Alors, devant ce huitième épisode officiel de la saga, sans compter ce qu’on appelle les spin-off, c’est-à-dire les films liés aux personnages mais non à l’histoire principale, quelle position adopter ? Celle du missionnaire qui s’agenouille devant tout ce qui touche au Sacré de la première trilogie et qui en retrouve ici plusieurs éléments, dont le personnage principal Luke Skywalker ? Ou celle du mécontent qui en a assez d’aller au cinéma voir une énième Guerre des étoiles, alors que quantité de remakes et de resucées sont déjà en salles ou annoncés : Le crime de l’Orient-Express, Ferdinand, La promesse de l’aube, Jumanji, La Ch’tite famille, Les Tuche 3, Jurassic World, Avengers, 50 nuances plus claires, Insidious, Spiderman, Deadpool, Le Labyrinthe… ? Un peu des deux, mon général.
L’avantage de ces Derniers Jedi, second épisode de la troisième trilogie — vous arrivez à suivre ? — est qu’il nous replonge, comme l’avait déjà fait Le réveil de la Force, dans les trois George Lucas d’origine. Non seulement grâce au retour des personnages vieillis (la princesse Leia, Han Solo, Luke Skywalker, Chewbacca et les robots) mais aussi parce qu’il reprend plus ou moins le même genre d’humour avec ses vieux vaisseaux un peu rouillés, sa ville-casino où se côtoient toutes les races de l’univers, ses combats en rase-motte et ses embardées à toute vitesse dans d’étroits conduits, ses hangars immenses où s’apprêtent pilotes et bombardiers… Bref, du terrain connu. On croirait entendre Han Solo : « Chewie, on est à la maison ! »
Qui c’est qui est très gentil ?
Le côté obscur de la Force, c’est que l’on ressasse depuis 40 ans le même récit sacrément manichéen (les Gentils contre les Méchants), malgré ces Gentils qui, sempiternellement, basculent chez les Méchants pour maintenir l’équilibre. L’argent mis dans les effets spéciaux (Dolby, 3D) fait parfois défaut au niveau du scénario et, dans le cas présent, après un milieu de film au ventre mou, certaines ellipses sont assez étonnantes, comme si l’on n’avait pas envie de se casser la tête à expliquer pourquoi tel personnage, laissé sur le vaisseau amiral du Premier Ordre, se retrouve peu après en plein milieu d’un combat en Grouchy qu’on n’attendait plus. Ami scénariste, que l’effort soit avec toi ! Il faut aussi compter avec l’effet Disney, puisque c’est la maison de Mickey et Picsou qui a repris la licence Star Wars. Ainsi en est-il de ces mignons petits hiboux qui feront d’adorables peluches pour les enfants. Merchandising, quand tu nous tiens…
Quoi qu’il en soit, malgré ces petits creux, Star Wars : Les Derniers Jedi se laisse suivre avec pas mal de plaisir, bercés que l’on est par la musique de John Williams, assez omniprésente toutefois mais qui rappelle de si bons souvenirs. Comme si le Hollywood du XXIe siècle, devenu plus écolo que son Président, avait opté pour un recyclage sans fin.
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