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À Vénissieux, c’est toujours  » non  » aux expulsions

Le 20 mars, à onze jours de la fin de la trêve hivernale, une centaine de Vénissians ont redit l’inhumanité des expulsions locatives et des coupures d’énergie. Le maire, Michèle Picard, a annoncé qu’elle prendra de nouveaux arrêtés interdisant ces procédures, « acte de désobéissance nécessaire pour refuser l’intolérable ».

Tous les ans, aux premiers jours du printemps, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, sous la grisaille ou le soleil, ils sont là, et disent « non aux expulsions locatives », encore et toujours. Cette année, c’est le 20 mars en fin d’après-midi qu’une centaine de personnes se sont retrouvées sur l’esplanade Jean-Cagne aux Minguettes, à l’appel de l’infatigable Réseau d’alerte et de solidarité des Vénissians.
Dans quelques jours, le 31 mars, la « trêve hivernale » prendra fin, les locataires en difficulté pourront de nouveau être flanqués à la rue en toute légalité. En 15 ans, le nombre d’expulsions locatives avec concours de la force publique a d’ailleurs augmenté de 140 %.

Tous les ans, à Vénissieux, une cinquantaine de familles sont touchées par ces mises en demeure. En 2017, 98 « concours à la force publique » ont été demandés, et 64 expulsions ont été programmées. « La qualité du travail réalisé, en amont, par la Ville et les partenaires sociaux, a permis de limiter les expulsions, rappelle le maire, Michèle Picard. Ce travail social est indispensable, mais dans certains cas, il ne suffit plus. L’an dernier, 26 expulsions ont été effectuées et 19 ménages sont partis avant l’expulsion, par peur et par pression. Que deviennent ces familles ? Qui s’en soucie ? » 

Tous les ans, le Réseau dénonce cette « procédure inhumaine qui ne solutionne rien et aggrave les difficultés », comme le martèle André Mazuir, l’un de ses porte-paroles. Dénonçant la baisse des APL et exigeant « un service public du logement », le collectif rassemble ou obtient le soutien de nombreuses organisations syndicales, politiques et associatives : RESF, CNL, CGT, Secours populaire, Secours catholique, LSR, comité CGT des travailleurs privés d’emploi et précaires, USR-CGT, Parti communiste français, Jeunes communistes, Parti de gauche-France insoumise, Lutte ouvrière…
Chacune, ou presque, prend la parole, pour relancer la vigilance, redire la nécessaire solidarité, maintenir la pression sur les bailleurs pour un traitement des dossiers en amont. Et aussi poursuivre la sensibilisation de l’opinion publique, qui n’imagine pas à quelle vitesse on peut devenir soi-même un « mauvais payeur »…

Tous les ans, le maire de Vénissieux prend des arrêtés pour interdire les expulsions sur le territoire de la commune. Une démarche illégale, puisqu’en France, pour l’heure, le droit de la propriété est plus sacré que le droit d’avoir un toit. Et comme tous les ans, le Préfet attaquera ces décisions en Justice, avec de fortes chances de « casser » les mesures municipales.
Pourquoi persister, alors ? « Si je prends des arrêtés interdisant les expulsions sans relogement, les saisies mobilières et les coupures d’énergie et d’eau, c’est pour prévenir les situations qui peuvent dégénérer, répond Michèle Picard. En tant que maire, il est de ma responsabilité de protéger la population et de prévenir les risques en matière de sécurité ». Et de rappeler les risques encourus par tous lorsque l’on utilise la gazinière pour se chauffer, ou les actes désespérés des personnes menacés de devenir SDF… Rien de théorique, hélas, plutôt du vécu.

Tous les ans surtout, « ces arrêtés sont un acte de désobéissance nécessaire pour refuser l’intolérable, parce que face à l’innommable, il faut savoir dire stop ».

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