Alors que l’État a validé en janvier dernier la démolition de la tour 36 de la Darnaise et de la grande barre de Monmousseau, la Ville, les bailleurs concernés (Grand Lyon Habitat et ICF) et la Métropole avaient organisé en mars deux réunions publiques sur le sujet. Il s’agissait du coup d’envoi d’une vaste opération de relogement, qui concerne aujourd’hui 234 familles des Minguettes. Elle doit être achevée d’ici 2 018.
Ces démolitions s’inscrivent dans un vaste projet d’urbanisme, qui n’est autre que le second volet du programme de renouvellement urbain du Plateau. En 2030, le quartier aura de nouveau changé de visage. Plus dense – 30 000 habitants selon les projections –, plus équilibré, plus vert, plus ouvert sur le centre-ville, il comptera aussi plus de commerces et de services, et bénéficiera d’un habitat plus diversifié.
Reste que du côté des habitants, la pilule est parfois amère, et les inquiétudes palpables. « Pour les personnes, comme mon papa, qui est là depuis les années soixante-dix, partir comme ça, quitter le quartier et son voisinage au bout de cinquante ans, c’est énorme… Est-ce qu’on a pensé à ces gens-là, qui sont âgés ? », s’inquiétait une habitante de la tour 36 lors d’une réunion. Tandis qu’une autre pointait le risque de « devoir payer des loyers plus élevés », soulignant que les locataires « n’ont pas demandé à partir ».
Du côté des bailleurs concernés, on rappelle que la procédure légale s’appuie sur l’étude des besoins et des ressources des habitants. Chaque locataire est contacté individuellement, et une étude de ses besoins est systématiquement réalisée. Elle prend notamment en compte sa situation financière, ses souhaits en matière de localisation, ainsi que le nombre de personnes à loger. Charge ensuite au bailleur de proposer une première solution au locataire. Puis, si elle ne convient pas, une seconde, voire une troisième.
Rester à Vénissieux… ou pas
Mais que se passe-t-il si un locataire refuse les trois propositions ? En théorie, il est expulsable. « Dans les faits, on n’en arrive jamais là. Il arrive même que nous fassions plus que trois propositions », assure Vincent Mazoyer, responsable mobilité résidentielle à Grand Lyon Habitat. Qui rappelle qu’une solidarité inter-bailleurs est à l’œuvre à l’échelle du département. Si un ménage ne trouve pas satisfaction avec son propre bailleur, ce dernier pourra lui proposer un autre logement, choisi dans les parcs locatifs de ses concurrents.
Les opérations de relogement à proprement parler ont débuté en septembre. Lentement, mais sûrement. Début décembre, le cabinet Apertise Conseil, en charge du relogement de 158 familles de la barre de Monmousseau pour le compte du bailleur ICF, en avait relogé 23. Un peu moins de la moitié d’entre elles ont pu rester aux Minguettes, dans des appartements neufs situés principalement avenue Jean-Cagne. Tandis que les autres ont préféré partir pour Feyzin (4), Lyon 8e (5), Lyon 3e (1), Caluire (2) ou Saint-Symphorien-d’Ozon (1). En fin d’année, une quinzaine d’autres dossiers étaient en cours d’instruction.
Du côté de Grand Lyon Habitat et de la tour 36, 14 ménages ont accepté les propositions de leur bailleur, tandis qu’une douzaine d’autres n’avaient pas encore communiqué leurs choix. Il semblerait que ces ménages, comme ceux de la barre de Monmousseau, aient souhaité majoritairement rester à Vénissieux, du côté des Zac Armstrong et Vénissy. La concurrence est toutefois rude, et les tarifs variables. Plusieurs d’entre eux se sont donc dirigés vers le 7e ou le 8e arrondissement de Lyon, dans des immeubles anciens et des logements parfois un plus petits, mais avec des prestations plus élevées.
C’est le cas de Salim Sassi. Ce travailleur intérimaire de 39 ans, célibataire, chauffeur cariste de profession, a emménagé en décembre dernier dans le 7e arrondissement de Lyon. « C’est un immeuble neuf, dont le loyer et les charges mensuels sont de 405 € pour 41 m2. Je perds 4 m2 pour un loyer à peine plus élevé, mais je gagne en confort à tous points de vue, se réjouit-il. Pour le jour de l’an, je me suis promené avec mon fils jusqu’à trois ou quatre heures du matin dans les rues, c’était magique ».
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