C’était il y a un peu plus de huit mois. Le 11 novembre 2016, Marin, un jeune homme tout juste âgé d’une vingtaine d’années, était sauvagement tabassé pour avoir pris la défense d’un couple d’amoureux. Après avoir reçu plusieurs coups de béquille sur le crâne, il était resté quinze jours dans le coma, avant d’entamer un long, très long, processus de rééducation. Déjouant les pronostics les plus alarmants, il allait finalement récupérer une partie de ses capacités mentales et physiques.
Aujourd’hui, la famille et ses proches se battent pour le faire rentrer dans un établissement suisse spécialisé dans les neurosciences, où il se trouve en liste d’attente. Car en dépit de ces progrès impressionnants, les séquelles sont bien présentes. « On est très loin d’avoir retrouvé le Marin qu’on a connu, excessivement brillant, témoigne Audrey, sa maman. Il a énormément récupéré au niveau de la parole, mais ses fonctions cognitives sont diminuées. Il a encore des problèmes de mémoire immédiate, et il a du mal à formuler un jugement ou prendre une décision. Sans compter qu’il se fatigue très vite. »
Ces soins tant espérés ont un coût : 180 000 euros pour trois mois de rééducation. Et malgré un avis favorable du médecin-conseil rendu il y a plus de deux mois, la Caisse primaire d’assurance maladie n’a toujours pas mis en place de soutien financier. Face à cette situation, la maman de Marin a écrit lundi à la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn. La famille espère ainsi obtenir un rendez-vous pour « exposer la situation de Marin, notre lutte, nos espoirs, nos difficultés et les démarches que nous avons entamées ».
Sur le plan judiciaire, l’enquête est terminée. L’agresseur présumé, âgé de 17 ans au moment des faits, est actuellement incarcéré dans l’attente d’un procès aux assises. Il avait été identifié grâce aux images de vidéosurveillance, et interpellé le lendemain. Son casier judiciaire fait déjà état de 18 faits délictueux, dont certains avec violence. Si l’excuse de minorité est retenue par le tribunal, il risquera cinq ans de prison, le double dans le cas contraire. Le procès pourrait se dérouler dans les mois à venir.
Ce procès, Audrey s’y prépare depuis longtemps. « Ce sera une véritable épreuve. Je retourne dans tous les sens ce que je vais dire depuis des mois. J’ai besoin de réponses : il me semble avoir compris ce qui s’est passé dans le bus où s’est produit l’agression. Mais j’aimerais en savoir plus sur ce qui s’est passé juste avant, sur le parvis de la Part-Dieu, indique-t-elle. Mais je ne sais pas comment je vais pouvoir rester calme face à celui qui a tenté de tuer mon fils. »
Parallèlement, le volet civil de l’affaire suit son cours. Une audience en référé s’est tenue le 4 juillet au tribunal de grande instance de Lyon. L’un des avocats de la famille, Maître Dominique Arcadio, a demandé à l’assureur de l’agresseur présumé la somme de 300 000 euros d’indemnité, au moins 30 000 euros à titre provisoire. La décision du tribunal doit être prononcée le 3 août.
Le pourcentage d’incapacité dont souffre Marin oscille entre 20 % et 60 % selon les estimations. Mais pour la famille, difficile de mettre un chiffre sur une réalité douloureuse et injuste qu’elle subit au quotidien. « Toute incapacité est intolérable, tranche la maman. Marin a l’impression qu’on lui a volé sa vie. »
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