied dans le 8e — « Je fais partie du conseil citoyen de Langlet-Santy, je soutiens l’association l’Arccorderie dans l’organisation d’événements et j’ai aussi aidé un conseil de vie collégienne à se constituer » —, ses colocataires s’engagent notamment auprès des enfants du centre social de Parilly en animant des ateliers de cinéma, d’improvisation de contes ou bien encore d’éducation à l’image. « On essaie de trouver un compromis entre nos envies et ce dont le quartier a besoin », résume Robin qui fourmille d’idées à mettre en place dans les mois à venir.
Être kapseur, c’est donc « se rencontrer, transmettre, apprendre à mettre en place un projet, avoir le sentiment de se rendre utile » pour Robin mais aussi « aider les autres, acquérir des compétences et développer des contacts », pour Léo qui, grâce à ses engagements, a décroché un stage à l’hôtel de ville de Lyon dans le cabinet du troisième adjoint.
« Le recrutement s’effectue tout au long de l’année par l’Afev qui joue un rôle de facilitateur sur la gestion locative, explique Kim-Anh Tran, chargée de développement local. La motivation et l’engagement sont des critères essentiels pour vivre cette expérience. » Pour devenir kapseur, il faut avoir entre 18 et 30 ans et être prêt à s’engager entre trois et cinq heures par semaine pour mener des actions de citoyenneté. Un premier formulaire est disponible sur le site rejoins.afev.org/kaps puis les postulants remplissent un dossier de recrutement et sont ensuite reçus en entretien. Sur la métropole lyonnaise, il existe 13 kaps soit 58 chambres réparties à Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Vénissieux et Lyon 9e.
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