En juillet prochain, si tout va bien, destination Berlin pour un séjour d’une semaine largement consacré à la danse hip-hop. Un rêve pour ces huit jeunes filles, âgées de 14 à 17 ans, qui habitent toutes le Plateau. Il y a 3 ans, Khoudjedji, Bénédicte, Yasmine, Selma, Aïssatou, Sabrina, Khadidja, et Aïcha se contentaient de vivre leur passion par procuration. « Nous ne faisions partie d’aucune association, nous n’étions inscrites nulle part. » Elles se réunissaient dans le parc des Minguettes pour regarder des vidéos sur leurs portables, s’essayer à quelques pas… et papoter bien sûr. « Avec des rêves pleins la tête », mais sans réelle perspective de pouvoir les réaliser.
Aujourd’hui, elles dansent, pour de bon, sous la conduite d’un pro. Et s’apprêtent à prendre leur envol pour « la capitale culturelle européenne plébiscitée par les artistes, véritable melting-pot de langues et de cultures ».
Une rencontre
Comme bien souvent, c’est une rencontre qui leur a ouvert ces nouveaux horizons. En la personne de Laurie, éducatrice de la Sauvegarde 69. « Nous avons très rapidement repéré leur maturité et leur envie d’agir et de s’investir, témoigne Laurie. On leur a donné un coup de main. Mais attention, toutes les idées partent des filles ! On ne fait rien à leur place. D’ailleurs elles ne l’accepteraient pas ! »
L’EPJ Darnaise (équipement polyvalent jeunesse municipal) qu’elles ne fréquentaient pas est devenu leur QG. Pour franchir un palier, elles ont contacté en janvier 2016 la compagnie Second Souffle. Son directeur, Azdine Benyoucef, a été séduit par la vitalité qui émanait du groupe. Depuis, chaque mercredi il anime un cours dans les locaux de l’EPJ. « On est guidé, on progresse, on s’éclate ! », savourent les adolescentes.
Et leurs progrès sont spectaculaires. Les filles, qui se font désormais appeler « Kolor-Hope », ont créé une chorégraphie de cinq minutes qu’elles ont déjà interprétée sur plusieurs scènes : au bal des 3e du collège Elsa-Triolet, dans le cadre du Festival Arts d’écho au printemps 2016, de la Fête du sport et de la jeunesse, ou encore du Festival Dialogue en humanité au parc de la Tête d’Or. En juillet dernier, toujours avec l’EPJ Darnaise et la Sauvegarde 69, elles ont également passé trois jours à Saint-Pierre-de-Chartreuse.
Rêver plus loin
De quoi nourrir des envies d’ailleurs, de s’autoriser à rêver plus loin… Berlin ! Mais les rêves ont un coût : 7 000 euros en l’espèce. Tout compte fait, il leur en manque 5 000. D’où l’idée de répondre à l’appel à projets Jeunes et aussi citoyens (JAC) lancé récemment par la Ville de Vénissieux. « On devait présenter notre projet devant un jury, c’était vraiment stressant car les accompagnateurs ne pouvaient pas rester, témoignent-elles. Le même jour, on a eu un rendez-vous au service des sports. On a demandé une aide exceptionnelle destinée à la pratique sportive féminine. Nous attendons les réponses. »
Nul doute que la Ville ne restera pas insensible à ce beau parcours de réalisation par la danse. D’autant que les filles de Kolor-Hope débordent d’énergie pour boucler leur budget. « On va participer au vide-greniers du Charréard le 21 mai, on a aussi un projet de table d’hôtes, on va y arriver ! »
À Berlin, du 10 au 16 juillet prochain, elles participeront à un stage de danse tous les matins. « On a envie de rencontrer des Berlinois, d’échanger avec d’autres danseurs hip-hop, de découvrir de nouveaux pas, de continuer à progresser. » Dans leur périple, elles seront accompagnées de leur prof, Azdine, du responsable de l’EPJ Darnaise, Jean-Christophe, et bien sûr de Laurie, l’éducatrice rencontrée un jour de 2014 dans le parc des Minguettes.
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