Économie – La Métropole souhaite voir s’installer à Vénissieux une pépinière de start-up et de PME innovantes. Ce site occuperait les terrains de Bosch, boulevard Joliot-Curie. Deux acheteurs sont sur les rangs, mais salariés et élus locaux souhaitent que Bosch reste propriétaire des lieux.
Dans les prochaines années, le « Campus Industriel de Vénissieux » doit s’installer sur le site actuel de l’usine Bosch. La future « vitrine de l’industrie lyonnaise 4.0 » annoncée par la Métropole à la fin de l’année dernière occupera 11 hectares près du Puisoz.
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Un emplacement en or
Les atouts du site vénissian : il est relié aux grands axes européens (routiers, ferroviaires et aéroportuaires), à proximité des centres de recherches, d’universités et d’entreprises, bénéficie de la disponibilité quasi immédiate d’un foncier vaste et de locaux rénovés, ainsi que d’un vivier local de compétences techniques et d’une précieuse culture industrielle… Bref, l’emplacement vaut de l’or.
Un désengagement constant
Mais ce qui rend disponible cette implantation, c’est le désengagement constant de Bosch à Vénissieux au cours de ces 15 dernières années. Le parking quasi désert le long du boulevard Joliot-Curie est plus éloquent qu’un tableau des effectifs. Alors qu’il réalise des résultats économiques exceptionnels dans l’Hexagone et dans le monde, le groupe rapatrie certains secteurs en Allemagne, mais surtout s’installe dans des pays à faible coût de production (Turquie, Brésil, Chine…) proches de ses marchés.
Quelle logique ?
En revanche, la multinationale maintient en France une partie de ses services de recherche et développement. L’implication de Bosch dans un campus industriel, « à domicile », paraît donc logique, lui permettant de réussir une reconversion technologique et industrielle de qualité. D’autant que l’une des activités phare du projet serait l’élaboration d’objets connectés, l’un des axes de développement de l’équipementier. Sauf que la direction de Bosch Group a annoncé son intention de vendre ses terrains.
Les prétendants déclarés
Deux acheteurs potentiels se sont manifestés. Ils ont présenté leurs projets à la direction et aux représentants du personnel de Bosch, les 22 et 23 mars derniers. Il s’agit du promoteur immobilier DCB International et de la SERL (Société d’équipement du Rhône et de Lyon).
Le premier est un groupe privé de promotion en immobilier d’entreprise (essentiellement tertiaire), implanté depuis 17 ans en région lyonnaise. Pour le projet vénissian, il est associé à BNP Paribas.
Le second est une société d’économie mixte. Présidée par Jean-Luc da Passano (également vice-président de la Métropole de Lyon, en charge des grandes infrastructures), la SERL est l’aménageur du Grand Lyon, qui en est actionnaire à 37,5 % (devant la Caisse des dépôts et consignations, 17,6 %).
Aucune offre de vente ou d’achat n’a été rendue publique. « Pour le moment, il est vraiment prématuré de communiquer sur ce projet », explique-t-on à la SERL. DCB International est sur la même longueur d’onde.
Les syndicats unanimes
Ce n’est qu’en juillet que la direction locale de Bosch enverra au siège de Stuttgart le dossier des deux offres, accompagné de sa propre analyse. D’ici là, les lignes peuvent encore bouger. Ainsi, l’ensemble des syndicats de Bosch (CGT, CFDT, CFE-CGC et CFTC) sont unanimes à refuser le désengagement de la multinationale du site de Vénissieux. Au contraire, ils lui demandent de s’investir dans le projet. « Nous ne pouvons que soutenir la création du Campus industriel, évidemment préférable à la création d’une friche industrielle, même si on peut s’interroger sur le nombre et la nature des emplois générés. Mais ce projet n’aura pas la même valeur s’il se matérialise avec ou sans Bosch », observe la CFDT. Kamal Ahamada (CGT) estime même que « le projet n’aura de consistance que si Bosch s’investit, fort de ses moyens et de ses propres avancées, sur l’Internet des objets, par exemple ».
Les élus interpellent Bosch
Le 6 avril, l’intersyndicale a rencontré le député Yves Blein et le maire de Vénissieux Michèle Picard. « Même si je ne partage pas tout à fait leur inquiétude — le dynamisme économique de l’agglomération attire les entreprises et le site accueillera demain de nombreuses activités industrielles — j’ai souhaité faire part au PDG du groupe Bosch, Volkmar Denner, de l’analyse et des souhaits des représentants syndicaux », explique le parlementaire LREM dans sa newsletter. Dans un courrier à M. Denner, Michèle Picard lui rappelle que « la France représente le deuxième marché européen de son groupe, avec un chiffre d’affaires d’environ 4 milliards d’euros. Il a toutes les capacités pour s’engager dans une véritable politique d’investissement créatrice d’emplois. Tout doit être fait pour que le groupe Bosch reste présent sur le site vénissian ».
Lancée en décembre 2017 par la Métropole, cette « vitrine de l’industrie du futur » accueillerait une quinzaine de start-up et de PME, qui y bénéficieraient d’une offre de services mutualisés (énergie, fluides, hygiène, sécurité…) mais aussi de « lieux ressources » communs et d’un « showroom ». L’objectif est d’accompagner les jeunes pousses technologiques innovantes dans les étapes vers la production industrielle. À la demande de la Ville de Vénissieux, le PLU-H de la Métropole maintient la vocation industrielle des parcelles du site de Bosch. Une vente du site pour réaliser des immeubles ou des commerces serait donc impossible.
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