Pendant près de deux heures trente, la plupart des questions posées par cinq ou six riverains ont porté sur les tracas de la vie quotidienne dans le quartier Jean-Moulin/Henri-Wallon. Ce qui n’a pas surpris Michèle Baïcchi, présidente du conseil : “Les sujets majeurs traités dans les permanences sont liés au cadre de vie et au logement”, relevait-elle devant la quarantaine de personnes qui avaient bravé le froid, la neige et le verglas de ce 1er décembre.
Après la présentation des projets de la ville, ce sont donc les questions de tranquillité et de propreté qui ont occupé l’essentiel des débats. Par ordre chronologique, on a entendu des échanges nourris entre quelques riverains excédés par la présence des Gens du voyage installés sur l’aire d’accueil, et des élus pas avares en explications. “Quelle idée vous avez eu de les mettre là ? pestait une habitante des Soyouz. Les poubelles devant le site restent pleines pendant au moins trois jours. Et le linge étendu sur les barrières ?” “On va vite faire un point avec les services du Grand Lyon pour améliorer ces dysfonctionnements”, a indiqué Pierre-Alain Millet, adjoint au maire. Michèle Picard rappelait pour sa part que la loi et le schéma départemental d’accueil des Gens du voyage s’imposent à toutes les communes. Le maire insistait aussi et surtout sur la pauvreté qui s’installe durablement et ne touche pas seulement les Roms qui vendent à la sauvette près du Château d’eau, les jours de marché. Ainsi, le nombre de biffins, ces personnes qui récupèrent de vieux chiffons, de vieilles affaires dans les poubelles pour les revendre, ne cesse d’augmenter. “Mais en matière de propreté, j’ai envie de vous dire, sommes-nous exemplaires ?”
Nombre d’intervenants se sont élevés contre les actes d’incivilité dont ils sont parfois témoins. “Quel est le rôle de la police nationale ?” s’irritait ce jeune homme, qui raconte : “Je pars très tôt au travail. Cet été, vers 4 heures, des jeunes squattaient dans les allées, hurlant et fumant du cannabis. J’ai appelé le commissariat. On m’a dit que les véhicules d’intervention étaient occupés ailleurs. Mais devant le commissariat, cinq véhicules étaient stationnés. Et une heure après, je reçois un coup de fil : on me demandait si les jeunes étaient encore là.”
« C’est le coin où l’on compose le moins le 17 »
Le récit fait réagir le major Lucas : “Cinq véhicules en même temps devant le commissariat ? Cela m’étonne. Mais il faut savoir qu’une intervention, cela prend entre quatre et six heures. On va jusqu’au bout de la procédure. Est-ce que vous avez déposé plainte ? Ah, une simple main-courante ? Ce n’est pas suffisant !” Concernant le marché parallèle près du Château d’eau, le policier estimait que si certaines personnes sont là pour arrondir leur fin de mois, elles ne sont pas les plus nombreuses : “La plupart sont des receleurs qui œuvraient autrefois vers la place Gabriel-Péri. Déférés au Parquet de Lyon, débordé par les dossiers, ils ressortent libres. Nous, on ne peut que détruire la marchandise saisie.”
Deux autres questions ont amené le major à reprendre le micro : l’inconscience et même la dangerosité de nombreux jeunes adeptes du quad ou du deux-roues, et des interpellations jugées trop brutales par des témoins, cet été. Notamment par Nacer. “J’ai été gêné de voir que vous utilisiez des balles, même en caoutchouc, alors que des enfants jouaient à côté.” À la première question, le représentant de la police nationale a expliqué les difficultés d’une intervention : “Courser ces jeunes pourrait mettre en cause la sécurité des passants. On ne veut prendre aucun risque.” Concernant les jeunes gens interpellés de façon plus que rugueuse, il a été catégorique : “Avec moi, ce sera toujours comme cela quand on jugera que la situation l’exige.” Et d’inviter les habitants à composer davantage le 17 : “À Vénissieux, il n’y a jamais de témoins. C’est le coin où l’on compose le moins le 17…”
L’assemblée a également donné lieu à un échange instructif sur la chaufferie bois en fonctionnement depuis le 2 novembre. “Le 25 novembre, le maire l’a visitée avec d’autres élus, explique Pierre-Alain Millet. Cette chaufferie bénéficie des meilleures techniques connues aujourd’hui.” Rappelant que la Ville a attaqué en justice la société Crystal, dont la chaufferie a dû être détruite, l’élu affirmait que la démonstration est désormais faite que c’est la conception et la réalisation de l’équipement qui étaient défectueux et non la qualité du bois, contrairement à ce qu’affirme Crystal.
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