Plus de vingt marques – L’accessibilité pointée du doigt – L’interview
“Une exposition assez phénoménale”
Si l’on s’en tient uniquement à la partie vénissiane, et seulement aux succursales et concessionnaires, le Pôle automobile génère à lui seul environ 500 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Il représente aussi plus de 700 emplois directs, auxquels il faut ajouter tous ceux — difficilement comptabilisables — des entreprises de services qui vivent de la présence des concessions (lavage de voitures, vente d’équipements automobiles, hôtellerie, restauration…) Sans oublier les sous-traitants.
Mais pourquoi un tel engouement ? “Cette visibilité, cette audience que nous offre le périphérique, d’un point de vue marketing et commercial, a été déterminante dans le choix de l’emplacement, explique Georges Ferreira, responsable communication du groupe Vulcain (Volvo, Mazda, Honda, Kia). D’autre part, lorsque nous nous sommes installés en 2004, le Pôle auto était déjà là avec Citroën, Opel, BMW… Et il y avait déjà des projets d’implantations de nouvelles entités commerciales comme Ikea et Leroy Merlin (sur le site du Puisoz, situé non loin de l’hypermarché Carrefour). Au final, on a de petites marques avec de petites parts de marché, comme Honda ou Mazda, qui se retrouvent avec une exposition assez phénoménale le long du périphérique.” D’autant que l’objectif, selon Georges Ferreira, est aussi d’associer une marque à un lieu. “Si quelqu’un qui passe devant chez nous tous les jours entend parler de Volvo, il a déjà mémorisé le fait qu’on se trouve ici”.
Du côté du promoteur em2c, qui a déjà supervisé la construction de près de 30 000 m2 de bâtiments dans le Pôle automobile depuis les années quatre-vingt-dix, le constat est identique. “Les constructeurs sont très attachés à cette visibilité. La présence du tram, la disposition des concessions les unes à côté des autres, la proximité de Babou, de Carrefour et du Puisoz, alliées à la fréquentation du périphérique sont des éléments d’attractivité certains, observe son directeur commercial, Renaud Millon. Lequel met aussi en avant “le lien industriel fort qui unit Vénissieux et les usines Renault Trucks”. Les concessionnaires jouent donc à fond la carte de la visibilité, avec des bâtiments vitrés et lumineux, dont certains comportent plusieurs étages. “Les constructeurs veulent sortir des clichés avec de grandes façades vitrées, qui mettent en valeur leurs modèles. Ces bâtiments sont plus chers que des bâtiments industriels classiques, mais ils créent une empreinte forte.”
Une vitrine pour la ville
Si les constructeurs apprécient le lieu, la municipalité ne cache pas non plus sa satisfaction de voir s’installer régulièrement de nouvelles entreprises. “Il y a une volonté politique de contribuer au développement de ce site, qui existe depuis longtemps. C’est une vitrine pour la commune, car il conforte une image économique positive, fait valoir Djil Ben Mabrouk, adjoint vénissian à l’emploi et au développement économique et commercial. Nous souhaitons donc renforcer les liens avec ces entreprises. Dans chaque concession, vous avez une vingtaine de métiers : carrosserie, mécanique, mais aussi accueil, service commercial, nettoyage… Le groupe Vulcain a d’ailleurs signé notre charte de coopération Ville-entreprises, et nous souhaitons à terme que toutes les entreprises du pôle en fassent autant.” Et de rappeler que, l’an dernier, un cursus de formation de vendeurs automobiles a été mis en place par un organisme de formation vénissian, le centre régional des techniques avancées (CERTA), en collaboration avec le groupe Vulcain. Il avait alors rassemblé une douzaine de participants.
L’intérêt des élus pour le Pôle automobile ne date pas d’hier. “Nous avons vraiment commencé à nous intéresser au Pôle automobile à partir de 1997, se souvient Henri Thivillier, qui occupait alors la fonction d’adjoint à l’urbanisme et au développement économique dans l’équipe municipale d’André Gerin. Il y avait déjà une tradition de la vente automobile depuis la fin des années soixante. Renault Lyon Sud était déjà présent, tout comme Citroën et Mercedes. Nous avons favorisé l’installation de Peugeot Occasions, à l’angle du boulevard Laurent-Bonnevay et de l’avenue Joliot-Curie. Cela permettait d’occuper des sites qui se désindustrialisaient, et il y avait un côté vitrine pour la ville et l’agglomération. Après les étés chauds dans les Minguettes (N.D.L.R. : 1980 et 1981), nous voulions montrer une ville plus forte et plus ouverte.”
Le Pôle automobile regroupe à ce jour près d’une vingtaine de marques à Vénissieux. Courant 2018, une nouvelle concession qui souhaite rester pour l’heure discrète, implantée sur deux niveaux, devrait y voir le jour. Mais malgré tout, selon Djil Ben Mabrouk, il reste encore de la place… À suivre !
Plus d’une vingtaine de marques
En tout, une douzaine de concessions sont présentes sur
la partie vénissiane du Pôle Auto. Elles commercialisent à elles seules
plus d’une vingtaine de marques de voitures, tout en assurant
d’autres prestations comme l’entretien ou le nettoyage.
Atlantic Automobiles : Opel, Chevrolet
Automotion Lyon Sud : Mitsubishi, Subaru, Land Rover
Slica Etats-Unis : Peugeot
Citroën : Citroën – Ds
Émeraudes Avenue (6e Avenue) : BMW, Mini
Fca Motor Village France : Fiat, Alfa Roméo, Lancia, Jeep
Félix Faure Automobiles : Volvo
Fmc Bymycar Lyon (By My Car) : Ford
Sivam : Toyota
Nissauto concessionnaire : Nissan
Renault Retail Group Lyon Sud : Renault
Lyon Élite Motors : Kia, Honda, Mazda
L’accessibilité pointée du doigt
Si l’attractivité et le dynamisme du site sont avérées, reste toutefois un problème d’accessibilité, pointé par plusieurs acteurs du Pôle. “Lorsque nos clients utilisent leurs GPS, ils se retrouvent directement devant notre porte. Mais quand ce n’est pas le cas, ils se demandent souvent à quel endroit sortir du périphérique, expose l’un d’eux. Nous leur indiquons donc systématiquement sur les brochures quelle sortie prendre en fonction de l’endroit d’où ils arrivent.”
Henri Thivillier, ancien adjoint à l’urbanisme et au développement économique, abonde dans leur sens. “Mon grand regret, c’est que le Grand Lyon n’ait pas soutenu la Ville dans le paysagement urbain. Indépendamment de son rôle économique, le Pôle automobile mériterait un grand travail d’accompagnement pour le rendre plus accessible, pour l’intégrer mieux dans son environnement. Et l’on ne peut pas imaginer tout cela indépendamment des futures installations du Puisoz.”
Djil Ben Mabrouk va plus loin, en soulignant la fréquence des bouchons dans le secteur. “Lorsque je rencontre les concessions automobiles, on me pose souvent la question de la saturation possible du périphérique. Les entreprises sont plutôt inquiètes sur le sujet, d’autant que cette saturation, elle existe déjà, comme chacun peut le constater… […] Le maire suit le dossier, en sachant qu’il faut aussi tenir compte des différents contournements prévus.”
Djil Ben Mabrouk : “Ce Pôle automobile est une fierté”
L’adjoint vénissian à l’emploi et au développement économique et commercial,
veut renforcer les liens entre la Ville et les entreprises du Pôle automobile,
tout en travaillant à développer son attractivité.
Quels liens entretient la Ville avec les entreprises du Pôle automobile ?
Ce Pôle automobile est une fierté pour Vénissieux. On y trouve un véritable potentiel d’emplois de toutes natures. Peugeot et BMW, par exemple, m’ont confirmé avoir des besoins récurrents. J’ai donc demandé à rencontrer les représentants des concessionnaires. Nous souhaitons qu’ils signent tous la charte de coopération Ville-entreprises que nous avons mise en place en juin dernier, et qui a déjà été signée par 25 entreprises de Vénissieux, dont le groupe Vulcain (Volvo, Kia, Mazda et Honda). Même si la Ville n’est pas Pôle emploi, elle peut transmettre, dans le cadre de la charte, les demandes des employeurs aux acteurs concernés. En collaboration avec Pôle emploi, nous organisons aussi des visites d’entreprises et des sessions de découverte des métiers.
De quels leviers disposez-vous pour développer l’attractivité du site ?
Il y a une volonté politique d’aider au développement des entreprises, d’autant que le dynamisme commercial est là. Il conforte une image économique positive de la commune. Sur ce dossier, nous travaillons en relation avec la Métropole. Parfois, de grosses enseignes s’adressent à elle en lui donnant des sites potentiels. Nous intervenons alors pour “vendre” nos dossiers. Mais nous sommes également attentifs à la saturation du périphérique. Nous avons par exemple commandé à l’agence d’urbanisme une étude sur les accès au Pôle automobile. N’oublions pas que nous avons dans ce secteur un pôle restauration et deux hôtels, que nous devons aussi conforter…
Existe-t-il encore des terrains disponibles dans cette zone ?
Le site n’a pas encore atteint sa taille critique. Il reste donc encore de la place. Mais nous cherchons aussi à optimiser l’utilisation des terrains. Par exemple, Darty se trouve à côté de Babou, au milieu d’une zone où il y a beaucoup de concessions automobiles. Ce n’est pas forcément le meilleur emplacement. Nous travaillons donc à un déplacement de Darty sur le site du Puisoz, ce qui libérerait de la place pour accueillir d’autres concessions lorsque le Puisoz ouvrira. C’est une manière de contribuer à l’attractivité du site, en renforçant son identité.
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