Le 28 juin dernier, à l’hôtel de ville de Vénissieux, Roger Gaget était devenu Chevalier de la Légion d’honneur. La cérémonie s’était terminée par un moment très fort, quand l’assistance avait entonné a cappella le Chant des partisans.
Juste avant, avec une voix étonnamment puissante pour un homme de son âge, il avait expliqué que « la fin de la guerre n’a pas signifié la fin du fascisme, des idées réactionnaires et racistes ». Et souligné l’importance de « témoigner pour rappeler ce à quoi ces idées nauséabondes ont conduit ».
Ce grand homme nous a quittés dans la nuit du 18 au 19 février, à l’âge de 94 ans. Il était président d’honneur de l’ANACR du Rhône, l’association nationale des anciens combattants de la Résistance, organisation qu’il avait coprésidée pendant de longues années.
Roger Gaget avait tout juste vingt ans lorsqu’en 1943 il déserta les chantiers de jeunesse pour s’engager dans la Résistance au sein du groupe « Périclès », école de cadres des maquis du Haut Jura. Les actions de son réseau empêcheront des renforts allemands venus d’Italie de rejoindre le font de Normandie, où les Alliés venaient de débarquer (voir le portrait qu’Expressions lui avait consacré en 2013).
Après-guerre, Roger Gaget multipliera les interventions dans des établissements scolaires et au Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, animé par la volonté, comme le souligne Michèle Picard dans l’hommage qu’elle lui a rendu, de « faire de l’expérience vécue, bien que violente et traumatisante, une force de vie à transmettre aux nouvelles générations ».
« Nous avons perdu un homme de convictions, fidèle à ses idéaux, ajoute le maire de Vénissieux. […] Il était un de ceux qui nous ont appelé à rester vigilants, qui nous ont transmis le flambeau de la mémoire, de la résilience et de la démocratie. Face au populisme, à la montée effarante du FN en France et de l’extrême-droite en Europe, nous devons aujourd’hui plus que jamais faire vivre ce message au présent. »
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