Démolir ou maintenir ? Les locataires de la barre devront se décider sur les deux cas de figure et leurs conséquences. C’est ce qu’a annoncé le maire, le 15 novembre, lors de l’assemblée générale du conseil de quartier.
Ce 15 novembre, à l’école Charles-Perrault, le devenir de la barre Édouard-Herriot a été d’emblée le sujet principal de l’assemblée générale du conseil de quartier. Petit retour en arrière. Il y a plusieurs années, l’architecte du nouveau programme de renouvellement urbain des Minguettes (2015-2020) avait proposé de supprimer la barre de 60 logements construite dans les années soixante le long de la rue Edouard-Herriot, face au marché. Objectif : la remplacer par deux bâtiments neufs et une rue ralliant l’avenue d’Oschatz.
On y voit (un peu) plus clair
Un projet resté virtuel en l’absence de financements de l’Agence nationale de rénovation urbaine. Et quasiment enterré par l’interdiction de reconstruire du logement social aux Minguettes. Pourtant, quand le bailleur Alliade Habitat a annoncé, en mai dernier, son intention de réhabiliter l’ensemble de la résidence sauf ce bâtiment, une partie des locataires des allées 1, 3, 5, 7, 9 et 11 en a conclu que la démolition était actée. Ils s’étaient mobilisés contre ce projet, pétition et manifestation à l’appui. Plusieurs rencontres avaient suivi, entre locataires, élus, bailleur et architecte, sans toutefois permettre de bien savoir à quoi s’en tenir. Les choses sont désormais (un peu) plus claires.
Dès la première évocation du sujet par une habitante, Michèle Picard a rappelé les enjeux, les réussites et les perspectives de la rénovation urbaine à l’œuvre sur le plateau. « Après l’arrivée du tram, du nouveau Vénissy, des équipements culturels, le premier plan de rénovation est achevé et nous commençons le second en avançant des hypothèses de travail. Ce deuxième plan continuera la rénovation entamée. En janvier 2016, en signant un protocole de préfiguration, j’ai défendu la démolition de la tour 36 de La Darnaise et de la barre ICF, la réhabilitation d’Édouard-Herriot, du Couloud et la transformation du marché ».
Contraintes et incertitudes
Même si elle reste persuadée du bien-fondé du programme initial, comprenant la démolition de la barre Édouard-Herriot, le maire rappelle que la donne a changé depuis 2015. D’une part, « quand il y a une démolition, l’État interdit désormais de reconstruire du logement social, rappelle Michèle Picard. Alors même qu’il y a chaque année 4 000 demandes, et que les Vénissians qui quittent les immeubles voués à la destruction souhaitent majoritairement rester dans leur ville ! » Et d’autre part, « les efforts financiers imposés aux organismes HLM par le gouvernement vont limiter leurs capacités d’investissement pour les reconstructions et les réhabilitations ». Contraintes légales et incertitudes économiques plaident donc pour la non-démolition de la barre. De quoi rassurer les riverains et plier l’affaire ? Pas si sûr.
Anticiper les conséquences
« Il faut garder à l’esprit que le maintien de l’immeuble n’empêchera pas la modification prévue de la rue Edouard-Herriot, actée dans les travaux de transformation du marché », prévient Michèle Picard. Si on ne redresse pas cet axe, on ne pourra pas rénover le marché, ce qui n’est pas envisageable ». Or, « redressée », la rue passerait juste au pied du bâtiment conservé. Ce qui entraînerait la suppression des boxes de parking, obligeant les locataires à garer leurs véhicules à l’air libre…
Anticipant de possibles (pour ne pas dire probables) rouspétances au moment où les locataires se retrouveront à l’aplomb de la rue, le maire souhaite que la décision soit le fruit d’une concertation la plus large possible. Plus large en tout cas que la trentaine de signataires de la pétition et que la demi-douzaine de personnes qui ont participé jusque-là aux réunions… Michèle Picard demande donc à l’ensemble des résidents de la barre d’exprimer leur avis lors d’une consultation qui devra se tenir d’ici le 15 janvier, via leurs associations de locataires par exemple. La décision sera ensuite soumise à la mairie, qui la transmettra à Alliade Habitat, à la Métropole et à l’État.
Si c’est la non-démolition qui l’emporte, l’immeuble fera-t-il partie du même programme de rénovation que les autres bâtiments de la résidence ? Il faudrait pour cela obtenir une rallonge au financement déjà programmé par Alliade, 9,7 millions d’euros, soit presque 50 000 par logement. Pas évident dans le contexte actuel…
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