La question du stationnement a été au cœur des discussions lors de l’assemblée générale du conseil de quartier Jules-Guesde. Organisée le jeudi 13 octobre en fin de journée, cette réunion publique a rassemblé une cinquantaine de riverains, qui ont pu débattre avec élus et techniciens de la Ville. Un œil dans le rétro, Pierre Matéo, président du conseil de quartier, liste les actions réalisées depuis un an sur ce sujet, actions demandées lors des permanences du conseil : nouveaux marquages au sol (rue Bonnet-Pernet), contrôles de vitesse, installation de potelets avenue Jules-Guesde… Pour 2016-2017, il annonce l’installation prochaine d’un nouveau feu piéton sur le boulevard Joliot-Curie et un « travail avec l’école et les parents d’élèves sur le stationnement et la sécurité aux abords de l’école Jules-Guesde ».
Péril et le potelet
Les débats démarrent sur les chapeaux de roues. Dans le collimateur, les aménagements sur la voirie. Les chicanes, d’abord. Conçues pour ralentir les véhicules, « en fait, ça sert de gymkana pour les fous du volant qui font des rodéos jusqu’à deux heures du matin » déplore un résident du 67 de l’avenue Jules-Guesde. Les potelets, ensuite. Réclamés par les uns pour empêcher les voitures de se garer sur les trottoirs, et décriés par les autres, empêchés… de se garer ! Le monsieur du 67 embraye. « Vous verrez, vos potelets seront forcés par les camions ou déterrés ». Une jeune habitante du boulevard Joliot-Curie constate d’ailleurs que, près de chez elle en effet, « les plots sont enlevés par les automobilistes qui veulent se garer ». Logique, pour cet autre habitant de l’avenue : « ben oui, où vont se garer les voitures quand la ville aura mis des potelets sur les trottoirs ? » Quelques participants montent dans les tours, décrivant un secteur envahi par la bagnole, jour et nuit. « Quand je rentre à une heure du matin, raconte M. Sanchez, je dois faire trois fois le tour du pâté de maisons, sans trouver de place. Il n’y en a même pas dans l’ancienne station de lavage », un parking sauvage. « C’est invivable, s’insurge une dame, on ne peut plus passer sur les trottoirs en poussette et on a peur de se faire happer ».
Des croissants aux amendes
« Même la police, qu’elle soit nationale ou municipale, stationne en double file pour aller acheter des croissants à la boulangerie en face de chez moi », dénonce un monsieur qui habite au 113 de l’avenue Jules-Guesde. « S’il s’agit de la police municipale, croyez-moi, ils vont se faire remonter les bretelles ! » intervient le maire, Michèle Picard. Qui rappelle que les policiers vénissians ont tout de même dressé 759 PV sur le quartier en un an. Cela semble éveiller de mauvais souvenirs chez quelques personnes dans l’assistance, qui préfèreraient sans doute que les pandores consomment plus de viennoiseries et distribuent moins de prunes… Claude Bourguignon, l’un des délégués de quartier, constate que « des gens restent toute la journée sur des emplacements prévus pour un stationnement de courte durée, devant les commerces ». L’explication de la double-file de la boulangerie ?
Des garages inoccupés
A Vénissieux, le conflit millénaire entre nomades et sédentaires se rejouerait-il chaque jour ? Pas si simple : en regagnant ses pénates, le nomade à moteur aspire à sédentariser sa monture diesel près de son foyer. Le plus près possible. Et gratos. Du coup, « tous les parkings résidentiels ne sont pas utilisés car de nombreux occupants des logements refusent de payer un garage dans leur résidence, relève Sandrine Perrier, adjointe au Déplacement urbain et à la Voirie, élue EELV. Ils encombrent donc la voie publique. » Un constat partagé par un habitant du 63, rue Joannès-Vallet : « Je paye 40 euros par mois pour garer ma voiture au sous-sol de mon immeuble. Mais sur 65 emplacements, 30 seulement sont utilisés. Il faudrait que ça soit moins cher ». Pour plusieurs intervenants, les problèmes de stationnement viennent du trop grand nombre de logements. Une explication reprise par l’élu d’opposition Christophe Girard (voir plus loin).
Un équilibre à trouver
Pierre-Alain Millet, adjoint en charge du logement et du développement durable, estime qu’un changement d’habitudes s’impose. « Il y a dix ou quinze ans, on garait sa voiture devant chez soi, sur d’immenses parkings, rappelle l’élu. Depuis, il y a une densification, une dynamique positive de la ville. D’ailleurs, nombre de personnes présentes ce soir sont des Vénissians récents, attirés par des logements neufs aux loyers accessibles, dans un quartier desservi par le métro et le tram ! Mais il n’est pas possible de garer les trois voitures de la famille devant chez soi. Il faut accepter de se garer 200 m plus loin, d’utiliser les transports en commun… On va trouver un équilibre, mais ça prend un peu de temps. » À ceux qui réclament une plus grande sévérité contre le stationnement anarchique (du voisin…), Michèle Picard signale que la question pourrait se régler facilement : « de nombreuses communes rendent le stationnement payant ou instituent une zone bleue, y compris le samedi, et alignent les PV. Ce n’est le choix qu’a fait Vénissieux mais il faut que chacun y mette du sien ».
Enfin, Pierre Matéo annonce que le conseil de quartier organisera bientôt une visite de quartier pour poser un diagnostic rue par rue, résidence par résidence.
Lors de la réunion, Christophe Girard, chef de file de l’opposition de droite au conseil municipal, est intervenu pour dire que « les problèmes de stationnement résultent du bétonnage intensif de la Ville, qui se dirige vers l’objectif mortifère annoncé par le Grand Lyon d’atteindre 85 000 habitants d’ici moins de quinze ans ». Une affirmation vivement contestée par les élus de la majorité présents. M. Girard fait allusion à une délibération du conseil métropolitain de mai dernier concernant le Projet de renouvellement urbain. Le texte évoque des « scénarios habitat possibles » (et non des objectifs) selon lesquels Vénissieux pourrait compter « entre 75 000 et 85 000 habitants » à l’horizon 2030. M. Girard retient donc la seule hypothèse haute. Le 30 mai, tout en appelant « à être d’une vigilance extrême pour ne pas sombrer à nouveau dans le bétonnage inhumain », il avait voté en faveur de cette délibération. Troisième commune du Rhône, Vénissieux compte aujourd’hui 62 000 habitants. Et 3 000 demandes de logements non satisfaites. « De 1995 à 2005, Vénissieux était passée de 75 000 à 55 000 habitants, a rappelé Michèle Picard lors de la réunion. Depuis, la dynamique s’est inversée, la commune redevient attractive. Une ville qui se repeuple, c’est quand même meilleur signe que l’inverse. »
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