Au pied des grandes tours de la Darnaise, “Les Renouées” ont pris leur temps pour sortir de terre. Ces 37 maisons de ville illustrent l’évolution du logement social. Elles viennent également parachever la mutation du quartier, engagée au début des années 2000.
Là où il n’y avait autrefois qu’un terrain mal entretenu, derrière les tours 38 et 40, se dressent aujourd’hui 37 maisons de ville mignonnettes. Façades ocre et crème, toits pentus recouverts de tuiles en terre cuite, garages individuels, petites terrasses, jardins pour les plus grandes. Les tours de La Darnaise sont juste là, toutes proches, avec leur silhouette écrasante. Le contraste est frappant. Il montre l’évolution du logement social, dans ce quartier emblématique des changements intervenus aux Minguettes ces dix dernières années.
Depuis l’incendie de l’ancien centre commercial, en juin 1999, la Darnaise a en effet connu une série d’opérations significatives : reconstruction des commerces, ouverture d’une maison de quartier et d’une agence de l’Opac du Grand Lyon, démolition des tours 67, 42 et 44, construction des Trois passerelles (les premiers nouveaux logements sur le plateau depuis les années soixante-dix), réhabilitation lourde de huit immeubles, développement d’un programme de capteurs solaires innovant, arrivée du tramway, réinstallation de Bioforce dans un tout nouveau bâtiment, implantation du pôle hospitalier Les Portes du Sud… et maintenant la livraison des “Renouées”. Un nom emprunté à des fleurs communes du bassin méditerranéen, censé évoquer un lien entre les pavillons voisins de la Résidence des Fleurs et le reste du quartier. “Avec ce programme, on touche quasiment au bout du renouvellement de La Darnaise”, explique Patrick Rousseau, directeur du patrimoine et de l’aménagement urbain à Grand Lyon Habitat (ex-OPAC du Grand Lyon). La peinture est encore fraîche. Les premiers habitants devraient poser leurs valises début mai. Certains viendront d’à-côté. “On a reçu beaucoup de demandes de personnes habitant autour du boulevard Lénine”, précise Sarah Berthollet, la chargée d’opération. D’autres arriveront de Mermoz et de La Duchère, dans le cadre du relogement lié aux programmes de renouvellement urbain de l’agglomération. Les 37 logements sont d’ailleurs classés “Plus CD” dans la nomenclature du logement social, ce qui signifie “Construction Démolition”. “En matière de qualité et de coût, on peut dire que c’est la gamme classique du logement social”, ajoute Patrick Rousseau.
En termes de loyer, habiter aux “Renouées” coûtera un peu plus cher que dans les tours environnantes. La fourchette va de 256 euros pour le T2 (55 m2) le plus accessible, à 579 euros pour le T5 (107 m2) le plus onéreux. Concernant les charges, en revanche, la note devrait être moins lourde du fait de l’absence d’ascenseurs et de parties communes. Comme sur les tours, Grand Lyon Habitat a fait installer des panneaux solaires, 1,5 m2 par maison. Ils devraient produire 35 à 40 % des besoins en eau chaude sanitaire. Pour le reste, rien de révolutionnaire dans ces logements. Hormis des briques monomurs en terre cuite pour une meilleure isolation, on est loin des dernières exigences de la construction HQE (Haute Qualité Environnementale). Il faut dire que ce programme est déjà ancien dans sa conception. Le concours d’architecture a été lancé en 2003 ! “On a eu des problèmes de permis de construire, plaide Patrick Rousseau. La zone était même devenue inconstructible un moment à cause de la réglementation Seveso. Si tout s’était bien passé, on aurait dû livrer au plus tard en 2007. On a au moins trois ans de retard.” Outre les 37 logements, il y a également 21 garages, situés au pied de la tour 38, qui seront prochainement proposés à la location pour répondre à une demande, assez forte dans le quartier, de stationnement sécurisé. Le coût global s’élève à 6 millions d’euros. L’opération s’inscrivant dans le cadre de la Politique de la ville, Grand Lyon Habitat a reçu des aides de l’État, de la Région, du Grand Lyon et de la Ville de Vénissieux.
“Tout ce qui était prévu sur ce quartier a pratiquement été réalisé, se félicite Patrick Rousseau. Mais nous souhaitons ne pas relâcher notre effort. Les espaces extérieurs au pied des immeubles vont être repris en 2 011. Par ailleurs, nous venons de lancer un diagnostic pour la réhabilitation des tours 36, 38 et 40 dont la rénovation commence à dater par rapport aux autres immeubles du quartier. À plus long terme, on pourra envisager de construire une nouvelle tranche de logements là où se dressaient les tours 42 et 44. Mais on n’en est pas encore là.”
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