De Geneviève Böhmer, sculptrice qui vient de disparaître le 27 juillet à l’âge de 88 ans, on connait surtout à Vénissieux sa « Vénissieuse » qui embellit la place de la Paix. Commandée par Madeleine Lambert, qui dirigeait alors le service municipal des arts plastiques de la commune, cette statue d’une belle Ève souriante qui tient dans la main un masque lugubre se voulait un hommage aux femmes. Pour cela, l’artiste avait pris soin de faire graver par plusieurs Vénissianes leurs prénoms au dos de son œuvre.
Originaire de la région de Belfort, Geneviève Böhmer avait suivi, à la fin de la Seconde guerre mondiale, des cours à l’école des Beaux-Arts de Lyon. Le critique d’art Alain Vollerin, qui dans son blog lui rend hommage, précise : « Elle fit bosse en avril 1946, puis modèle vivant en juin 1947, puis sculpture en octobre 1949, et elle fut diplômée en juin 1951. Élève de Bertola, elle obtint le prix Chenavard en 1951. Geneviève Böhmer était un être discret qui avait reçu une véritable éducation. Pourtant, elle fut dans son œuvre comme dans sa vie dans une permanente transgression. »
Dans l’agglomération, outre « La Vénissieuse », on peut admirer de Geneviève Böhmer « Le buisson-ardent », jolie fontaine installée face à la Bourse du travail, dans le 3e arrondissement de Lyon, dont Stani Chaine, autre critique d’art lyonnais, précise que les seins de la sculpture ont eu pour modèle la plasticienne Orlan. Citons encore un génie ailé qui s’échappe de la Caisse d’épargne de Rillieux et cet hommage à la boule lyonnaise et au fessier si réputé de la fameuse Fanny qu’elle a installé au Clos Jouve, à la Croix-Rousse, et justement intitulé « Fanny ».
Car il y avait toujours de la facétie, chez Geneviève Böhmer. Ces dernières années, elle était revenue quelques fois à à Vénissieux, lors d’un hommage à son amie Madeleine Lambert à la Maison des associations Boris-Vian ou lors d’une balade artistique organisée à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine. Ce jour-là, nous étions le 15 septembre 2012, Geneviève applaudissait l’initiative de la plasticienne Anne Mangeot qui, avec le concours des jardiniers de la Ville, avait « rhabillé végétalement » trois sculptures de la commune, dont « La Vénissieuse ». « Je regrette de n’y avoir pas pensé moi-même » lâchait-elle humblement, le sourire aux lèvres. C’est l’image qu’elle laissera d’elle aux Vénissians : une charmante vieille dame sans problème d’ego mais aussi une artiste au talent sûr dont l’œuvre continuera d’accompagner le quotidien.
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